Et le plancton, Centre culturel Le Volume, Vern-sur-Seiche

Et le plancton, Centre culturel Le Volume, Vern-sur-Seiche

Comme tous les deux ans, le Volume, centre culturel situé à Vern-sur-Seiche, nous propose sa biennale d’art contemporain. Chaque saison passée au Volume se voit attribuer un nouveau thème et cette année, l’heure est à la fête. Néanmoins, dans un contexte comme le nôtre se pose la question de la nature de la fête ; qu’est-ce que la fête ? Que célébrons-nous ? Quel moment capturer ? Pourquoi la fête ? Après la fête ?… Une multitude de questions que soulève l’exposition présentée cet automne. La fête incarne la possibilité de chacun à s’évader de son propre quotidien, de lâcher prise et de transgresser les règles en allant outre les barrières sociales, dans l’espoir d’un meilleur lendemain. Oublier le présent et se laisser voyager librement : rêver. Invitée pour cette 21ème édition de la biennale d’art contemporain, Isabelle Henrion assure pour la seconde fois le commissariat de cet évènement (en 2015, elle présentait Il faut imaginer Sisyphe heureux) avec une exposition intitulée et le plancton, laquelle réunit six artistes et un duo : Julien Boucq, Martin Creed, Nicolas Daubanes, Aurélie Ferruel & Florentine Guedon, Anaïs Hay, Francis Raynaud, et Johanna Rocard.

Avant toutes choses, rappelons maintenant que le terme plancton désigne l’ensemble des organismes vivants que l’on retrouve dans les eaux douces et salées, en suspensions et qui se laissent généralement porter par les courants. Le plancton désigne alors un corps de groupe plutôt qu’individuel. Avec cette définition et approche du titre en tête, l’exposition semble s’éclairer puisque si cette dernière nous pose la question de la fête, elle nous propose également une réflexion sur l’idée de masse (de foule) et plus particulièrement du mouvement de la foule.

En exergue de son texte d’introduction à l’exposition, Isabelle Henrion cite un extrait de Théorie générale de la révolution écrit par Michel Bakounine entre 1868 et 1872 :  » C’était une fête sans commencement et sans fin ; je voyais tout le monde et je ne voyais personne car chaque individu se perdait dans la même foule innombrable et errante ; je parlais à tout le monde sans me rappeler ni mes paroles ni celles des autres, car l’attention était absorbée à chaque pas par des évènements et des objets nouveaux (…). Il semblait que l’univers entier fût renversé ; l’incroyable était devenu habituel, l’impossible possible et le possible et l’habituel insensés. » Aussi, lorsque l’on analyse le déroulement d’une fête, quelle qu’elle soit, nous nous rendons vite compte que de la célébration au débordement, de la liesse à l’émeute ou de la ferveur à la révolution, la frontière est floutée par un nombre de facteurs qui varie selon les points de vue de chacun. Unique, chaque fête reste pourtant construite sur un même modèle à quatre phases distinctes : l’attente, la cérémonie, l’allégresse et la violence. D’une zone sombre dûe à l’ivresse qui l’aurait emporté à un moment de ferveur collective nous menant vers un après (« un after »), tout se passe dans les différents enjeux que nous plaçons dans la fête – dans l’attente. C’est justement sur ce territoire qu’Isabelle Henrion a décidé de s’appuyer en nous présentant un ensemble d’œuvres dont la forme, comme le fond, s’interroge sur ce moment (ces moments) sus mentionnés.

L’exposition, composée en différents espaces-temps (performances réalisées durant le soir du vernissage et quelques semaines après l’ouverture de l’exposition, interventions dans l’espace public et dans l’espace de la galerie…), propose alors au visiteur de divaguer d’une œuvre à l’autre et à outrepasser lui-même les conventions habituelles en touchant certaines d’entre elles (Francis Raynaud, Une Charogne, 2017), en rejouant la fête (Martin Creed, Work n°262 : Half the air in a given space, 2001), mais aussi en découvrant le « off », les préparatifs et le décor dressé pour son arrivée (Nicolas Daubannes, Prohibition, 2016, Anaïs Hay, Sturzstrom, 2016), en participant à des célébrations mystérieuses (Johanna Roccard, Les revenants, 2017, Aurélie Ferruel et Florentine Guédon, Les meules de foin dansantes, 2017), ou encore en le confrontant face à sa propre réalité (Julien Boucq, Salle des fêtes, 2017).

