Chris Hood, Thought Forms
Vue exposition Chris Hood, Thought Forms – Praz-Delavallade Paris – Photo Rebecca Fanuele
EN DIRECT / Exposition Chris Hood, Thought Forms jusqu’au 22 avril 2023, Praz-Delavallade Paris.
Il s’agit de la seconde exposition individuelle de l’artiste à la galerie Praz-Delavallade.
Les œuvres les plus récentes de Chris Hood s’emparent de l’iconographie à la fois familière et banale de la pop culture. Des images surréalistes et fragmentés de montres qui fondent et de bougies allumées se mêlent à des mains et visages à la fois cartoonesques et désincarnés. Ces éléments ludiques dérivent sans but dans un champ de couleurs vives et changeantes, et se répètent souvent dans la composition à la manière d’un écho qui se perd au loin. Ils ont pour arrière-plan dynamique la peinture qui dégorge depuis l’arrière de la toile. Une approche particulière qui se trouve au cœur de la pratique de l’artiste et dans laquelle la toile fonctionne comme un voile, une fine cloison entre le conscient et subconscient, le banal et le remarquable, l’immédiateté et la profondeur.
Le titre Thought Forms fait allusion à un livre remarqué du même nom paru en 1905, dans lequel la théosophe Annie Besant décrit la manifestation visuelle de la pensée elle-même ainsi : « Chaque pensée bien définie produit un effet double : une vibration rayonnante et une forme susceptible de flotter dans l’air. » Ces deux éléments se retrouvent dans le travail de Chris Hood des deux côtés de la toile, mais l’artiste se préoccupe moins de l’aspect métaphysique que des propriétés physiques de la peinture elle-même.
En appliquant de la peinture à base de résine depuis l’arrière de la toile, Chris Hood obtient des résultats semblables aux tableaux du 20ème siècle réalisés avec la technique du « soak-stain » ; ses compositions comportent des couches de pigment extrêmement fines qui saturent la trame de la toile. Contrairement à d’autres peintres utilisant une méthode similaire, grâce aux propriétés résistantes de la résine, les couleurs de Chris Hood ne se mélangent pas mais s’épanouissent plutôt de façon autonome les unes à côté des autres et les unes dans les autres. Son approche consiste en un processus intuitif, à l’aveugle, un cadavre exquis dans lequel chaque coup de pinceau est dissimulé par plusieurs couches (jusqu’à une dizaine) de peinture successives, lesquelles sont par la suite comprimées en un seul plan psychédélique lorsqu’on les observe depuis l’autre côté. Dans les tableaux de Chris Hood, les deux éléments caractéristiques des « formes-pensées » – soit les vibrations rayonnantes et les formes susceptibles de flotter dans l’air – forment une collision psychique et spatiale qui évoque des sensations contradictoires d’accumulation et de compression, de littéralité et de subjectivité, d’image et d’imaginaire.
L’artiste qui conçoit l’œuvre qu’il va produire la construit de matière empruntée à son corps mental, puis la projette dans l’espace avec lui, la garde devant sa vision mentale et la copie.
— Annie Besant, Les formes-pensées (trad. J. L. S. Leadbeater)
