[EN DIRECT] D’une Méditerranée, L’Autre – FRAC Provence Alpes-Côte d’Azur Marseille

[EN DIRECT] D’une Méditerranée, L’Autre – FRAC Provence Alpes-Côte d’Azur Marseille

Point de convergence de la Méditerranée, promesse de départs, de conquêtes comme de rapatriements ou d’exils, Marseille ouvre notre regard sur une multitudes de pays répartis sur trois continents et avec eux sur des conflits majeurs qui ne cessent de se durcir. La ville accueille au Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur l’exposition collective D’UNE MÉDITERRANÉE, L’AUTRE du 25 novembre 2016 au 12 février 2017 rassemblant les œuvres d’une vingtaine d’artistes qui ont posé à travers leurs travaux la question de l’autre. 

La question de l’altérité est d’autant plus cruciale pour cette mer dont les noms renvoient au « centre » ou au « milieu » par la traduction latine de mediterraneus, aux enjeux de territoires et aux guerres par le Mare Nostrum romain. Zone aux multiples voies de transit pour les marchandises, de transport de personnes, la Méditerranée pourtant ne relie plus que des hommes divisés et fait face à d’importants flux migratoires continus. 

Entre représentations idylliques et réalités politiques actuelles, des grandes odyssées et rêves de fortune, aux radeaux qui chavirent engloutissant des familles entières, la Méditerranée incarne encore, comme au temps d’Homère, une entité aux multiples facettes, accueillante comme terrifiante, nourrissant les populations mais capable de les dévorer. L’exposition nous en fait parcourir les pourtours et nous montrent l’état d’un monde où « l’autre » est vu comme un danger.

 

Taysir Batniji, watchtowers in West bank, Palestine). 26 tirages Lambda sur papier coton. 50 x 40 cm chaque. Courtesy de l'ratiste et Sfeir Semler Gallery, Hambourg / Beyrouth
Taysir Batniji, Watchtowers (Israeli military watchtowers in West bank, Palestine). 26 tirages Lambda sur papier coton. 50 x 40 cm chaque. Courtesy de l’ratiste et Sfeir Semler Gallery, Hambourg / Beyrouth

 

Né à Gaza (Palestine), dans des territoires sous haute surveillance, Taysir Batniji présente l’ensemble Watchtowers (2008) constitué de 26 photographies de tours de contrôle israéliennes situées Cisjordanie. Cadrées serrées, elles imposent là une omniprésence à laquelle il est impossible d’échapper. Des constructions qui, par leur forme circulaire, ne sont pas sans rappeler les châteaux d’eau que l’on trouve communément dans nos paysages tandis que d’autres s’apparentent à des miradors de prison ou de camps de concentration. Une tension lourde, menaçante émane de ses photographies qui n’ont pas été prises par l’artiste n’étant pourvu des autorisations nécessaires mais qu’il a lui-même commanditées, ce qui leur donne une présence encore plus forte.  

La question de « l’autre » passe par la celle de l’identité, des papiers, formulaires et documents nécessaires afin de passer d’un territoire à l’autre. L’archivage et les méthodes de classification des données personnelles sont au coeur de la pièce Sans titre (The innocents Abroad), (2011) de l’artiste romaine Élisabetta Benassi qui, au moyen d’une visionneuse de microfiches, nous donne à voir les annotations tapuscrites sur les envers de photographies. Elle rend visible les légendes contant ainsi l’histoire des administrations et des méthodes de fichage des individus.  

 

Elisabetta Benassi, Sans titre (The innocents Abroad), 2011. Installation : visionneuse microfiche, moniteur, table, lampe.
Elisabetta Benassi, Sans titre (The innocents Abroad), 2011. Installation : visionneuse microfiche, moniteur, table, lampe.

 

Le travail sur l’identité est au cœur des photographies de Mohamed Bourouissa. Dans l’ensemble photographique Périphérique, l’artiste compose avec des figurants des scènes qui rendent apparents les mécaniques de narration qu’utilisent les médias pour relater la vie en banlieue. Dans une esthétique du direct, il nous montre combien le regard se focalise sur les symboles, les débordements et cette perte de contrôle lors de tout dérapage. Un tension réelle se dégage de ces images, dont on perd le fil, qui sortent du cadre et qui nous montre l’incapacité des politiques à aborder avec clairvoyance les difficultés d’une jeunesse abandonnée, laissée pour compte hors des préoccupations de la République.   

Un cloisonnement et une pauvreté que l’on retrouve de l’autre côté de la Méditerranée dans la Cité Climat de France, Place des 200 colonnes filmée en 2012 par Stéphane Couturier en un long travelling. Le vidéaste dans une boucle continue nous montre la vie de résidents dans un espace dont le délabrement renvoie explicitement aux politiques sociales successives. Un délabrement social commun quelque soit le point de vue auquel on se trouve. La coopérative artistique Société Réaliste recompose ainsi la carte de la Méditerranée lui laissant une forme d’ensemble mais modifiant une à une toutes ses composantes. Elle joue sur les contrastes qui la constituent tout comme le photographe Panos Kokkinias qui dans Arcadia nous montre, sur fond d’une centrale nucléaire ou d’une montagne de déchets qu’une famille traverse pour se rendre à la plage, les ruines d’une civilisation disparue.

 

Mladen Miljanovic, Show Where it Hurts With Your Hand, 2012. Photographies, verre. Courtesy de l'artiste.
Mladen Miljanovic, Show Where it Hurts With Your Hand, 2012. Photographies, verre. Courtesy de l’artiste.

 

Visuel de présentation : Mohamed Bourouissa, Le Reflet, 2007-2008, de la série « Périphérique ». Tirage argentique chromogène, 132 x 220 cm. Collection de l’Hôtel des Arts, centre d’art du Département du Var.

 

Pour en savoir plus sur le lieu :

Pour en savoir plus sur l’exposition :
[AGENDA] 26.11→12.02 – D’UNE MEDITERRANEE, L’AUTRE – FRAC Provence Alpes-Côte d’Azur Marseille

Pour en savoir plus sur les artistes :