MANON CRISON-CARLE

MANON CRISON-CARLE

Manon Crison-Carle, Simulacre, 2021. Bois brulé, métal, 7218 × 4260 × 4260 cm

CHRONIQUE D’ATELIER / SIMULACRE
PAR MANON CRISON-CARLE

DANS LE CADRE DU COURS « DÉPLACEMENT » DE JEAN-PIERRE CASTEX ET PATRICK MELLET, ANNÉE 2020-2021, ISDAT TOULOUSE

Cette architecture avec ces différentes strates temporelles a attiré ma curiosité. Après avoir mené des recherches, cette façade m’a raconté son histoire. Avec l’aide de la documentaliste du Musée des Augustins, Anna de Torrès, celle du service de documentation des archives de la Ville de Toulouse ainsi qu’avec le concours d’une étudiante en archéologie à l’université Jean-Jaurès, j’ai pu étudier cette architecture.
À ce jour, il y a peu de documents faisant état des traces de ces anciens éléments architecturaux. J’ai appris qu’il s’agissait d’une chapelle débordante, c’est-à-dire une chapelle dans une autre chapelle. Effectivement, la chapelle Notre-Dame de Pitié comportait 6 autres chapelles extérieures, toutes construites à des époques différentes. La partie de la façade que j’ai étudiée plus en détail est celle de la chapelle de la Conception de Notre-Dame qui a été édifiée au XIIème siècle puis détruite par un incendie en 1463.

Tout comme pour les autres chapelles, plusieurs traces temporelles sont apparentes :
– une trace de l’art roman avec les culs de lampe,
– une trace de l’art gothique avec l’arc brisé,
– des traces d’anciennes fenêtres construites en 1823 pour l’école des Beaux-Arts,
– une trace d’une ancienne ouverture qui servait sûrement à faire passer les outils pour les fouilles archéologiques.

Selon l’étudiante en archéologie, « le travail d’archéologue est souvent construit par des hypothèses ». Ainsi, la lecture de cette architecture m’a conduite à plusieurs hypothèses parmi lesquelles j’ai retenu la suivante : l’incendie de 1463 a détruit la chapelle de la Conception de Notre-Dame. On a poursuivi la construction des chapelles adjacentes et celle de la Conception de Notre Dame aurait dû être construite après l’incendie. Cela n’a sûrement pas pu se faire par manque de budget.
Par la suite, ces chapelles ont été détruites pour laisser place aux fenêtres de l’école des Beaux-Arts en 1823.
Ainsi, avec toutes les informations récoltées, j’ai projeté le dessin de l’architecture d’autrefois en prolongeant par de simples lignes les ruines et traces du lieu. La structure de la chapelle était alors rematérialisée.
Pour évoquer son contexte de destruction, la chapelle sera construite en bois avant d’être brûlée en surface par un chalumeau.
Reconstruire une chapelle exige des connaissances en architecture, en charpente, en géométrie, en mathématiques et en menuiserie. Grâce à l’aide d’un compagnon du devoir, d’une part, des chefs des ateliers bois et maquette de l’Isdat, d’autre part, et aussi grâce à ma fonction de monitrice à l’atelier bois, j’ai pu acquérir des notions dans ces domaines.
Cela m’a aussi permis d’affiner mon rapport à l’espace. Maintenant lorsque je regarde cette architecture, je ne vois pas seulement les traits présents sur le papier mais également tous ceux des constructions qui l’entourent.

Manon Crison-Carle, Simulacre, 2021
Manon Crison-Carle, Simulacre, 2021
Manon Crison-Carle, Simulacre, 2021
Manon Crison-Carle, Simulacre, 2021