#2. LONG DISTANCE COMMUNICATION, GALERIE MARINE VEILLEUX [EN DIRECT]
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En direct de l’exposition #2. Long distance communication sur une proposition de Mathieu Arbez Hermoso & Yellow Bird du 30 janvier au 06 mars 2016, Galerie Marine Veilleux 47 rue de Montmorency 75003 Paris.
Artistes : Lena Amuat née en 1977 à Zürich et Zoë Meyer née en 1975 à Berlin. Vivent et travaillent à berlin. Duo formé en 2008.
Sylvain Bourget né en 1980 .Vit et travaille à Bordeaux. Membre du collectif La Mobylette.
Julie Fisher diplômée de l’École nationale supérieure de la photographie, Arles (2008-2011)
François Maurin né en 1989. Vit et travaille à Paris.
Daniel Otero Torres né en 1985 à Bogota, Colombie. Vit et travaille à Paris.
Félix Pinquier né en 1983. Vit et travaille à Arcueil.
Josué Z. Rauscher vit et travaille à Marseille et Avignon. Résident à Moly Sabata (fondation Albert Gleizes) en 2013.
Mathieu Arbez Hermoso né 1984 à Bordeaux. Vit et travaille à Dijon et Paris.
Pour la deuxième fois la galeriste Marine Veilleux propose à un de ses artistes une expérience curatoriale. Une situation qui impose à l’artiste-curateur de développer un propos qui, tout en étant centré sur sa propre pratique, soit en lien avec le travail de ses homologues représentés par la galerie. Après un premier opus sous l’égide de Anne-Charlotte Yver intitulé 1#. Poros (1) c’est au tour de Mathieu Arbez Hermoso de se risquer à l’exercice.
Mathieu Arbez Hermoso donne à cette édition la dimension d’un projet éditorial , »Yellow Bird », qui fait écho à son travail axé le langage et le savoir et qu’il définit comme une opération de traduction. L’emploi du verbe traduire est fréquent dans le domaine des arts pour exprimer un acte de création : traduire un sentiment, une idée, transposer d’une langue à l’autre, changer le support même de communication, interpréter, expliquer, exprimer… Pour Walter Benjamin « La vraie traduction est transparente, elle ne cache pas l’original, elle ne se met pas devant sa lumière, mais c’est le pur langage que simplement, comme renforcé par son propre médium, elle fait d’autant plus pleinement tomber sur l’original« (2). Mathieu Arbez Hermoso nous montre ici comment « traduire » peut devenir aussi un acte créatif et poétique.
Avec Long distance communication Mathieu Arbez Hermoso réussit, malgré la variété des médiums et des pratiques, à exprimer l’acte de création engagé par chaque artiste. Il nous fait entrer dans une tour de Babel où résonnent et sont mis en valeur les propos.
Psy Wheel, de Sylvain Bourget, est une interprétation numérique de six séquences d’entraînements à la telekinésis (pratique consistant à déplacer des objets par la seule force de l’esprit), et construite à partir de vidéos amateurs collectées sur Youtube.
Dans un autre registre plastique, Parcours canin, développe au moyen de dessins minimalistes un répertoire de formes abstraites à la lecture ambivalente.
vue d’exposition #2. Long distance communication galerie Marine Veilleux
Lena Amuat & Zoë Meyer présentent un dyptique extrait de l’inventaire photographique qu’elles conduisent depuis 2009 au sein de réserves muséales ou privées. Les objets collectés, déplacés dans l’acte photographique, sont pris dans une double représentation et semblent s’ouvrir à d’autres lectures.
vue d’exposition #2. Long distance communication galerie Marine Veilleux
Dans un autre rapport à la représentation, Horizon de Daniel Otero Torres, met en perspective les balseros de Cuba migrant aux Etats-Unis dans les années 90 avec le débarquement de Christophe Colomb. Le diptyque met également en évidence un traitement de l’image propre à l’ère numérique – artefacts, filtres, pixel- et déplaçe les questions liées aux histoires coloniales dans le champ des techniques de représentation.
Avec Colle et engrenage, Félix Pinquier évoque les phénomènes de synesthésie. Superposant dessin, collages et impressions sur rhodoïde, il convoque un geste sculptural et musical au sein du pictural.
vue d’exposition #2. Long distance communication galerie Marine Veilleux
Josué Z. Rauscher présente une sculpture aux formes qui rappellent les objets ludo- éducatifs de la méthode d’apprentissage Montessori (3). Une installation composée de pièces laissées comme en suspens, appellant à une infinité de jeux d’esprit, d’assemblage et de manipulation.
vue d’exposition #2. Long distance communication galerie Marine Veilleux
Le projet de François Maurin, Passager 1aa2b7 rappelle les actes performatifs de l’artiste André Cadere (4) qui se déplaçait d’exposition en exposition avec un bâton. Une “stratégie du déplacement” que François Maurin transforme en un acte participatif en proposant à des volontaires de prendre à leur tour cette oeuvre nomade chez eux, de la photographier dans son nouvel environnement et de la garder jusqu’à ce qu’un nouvel hôte désire l’accueillir pour quelque temps.
vue d’exposition #2. Long distance communication, galerie Marine Veilleux
Les photographies de Julie Fischer, expression d’une brèche ouverte dans l’espace, semblent irréelles. Elles trompent l’oeil qui croit y voir un collage ou un montage photographique. La Babel devient vacillante, elle nous entraîne dans un vertige qui est celui de sa chute.
vue d’exposition #2. Long distance communication, galerie Marine Veilleux
From Numea, New Caledonia, l’installation sonore de Mathieu Arbez Hermoso nous fait partager en direct un enregistrement provenant d’une caméra de surveillance située à l’autre bout de la planète. On perçoit des chants d’oiseaux, des passages de voitures, l’éveil d’une journée avec plusieurs heures de décalage.
Pour accompagner le propos de l’exposition, Mathieu Arbez Hermoso y associe deux textes préparatoires qui situent l’acte de traduction comme un problème de création. Exprimer une pensée revient à traduire un désir. Que le résultat soit une invention, une œuvre d’art, que la pensée initiale ait été claire ou extirpée de la confusion ou de la complexité des choses, il y a l’idée de faire apparaître et d’exposer le résultat de cette recherche.
(1) #1. Poros avec Lena Amuat & Zoë Meyer, Mathieu Arbez Hermoso, Sylvain Bourget, Julie Fischer, François Maurin, Daniel Otero Torres, Félix Pinquier, Josué Z. Rauscher, Delphine Renault et Anne-Charlotte Yver, du 16 décembre 2014 au 17 janvier 2015, galerie Marine Veilleux Paris.
(2) Walter Benjamin, “La tâche du traducteur”, in Mythe et violence 1, trad. par Maurice de Gandillac, Dossier des lettres nouvelles, Denoël, Evreux, 1971.
(3) Une pédagogie qui tire son nom de Maria Montessori (1870-1952), première femme médecin en Italie et dont le principe est l’apprentissage autonome de l’enfant par la manipulation d’objets.
(4) André Cadere (1934-1978) « Une barre de bois rond est immuable, toute pièce étant à chaque fois différente l’une de l’autre, l’ensemble du travail étant une constellation. Cette constellation étant strictement limitée. D’un autre côté, mon activité n’a pas de suite, ni d’avenir. Il n’y a pas d’évolution, une barre de bois rond est. » – Lettre à Yvon Lambert, 24 mai 1978
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