D’un espace à l’autre, l’exposition se construit et se déconstruit, tout comme la fête se vit avant et après, mais jamais sur le moment présent, nous nous préparons à telle situation et à tel espace, puis nous nous souvenons de telle sensation et de tel mouvement, sans pour autant savoir s’ils seront ou s’ils ont été vécus au moment présent, car emportés par la foule, les corps se sont déplacés et ont perdu tout contrôle. Enfin, si le titre de l’exposition, fait référence à cette idée de corps et de masse, l’utilisation de la conjonction « et », elle, nous laisse en suspend et nous fait nous demander, et après ?

Alex Chevalier, et le plancton, octobre 2017

 

Infos pratiques

Vern Volume 2017 : et le plancton
Du 09 septembre au 18 octobre 2017

La biennale d’art contemporain Vern Volume, dirigée par Isabelle Henrion, accueille 8 artistes autour du rituel social de la fête.

Le Volume
Avenue de la Chalotais
35 770 VERN-SUR-SEICHE

https://levolume.fr

 

Avec Julien Boucq, Martin Creed, Nicolas Daubanes, Aurélie Ferruel & Florentine Guédon, Anaïs Hay, Francis Raynaud et Johanna Rocard.

Visuel de présentation : Nicolas Daubanes, vue d’installation pour l’exposition Et le plancton, Le Volume Vern-sur-Seiche. © Laurent Grivet

 

Vue d'exposition Et le plancton, Le Volume Vern Sur Seiche. © Laurent Grivet
Vue d’exposition Et le plancton, Le Volume, Vern-sur-Seiche. © Laurent Grivet

 

Anaïs Hayes, vue d'exposition Et le plancton, Le Volume, Vern-sur-Seiche. © Laurent Grivet
Anaïs Hayes, vue d’exposition Et le plancton, Le Volume, Vern-sur-Seiche. © Laurent Grivet

 

Martin Creed, vue d'exposition Et le plancton, Le Volume, Vern-sur-Seiche. © Laurent Grivet
Martin Creed, vue d’exposition Et le plancton, Le Volume, Vern-sur-Seiche. © Laurent Grivet

 

Francis Raynaud, vue d'exposition Et le plancton, Le Volume, Vern-sur-Seiche. © Laurent Grivet
Francis Raynaud, vue d’exposition Et le plancton, Le Volume, Vern-sur-Seiche. © Laurent Grivet

 

Aurelie Ferruel & Florentine Guédon, vue d'exposition Et le plancton, Le Volume, Vern-sur-Seiche. © Laurent Grivet
Aurelie Ferruel & Florentine Guédon, vue d’exposition Et le plancton, Le Volume, Vern-sur-Seiche. © Laurent Grivet

 

Aurelie Ferruel & Florentine Guédon, vue d'exposition Et le plancton, Le Volume, Vern-sur-Seiche. © Laurent Grivet
Aurelie Ferruel & Florentine Guédon, performance pour exposition Et le plancton, Le Volume, Vern-sur-Seiche. © Laurent Grivet

 

Julien Boucq, vue d'exposition Et le plancton, Le Volume, Vern-sur-Seiche. © Laurent Grivet
Julien Boucq, vue d’exposition Et le plancton, Le Volume, Vern-sur-Seiche. © Laurent Grivet

 

Johanna Rocard, vue d'exposition Et le plancton, Le Volume, Vern-sur-Seiche. © Laurent Grivet
Johanna Rocard, performance pour exposition Et le plancton, Le Volume, Vern-sur-Seiche. © Laurent Grivet