HAO SHUO

HAO SHUO

Hao Shuo, Escargot, peinture à l’huile sur bois, 60cm x 90cm, 2020

PORTRAIT D’ARTISTE / Hao Shuo, une image peut en cacher une autre
Par Henri Guette

Une image peut en cacher une autre. Le travail d’Hao Shuo joue des ombres et des reflets, des superpositions et des surfaces. Ses motifs vont par paire, se dédoublent et parfois même s’opposent. L’endroit appelle l’envers. Les toiles se constituent sur le modèle d’associations libres sans forcer le trait ; les couleurs seules suggèrent et donnent par exemple à voir avec La pine et les fentes, une chimère au titre évocateur. Rassembler par le truchement d’un tableau un rongeur et un pachyderme, quoi de plus surréaliste ? En parlant de dessein plutôt que de dessin l’artiste assume des intentions qui pourraient être cachées. L’inconscient s’exprime, toujours plus mystérieux, dans la répétition de certaines figures animales, dans certaines mains toujours prêtes à saisir mais toujours vides… On pense à quelques tours de magie. Les lapins se multiplient, blanc ou noir, laissant parfois des trous, comme des passages mais certainement pas des raccourcis.

La peinture d’Hao Shuo a la qualité de ses pastels, vaporeuse comme un rêve. Les formes, tout en étant parfaitement modelées par la lumière, y semblent flottantes, les contours flous. Un escargot vu de face, semble prêt à s’envoler comme si l’artiste était parvenu à restituer l’élan des choses lentes, la rapidité des mouvements infimes. La série Hâte toi lentement retient quelque chose d’un tremblement, celui entre deux états, deux images même contradictoires. C’est un art de la métamorphose dans lequel une tortue peut bien porter des montagnes sur son dos. On pourrait trouver de nombreux symboles si l’on commençait à détailler les figures et notamment animales que l’artiste convoque mais cela ne dit rien de plus. Là où la série des Cygnes d’Hilma af Klint par un jeu d’opposition pouvait donner une impression d’harmonie, les images d’Hao Shuo provoquent un trouble. 

On chercherait en vain une narration, un sens dans le déploiement de silhouettes aussi familières que distantes. On ressent dans la juxtaposition de différents plans, l’inquiétante étrangeté théorisée par Freud. Dans la série des Alibis, les lunes sans nuit et les nuits sans étoiles cultivent l’art du paradoxe. La superposition des plans fait douter de la surface et par le jeu des plis, des voiles provoquent les fantômes. Le grain du pastel, de cette utilisation si particulière, presque ronde de la peinture est éminemment sensuelle. Il donne une touche au regard. La tension du visible et de l’invisible est palpable mais c’est dans l’intersection que choisit de se placer Hao Shuo. Si les choses apparaissent double, ce n’est que pour induire un jeu, un entrebâillement.

Henri Guette

Hao Shuo, LA PINE ET LES FENTES peinture à l'huile sur bois, 40cm x 120cm, 2020
Hao Shuo, La Pine et Les Fentes, peinture à l’huile sur bois, 40cm x 120cm, 2020
Hao Shuo - Vue d'atelier
Hao Shuo – Vue d’atelier
Hao Shuo - Vue d'atelier
Hao Shuo – Vue d’atelier
Hao Shuo - Vue d'atelier
Hao Shuo – Vue d’atelier

HAO SHUO – BIOGRAPHIE
Née en 1992, Chine
Vit et travaille à Strasbourg
Fondatrice d’édition hors service