LUCIE LINDER

LUCIE LINDER

 Lucie Linder, « Dentelle skin ». Photographie mat, 2018. Format : 18 x 25 cm – Collaboration avec Vincent Ducard

PORTRAIT D’ARTISTE / Lucie Linder

Lucie Linder : La peau au contact de la nature

par Pauline Lisowski

Nos relations à la nature ne sont ni totalement bienveillantes, ni complètement néfastes, cette réflexion se reflète dans la démarche artistique de Lucie Linder. Pratiquant la photographie, la gravure, l’installation, la sculpture et la vidéo, elle dévoile un monde entre le réel et l’onirisme, teinté d’échos à des récits, des mythes et des contes d’époques lointaines. Les dualités enchantement/désenchantement et désir/crainte se découvrent dans ses œuvres. Elles incarnent la disparition dans la diversité présente dans la nature.

L’artiste s’attache à mettre en œuvre un savoir-faire technique pour créer ses pièces convoquant la lenteur d’un geste minutieux. Son processus sculptural est propice à la concentration, à la méditation et à des songes. Le motif qu’elle répète renvoie à un mouvement infini et fait référence à la formation des coraux. Ses sculptures en porcelaine froide évoquent des mues d’animaux telles des dentelles à porter sur soi pour devenir un nouvel être hybride. Certaines sont faites pour être ensuite portées ou mises en scène au contact de la nature. Elles convoquent les rôles que nous jouons ; notre faiblesse est sublimée. Ces œuvres semblent coller à la peau et se figer ensuite en prenant l’empreinte d’une partie du corps. La lumière les traverse et selon les contextes, ces travaux invitent à une toute autre lecture. Des objets deviennent également sacrés, pouvant être utilisés pour des rituels. Lucie Linder compose ainsi des reliques, des curiosités qui nous inspirent à une attention aux possibles histoires qu’elles contiennent.

Son attention à la forêt, lieu de mystères, qu’on retrouve souvent dans ses photographies, l’amène à explorer la thématique du vivant entre mort et renaissance. Ses photographies convoquent la vulnérabilité et la sensibilité humaine. Elles incarnent une forme d’introspection de l’individu, les frontières entre le monde de l’enfance et celui de l’adulte.

Dans ses œuvres naissent des liens entre différents éléments, notamment entre la réalité d’une société et un monde plus instinctif. L’artiste nous ouvre les portes d’espaces intermédiaires et de paysages fantasmés dans ses vidéos. Celles-ci nous font prendre conscience de la peur que nous pouvons avoir dans les environnements naturels d’une grande puissance. Des corps souvent choisis pour leur singularité se confrontent à des milieux marqués par une force et une immensité. De fait, des femmes créatures apparaissent et suggèrent différentes facettes qui nous constituent. Ces films, teintés d’un certain érotisme, expriment également l’ambiguïté entre le jeu et le danger, un potentiel risque et un possible accident. L’atmosphère de trouble qui y règne nous incite à songer à notre instabilité identitaire, à une perte de lien avec la nature et à une errance. Ainsi, ses œuvres proposent des histoires aux multiples espaces et temporalités. 

Récemment, des réminiscences d’images apparaissent avec sa pratique du cyanotype. Elle associe son propre imaginaire à une imagerie collective. À partir de photographies personnelles et d’autres issues d’archives, elle fait surgir des images dans lesquelles le sujet est parfois quasi effacé et donne naissance à un rêve. Les situations invitent à un retour aux sources, rendent compte de l’instinct féminin et de la part sauvage de l’Homme. En grattant l’image et en prêtant attention à sa matérialité, elle fait émerger des traces, des reflets, des détails en confrontation avec une impression de flottement. L’œuvre continue alors de vivre dans le temps. 

Pour ouvrir d’autres images et mondes possibles, Lucie Linder fait appel à des artistes de différentes disciplines, notamment des musiciens et des danseurs. Ses œuvres appellent alors d’autres sens et proposent un moment d’abandon. 

Pauline Lisowski

Lucie Linder, « Bélier » Porcelaine froide, 2014 Format : 36x33x32.5 cm
Lucie Linder, « Bélier » Porcelaine froide, 2014 Format : 36x33x32.5 cm
Lucie Linder, « Mujô » Photographie mat sur dibond, 2018 Format : 66 x 99 cm
Lucie Linder, « Mujô » Photographie mat sur dibond, 2018 Format : 66 x 99 cm
Collaboration avec Vincent Ducard
Lucie Linder, « Justine » Cyanotype sur papier gravure Fabriano 250g, 2020 Format : 70 x 100 cm
Lucie Linder, « Justine » Cyanotype sur papier gravure Fabriano 250g, 2020 Format : 70 x 100 cm
Lucie Linder, « Tôt ou tard » Grillage, plâtre, tortue, 2020
Lucie Linder, « Tôt ou tard » Grillage, plâtre, tortue, 2020
Lucie Linder, « Capucine » Cyanotype sur papier gravure Fabriano 250g, 2020 Format : 70 x 100 cm
Lucie Linder, « Capucine » Cyanotype sur papier gravure Fabriano 250g, 2020 Format : 70 x 100 cm

LUCIE LINDER – BIOGRAPHIE
Lucie Linder est née le 25 mai 1988.
Vit et travaille à Paris.

http://lucielinder.com