[EN DIRECT] Biotopia, carte blanche à Jacqueline Ezman sous l’éclairage de la projection vidéo de Sophie Saporosi, Galerie Martine Ehmer, Bruxelles

[EN DIRECT] Biotopia, carte blanche à Jacqueline Ezman sous l’éclairage de la projection vidéo de Sophie Saporosi, Galerie Martine Ehmer, Bruxelles

« C’est la jungle ! »  Tel est le commentaire enthousiaste d’un visiteur entrant dans l’espace de la galerie Martine Ehmer à Bruxelles. Loin des cimaises conventionnelles, la galeriste a fait le choix de présenter un duo show faisant résonner les biotopes de la styliste et metteuse en scène végétale Jacqueline Ezman avec la vidéo Providence de Sophie Saporosi. Intitulée BIOTOPIA, l’exposition renvoie au mot « biotope » mais si le communiqué de presse nous en rappelle la définition : « Milieu de vie délimité géographiquement, dans lequel les conditions écologiques sont homogènes, bien définies, et suffisent à l’épanouissement des êtres vivants qui y résident. », il prend dans l’interprétation qu’en fait Jacqueline Ezman une dimension toute autre, car pour elle :

« Présenter ces biotopes dans une galerie revient à les faire accéder à un rang qui échappe à l’ornemental et à l’agriculture. »

 

Galerie Martine Ehmer à donné CARTE BLANCHE à Jacqueline Ezman pour la mise en scène de BIOTOPIA sous l’éclairage des projections de film et vidéo de Sophie Saporosi

 

Le biotope, lieu de symbiose et de vie idéale, redessine même un espace utopique. Les termes « épanouissement », « homogène », marquent le rétablissement d’une communication perdue avec la nature. Son emploi est déjà le signe d’un regard compréhensif et aimant avec elle, et témoigne de notre capacité à en respecter les écosystèmes. Le biotope est devenu l’expression d’un micro monde parfait et pérenne à la fois par sa capacité à se régénérer et à s’autoréguler. Il exprime l’exact contraire de ce que nous faisons subir à la nature :

« Contrairement à nous, et à toute cette industrie de la fleur coupée, ces biotopes sont éternels. »

Par son caractère sauvage et intemporel, le biotope représente le premier jardin : le jardin d’Éden, antérieur à toute agriculture et l’exploitation de l’homme de la nature. Par le choix de certaines plantes et même d’un de biotopes présentés sur socle, Jacqueline Ezman fait le choix de ce degré de naturel, d’animalité même selon ses propres termes, qui nous correspond le plus et qui pour nous fait sens.

« Je voulais faire rentrer la jungle chez les gens et leur proposer un art de vivre. Les plantes sont dans ces bacs comme dans des microcosmes, dans un espace idéal et elles en sont très heureuses. Et nous pouvons entrer en symbiose avec elles. »

Cet intérêt pour la nature ne témoigne pas , dans le travail de Jacqueline Ezman, d’une volonté de retourner à l’état naturel mais celui de sentir à nouveau un contact avec le vivant. Elle a pu en effet constater, elle qui a longtemps habité la ville de Bruxelles, combien « le vert » avait disparu des zones urbaines. Elle propose de conjuguer, sous une forme d’équilibre, jungle urbaine et jungle végétale et ainsi de réveiller cette animalité qui est en nous :

« J’imaginais en proposant cette exposition que les gens soient assis sur leur canapé avec des branches qui leur passeraient au-dessus de la tête. C’est une façon de les remettre dans une sorte d’habitat naturel, parce que nous sommes, il ne faut pas l’oublier, des animaux. J’ai envie qu’on retrouve cette animalité, ce naturel et, qu’en plus on puisse bénéficier de cet apaisement, de cet oxygène, que nous procurent les plantes. Il y a une dimension thérapeutique quand on aménage un espace avec des plantes. Nous vivons des vies de dingues et les plantes ont cette vertu de nous soigner. »

Le travail de l’artiste Sophie Saporosi vient lui illustrer le caractère schizophrénique de toute vie humaine. C’est d’ailleurs bien en contre-point de la jungle urbaine que l’exposition Biotopia se construit, quand est mise en opposition la jungle urbaine, sa violence, ses klaxons et sa pollution, avec une jungle intérieure richesse et apaisée. Est aussi exprimée une idée de temporalité en harmonie avec la nature car l’exposition est marquée par la croissance continue des plantes, l’éclosion des fleurs, ou les chutes des feuilles. Par contraste, la vidéo de Sophie Saporosi, tournée dans la ville de Charleroi en Belgique, exprime un cycle, marqué par les étapes de la création, de la prospérité florissante et de la ruine, qui est celui de l’industrie. La vidéo nous place comme les spectateurs d’un paysage industriel en faillite, ou tout du moins fonctionnant au ralenti. Ainsi scénographiée, on a le sentiment que nous est racontée la fable de la vie, celle des cycles dans lesquels s’inscrivent toute chose.

 

Galerie Martine Ehmer à donné CARTE BLANCHE à Jacqueline Ezman pour la mise en scène de BIOTOPIA sous l’éclairage des projections de film et vidéo de Sophie Saporosi

Galerie Martine Ehmer à donné CARTE BLANCHE à Jacqueline Ezman pour la mise en scène de BIOTOPIA sous l’éclairage des projections de film et vidéo de Sophie Saporosi Galerie Martine Ehmer à donné CARTE BLANCHE à Jacqueline Ezman pour la mise en scène de BIOTOPIA sous l’éclairage des projections de film et vidéo de Sophie Saporosi

 

Pour en savoir plus sur le lieu :

Pour en savoir plus sur l’exposition :
[AGENDA] 17.12→15.01 – Biotopia – Galerie Martine Ehmer Bruxelles

Pour en savoir plus sur les artistes :