WHERE I GAZE

WHERE I GAZE

Vue d’exposition Where I Gaze, Galerie Mathilde Le Coz, Paris – Photo Romain Darnaud. Oeuvres de Johan Larnouhet.

EN DIRECT / Exposition WHERE I GAZE à voir jusqu’au 16 octobre à Paris. Une exposition collective d’artistes émergents issus de la scène européenne et américaine organisée par la galerie Mathilde Le Coz en partenariat avec Dans les yeux d’Elsa.

avec Nino Kapanadze, Johan Larnouhet, Aubrey Levinthal, Tatiana Pozzo Di Borgo et Norma Trif.

Que ce soit la représentation d’objets du quotidien (une tasse, des oeufs, une page de livre), d’espaces familiers (un intérieur, un lieu visité), ou le portrait de proches, Nino Kapanadze, Johan Larnouhet, Aubrey Levinthal, Tatiana Pozzo Di Borgo et Norma Trif travaillent sur leur environnement immédiat et les éléments sensibles qui le composent. La galerie Mathilde Le Coz & Dans les yeux d’Elsa réunissent pour la première fois les peintures de ces cinq artistes – deux Français, une Américaine, une Roumaine et une Géorgienne – qui choisissent de peindre ce monde fréquenté, connu et accessible et qui donnent à voir leur répertoire d’images.

Where I Gaze est une exposition où la proximité psychologique ou physique d’un élément détermine sa valeur picturale. Que ce soit les serres de Norma Trif, les oeufs de Tatiana Pozzo Di Borgo ou les tasses de Johan Larnouhet, la sérialité et la répétition du même motif permettent de laisser libre champ à une méthodique exploration formelle. L’apparente banalité du sujet comme sa récidive exacerbent l’attention portée sur son exécution. Déclinée en une infinité de variations, comme des gammes ou des exercices de style, la peinture devient alors son sujet propre.

Mais pas seulement. Cette concentration sur l’objet du quotidien s’étend à l’espace familier et intérieur et permet une exploration psychologique du motif. Quand Tatiana Pozzo Di Borgo peint ce qu’elle trouve dans son atelier (œufs, tabliers, miroirs), Norma Trif le représente vidé de toute présence, dépouillé de tout ce qui pourrait distraire de sa puissance évocatrice en tant que lieu de création. Le face-à-face avec l’objet unique ou le lieu autorise l’artiste à un face-à-face avec lui-même, à une introspection. Aubrey Levinthal va même jusqu’à se peindre régulièrement dans ses intérieurs – brouillé, dissimulé, son autoportrait n’est qu’une évocation subtile, le résidu d’une présence, mais témoigne de la qualité autobiographique de sa peinture.

Ce répertoire d’images personnelles est ainsi un registre d’expériences dont les objets, lieux et modèles portent la mémoire. Lorsque Johan Larnouhet ou Norma Trif représentent leurs amis ce n’est pas seulement parce qu’ils peuvent aisément les convoquer dans leur atelier mais parce qu’ils sont porteurs de ce qui les lie et de ce qu’ils ont vécu ensemble. Et ces expériences permettent elles aussi d’interroger la peinture de manière plus libre : les hameçons dépeints par Nino Kapanadze dans Commonplace (2022), tout comme le titre du tableau, sont autant d’indices permettant de situer la composition, qui sinon verserait vers l’abstraction.

Pour ces cinq artistes, poser son regard sur ces espaces familiers, ces objets du quotidien, peindre ses proches, c’est se servir de ces motifs de proximité, directement accessibles, parfois presque volontairement banalisés comme prétextes à la recherche picturale, stylistique et formelle. Mais, au-delà de l’exercice, c’est étudier son répertoire d’images, en percer les mystères et se donner à voir.

Vue d'exposition Where I Gaze, Galerie Mathilde Le Coz, Paris – Photo Romain Darnaud
Vue d’exposition Where I Gaze, Galerie Mathilde Le Coz, Paris – Photo Romain Darnaud. Oeuvres de Norma Trif et Nino Kapanadze.
Vue d'exposition Where I Gaze, Galerie Mathilde Le Coz, Paris – Photo Romain Darnaud
Vue d’exposition Where I Gaze, Galerie Mathilde Le Coz, Paris – Photo Romain Darnaud. Oeuvres de Johan Larnouhet et Norma Trif.
Vue d'exposition Where I Gaze, Galerie Mathilde Le Coz, Paris – Photo Romain Darnaud
Vue d’exposition Where I Gaze, Galerie Mathilde Le Coz, Paris – Photo Romain Darnaud. Oeuvres de Norma Trif et Tatiana Pozzo Di Borgo.