VIRGINIA MORI

VIRGINIA MORI

PORTRAIT D’ARTISTE / Virginia Mori – Dessin de vie 

Par Ilaria Greta De Santis

Courir sur le trait fin d’un stylo bic, se plonger dans un monde onirique, cotonneux mais dont les contours sont tranchants.

Telle une vertueuse du dessin, employant des outils de création très simples, Virginia Mori nous ouvre la porte d’un univers intérieur dont la serrure se trouve sur la nuque ou bien sur les yeux d’un personnage aux allures féminines. Peuplé de figures symboliques qui semblent pourtant être bien réelles, ce labyrinthe dévoile à l’observateur ébloui des scènes épatantes où personnages et objets sont souvent associés de façon décalée. Un criquet gigantesque gisant au fond d’une piscine, un lit guillotine, une fille parapluie avec un manche en guise de langue, le célèbre tour de magie de la femme coupée réalisé cette fois-ci avec une sirène. Tant de symboles dont la signification change en fonction du dessin. Des suggestions fantastiques qui nous amènent à questionner notre rapport non seulement vis à vis des démons qui demeurent en nous mais également de ceux qui sont à l’extérieur, les autres.

Ainsi, ça ne semble pas un hasard si parmi les personnages recourants on retrouve une jeune fille à la frange. Comme une Alice des temps modernes, elle observe et finit par devenir le personnage principal de cette étrange incohérence qui l’entoure et qui, au fil des dessins, acquière une logique bien plus solide de ce qui est généralement considéré comme étant « normal ».

Le langage expressif employé par Virginia Mori dans son travail, renvoie en partie à celui du surréalisme en ce qu’il semble vouloir perturber l’oeil pour mieux arriver à l’esprit. Le portrait de Salvador Dalì portant sur son nez un homard tapis dans une boîte, paraît donc comme un clin d’oeil assez explicite. Tout comme le sont aussi, dans un autre dessin de Virginia Mori, les yeux d’une fille qui fondent sur la monture de ses lunettes comme les montres du peintre espagnol dans l’un de ses chefs-d’oeuvre, « La persistance de la mémoire ».
Toutefois, l’oeuvre de Virginia Mori, qui réalise également des courts-métrages d’animation tels que « Le jeu du silence » illustrant l’importance d’accomplir des choix pour effectuer une évolution personnelle, présente l’alchimie du graphisme typique des dessins animés. On plonge dans un conte, la couverture jusqu’au menton et les yeux écarquillés comme quand on était enfants.

Il n’y a presque que deux couleurs dans les oeuvres de Virginia Mori, le blanc de la feuille et des nuances d’encre noir, une couleur qui, bien qu’associée aux ténèbres, est en réalité celle du commencement, celle qui ouvre les champs de l’impossible et de l’inexploré, celle tout simplement qui exalte les atmosphères fantastiques.

Et pour rester en thème d’imagination, fermez les yeux, en vous approchant de l’oeuvre de Virginia Mori vous aurez l’impression de saisir un énorme artichaut bien pulpeux aux feuilles épineuses. Commencez à les écarter une à une pour en apprécier les rainures et la couleur d’abord foncée et puis de plus en plus claire, pour espérer un jour arriver au coeur que l’on devine riche et généreux. 

Virginia Mori, singin'in the rain
Virginia Mori, singin’in the rain
Virginia Mori, Cavalletta
Virginia Mori, Cavalletta
Virginia Mori, ghigliottina
Virginia Mori, ghigliottina
Virginia Mori, Dali
Virginia Mori, Dali
Virginia Mori, Sirena
Virginia Mori, Sirena