ABRAHAM POINCHEVAL : UNE MARCHE AUX FRONTIÈRES DE L’IMAGINATION

ABRAHAM POINCHEVAL : UNE MARCHE AUX FRONTIÈRES DE L’IMAGINATION

AUTOUR DE L’EXPOSITION / Abraham Poincheval, Walk on Clouds
jusqu’au 24 décembre 2020, Semiose

Abraham Poincheval : une marche aux frontières de l’imagination

par Ilaria Greta De Santis

L’Homme est-il fait pour le ciel ? Si l’on se fie aux constatations évolutionnistes, l’absence d’ailes dans les êtres humains devrait nous amener à répondre négativement à cette question. Toutefois, chaque personne, même celle qui souffre atrocement de vertige, par ailleurs considéré comme une envie de voler plutôt qu’une peur, est résolument attirée vers le ciel.

Le dos et les jambes se dressent, le nez pointe en haut comme une petite boussole et les pieds avancent, voilà la marche est née et surgit donc d’une volonté de se surélever. Ainsi, il n’est pas question de s’astreindre aux terrains stables. De ceux escarpés des montagnes à ceux intriqués des forêts, puis dans l’eau et même sur la surface lunaire, l’exploration ne s’arrête jamais. Abraham Poincheval nous le démontre.

Dans une démarche d’inspection constante, en tissant un fil rouge entre monde extérieur et intérieur, l’artiste « rentre » dans les choses, se fond dans la peau d’un ours, se fige à l’intérieur d’une pierre et maintenant s’imagine membre d’une ruche. L’étude qu’il opère à la recherche d’un système pour vivre dans une abeille, illustre pleinement la volonté d’un dépassement de soi, d’une prise de conscience de la participation à un ensemble plus vaste avec pour objectif le renouveau de la vie.

Cette quête, menant à la découverte d’autres univers et à la perception des limites, ne pouvait que conduire Abraham Poincheval à se diriger aux frontières de l’imagination, là où aucune contrainte physique ne retient le mouvement : les nuages. Il ne s’agit pas de voler avec des ailes métalliques, mais de se promener, d’immerger les pieds jusqu’aux chevilles dans ce sol impalpable et en constante mutation. Seuls des fils reliés à une montgolfière sont entourés autour des épaules de l’artiste qui peut donc exprimer librement le mécanique du geste de la marche et en exalter toute la beauté. Son épanouissement personnel est partagé par les spectateurs puisque tous ceux qui regardent reconnaissent ces sensations, expérimentées maintes fois lors des rêves éveillés.

À travers son travail, Abraham Poincheval, rend ce lieu éthéré, souvent considéré comme la ligne de démarcation du paradis, un endroit extrêmement concret. Énonçant l’historien Jean Delumeau, l’artiste explique que puisque la réalité est filtrée par notre imagination, l’imaginaire c’est ce qu’il y a de plus réel.

Un être humain qui se balade dans le ciel au gré de vents, flexible, comme la girouette dotée d’une flèche et de points cardinaux qu’il reproduit en sculpture. En gardant toujours un lien fort avec la terre de laquelle il se rapproche à l’aide des montagnes, point de rencontre et d’élévation spirituelle, représentés sur ses impressions typographiques.

« Se laisser aller, se perdre pour mieux se retrouver » c’est ça le plus grand enseignement que nous transmet Abraham Poincheval. 

Ilaria Greta De Santis

ABRAHAM POINCHEVAL – BIOGRAPHIE
Abraham Poincheval est né en 1972 à Alençon (France).
Il vit et travaille à Marseille.
Il est représenté par Semiose Paris
https://semiose.com/home/ 

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