Anne-Valérie Gasc – Les Larmes du Prince – Galerie Gourvennec Ogor

En direct de l’exposition Les Larmes du Prince, exposition personnelle d’Anne-Valérie Gasc du 28 avril au 11 juin 2016 Galerie Gourvennec Ogor 7 rue Duverger 13002 Marseille.
Artiste : Anne-Valérie Gasc est née en 1975. Vit et travaille à Marseille et Paris.
A travers une réflexion sur l’architecture et le cycle de vie des bâtiments, Anne-Valérie Gasc étudie les mutations d’une société et de sa pensée. Elle a pu assister dans les années 90 à la destruction des grands ensembles et le début du renouvellement du parc urbain. Aux architectures de béton qui s’accompagnaient d’une pensée sur le modulaire, fait désormais place l’architecture de verre et la transparence. Une utopie en remplaçant une autre.
Un fonctionnement par cycle contenant déjà en germe ce qu’il adviendra de son futur. Ainsi, à peine construit, tout bâtiment se trouve irrémédiablement pris, sinon marqué par l’esthétique de son époque, l’évocation d’une vision en proie à l’obsolescence. Une forme de continuité que l’artiste matérialise en juxtaposant les expressions « Vivre pour bâtir », « construire pour mourir » de Bruno Taut.
Une série basée sur les risques liés à la destruction et qui renvoie, par le nombre de pièces, à la correspondance épistolaire La Chaîne de verre (Gläserne Kette) entretenue pendant un an (1919-1920) par treize architectes allemands sur l’initiative de Bruno Taut, un architecte moderniste qui s’est beaucoup intéressé à l’utilisation du verre (pavillon de verre pour l’exposition du Deutscher Werkbund à Cologne en 1914), mais aussi à la conception d’ensembles d’appartements pour travailleurs (cité de Weißenhof à Stuttgart en 1927).
Les pseudonymes sous lesquels ces treize architectes ont correspondu sont gravés sur chacune des larmes de verre comme pour accentuer ce rapport entre construction et destruction. Chacune des larmes s’accompagne d’ailleurs d’un diptyque comportant les phrases, « Vivre c’est bâtir », « Construire c’est mourir » de Bruno Taut, sérigraphiées sur cyanotype, un procédé d’impression qui reprend cette idée d’échanges secrets entre les architectes.
Son travail envisage de manière expérimentale le développement de nouvelles possibilités architecturales allant jusqu’à en tester les limites par la réalisation de formes au moyen des derniers outils de conception comme les imprimantes 3D.
Elle nous plonge ainsi, à travers son propre processus créatif, dans la modélisation et la concrétisation en direct d’une architecture que la maîtrise informatique définit désormais comme autonome. La mise en volume de compositions en deux dimensions générées sur papier par un logiciel, démontre les limites de cette technologie. Plus le tracé du dessin se complexifie, plus l’imprimante est obligée de composer des « piliers » pour en rendre compte. Piliers de soutènement effondrés, manques dangereux, par la mise en évidence des défaillances de la machine et des limites de sa capacité de calcul, Anne-Valérie Gasc souligne que le développement technologique, bien que nécessaire, affirme un retard par rapport à la pensée et tend inéluctablement vers l’obsolescence.


Pour en savoir plus :
Cette exposition a été réalisée en étroite collaboration avec le CIRVA, centre International de Recherche sur le verre et les arts plastiques.
Elle a bénéficié du soutien du Centre National des Arts Plastiques, CNAP, dans le cadre du soutien à la recherche et à la production artistique.
crash-box.fr : site internet véritable « outil d’accompagnement et de transmission de l’œuvre en cours d’élaboration. L’accès au site permet d’assister, en direct, aux films réalisés en caméras ultra-rapides des démolitions par foudroyage intégral et de recevoir les alertes successives aux événements liés à l’atelier de l’Euroméditerranée Crash Box. »