ELISE CORPATAUX, LIFE ISN’T GOOD IT’S EXCELLENT
Vue exposition, Elise Corpataux, Life isn’t good it’s excellent, Kunsthalle Friart Fribourg, 2023. Photo : Guillaume Python. Courtesy of the artist and Kunsthalle Friart Fribourg
EN DIRECT / Exposition Elise Corpataux Life isn’t good it’s excellent, jusqu’au 30 juillet 2023, Kunsthalle Friart Fribourg
À partir d’une technique qui capture des errances semi-conscientes de manière expressive, Elise Corpataux (*1994, Fribourg) a développé une pratique de la peinture autour de l’image sentimentale. Ses tableaux traversés de tropes romantiques rappellent le passage du temps, les variations des jours, la nostalgie. Souvent en contrepoint, des marqueurs mnésiques indiquent le travail d’une vie psychique en quête de formule pour l’existence.
Life isn’t good it’s excellent construit un panorama autant personnel que dépossédé. Dans son sentimentalisme volontaire, l’affection, là où ça fait mal, est aussi le lieu de l’humour. La peinture de Corpataux évoque les zones de contact entre la mémoire et l’art, et l’idée d’une vie comme célébration.
Elise Corpataux a développé une pratique de la peinture autour de l’image sentimentale. Ses tableaux traversés de tropes romantiques rappellent le passage du temps, les variations des jours, la nostalgie. Souvent en contrepoint, des marqueurs mnésiques indiquent le travail d’une vie psychique en quête de formule pour l’existence.
Life isn’t good it’s excellent, son exposition à Friart, se présente étagée dans la profondeur de la salle. Elle s’offre à la vue comme une succession de plans renvoyant à diverses manières d’évoquer le rapport entre image et désir. Dans le tableau qui ouvre l’exposition, le·a regardeur·euse se trouve inclus·e par imitation dans une foule qui bouche la vue sur un horizon éloigné. Derrière ce premier plan, un second tableau baigne dans une lumière puissante, une mise en scène produisant une image irréelle qui insiste sur le lien entre sensation physique et perception mentale. La peinture- texte B-b-b-b-baby ( 2023 ) reprend les paroles d’une chanson, bégayant l’amour et la perdition. Comme une vue idéale de l’affection, un swing qui fait tourner la langue sur elle-même, à la folie: pour l’amour et/de l’art.
Le mur du fond se découvre après avoir passé ce prologue méthodique. La peinture de l’artiste s’y donne dans une palette de touches, autant de géométries soft qui viennent rythmer le flot des images sur la toile. Densité du souvenir et fragmentation de l’esprit coexistent dans ces compositions picturales. Peinture, letterpress et papiers transferts se fondent dans des tableaux-collages au trafic amusé, contrepoints au smartphone prosthétique éditeur de contenus.
Dans le tableau Unknown Babies (2023), amulettes, capsules temporelles, artefacts mémoriels mettent en abîme une histoire appareillée du souvenir. Des notices chiffrées et lettrées inscrivent les tableaux de l’artiste dans une géographie personnelle encryptée. À l’envers des territoires dominants du tag, catch-phrases, soliloques- mantras, extractions bedroom pop, assument une douceur lancinante, pied-de-nez au caractère générique de l’expérience authentique ainsi qu’aux clichés du genre bovaryste.
Au profit d’un style personnel dégagé de toute appréhension, semant les attentes quant à la pureté d’une surface commerciale, l’artiste revisite en spirale la construction d’un récit à soi. Attentive à l’influence des technologies de l’attention sur un esprit jamais seul·e, son œuvre s’arrache doucement aux considérations du qui fait quoi, pour capturer juste une autre impression sur le bloc magique de la mémoire, ou plutôt «je ne sais quoi».
ELISE CORPATAUX – BIOGRAPHIE
Elise Corpataux (*1994, Fribourg) est diplômée de la Basel Academy of Art and Design FHNW en 2020 et a obtenu la bourse de la Fondation Leenaards en 2021. Parmi ses récentes expositions, Liste Art Fair, Bâle, avec la galerie suns.works (2022); La Réforme de Pooky, Kunsthalle Friart Fribourg (2022); After David Reed’s Bedrooms (avec Nicolas Ponce) (2022); spring owns everything, Plymouth Rock (2021); Special Favor (avec Natacha Donzé), galerie lange+pult, Auvernier (2021); Kiefer Hablitzel Prize, Halle 3, Bâle (2021); Plattform19, CACY, Yverdon-les-Bains; Image: Reading, Forde, Genève (2018).
