DYNAMIQUES DU CONTRE

EN DIRECT / Exposition DYNAMIQUES DU CONTRE
Jusqu’au 24 octobre 2020, Collectif Sports, 70 rue Beaumarchais, Montreuil*
avec Lisa Ouakil, Maéva Prigent, Clément Salzedo, Anne Bravy, Mélanie Feuvrier, Giancarlo Pirelli
Commissariat d’exposition Elora Weill-Engerer
« Plus la matière est, en apparence, positive et solide, et plus la besogne de l’imagination est subtile et laborieuse » Baudelaire in Curiosités esthétiques p.317
La rêverie étant communément associée au repos et à la détente, on méconnaît ces rêves d’action que Gaston Bachelard désigne comme “rêveries de la volonté”. “La résistance réelle suscite des rêveries dynamiques” dit-il. Une imagination primitive et créatrice se déploie dans la dynamique du contre que nous imposent la matière, les murs ou l’effort. Blotti dans le coin le plus étriqué de la maison, l’enfant peut ouvrir un univers. Car le rapport à la matière et au lieu est un rapport d’intimité. C’est dans leur rébellion, leur résistance, qu’ils se révèlent en même temps que se révèle l’artiste. Aussi, l’intimité du sujet et de l’objet se nourrissent mutuellement. La matière nous touche comme nous la touchons, durement ou doucement. Mais surtout, “la matière nous révèle nos forces […] la matière reçoit de nos rêves tout un avenir de travail […] Nous jouissons par avance de l’efficacité de notre volonté”. Le plaisir de la création vient donc avant la création même à partir du moment où « on jouit moins de ce qu’on obtient que de ce qu’on espère et on est heureux qu’avant d’être heureux”, comme aimait à le dire Rousseau.
Une exposition dans l’atelier même des artistes n’est dès lors pas anodine. Usant de mediums divers, souvent hybrides, les œuvres de DYNAMIQUES DU CONTRE témoignent autant des derniers travaux que du processus de création même. Anne Bravy, Mélanie Feuvrier, Lisa Ouakil, Giancarlo Pirelli, Maéva Prigent et Clément Salzedo, proposent les fruits de leurs recherches plastiques et mentales, développées dans ce même lieu. Conçue comme une respiration, avec des moments de flux et de reflux, des points d’accalmie et des points assaillants, la scénographie tente de livrer un aperçu du combat que livre l’artiste à l’image. Élaborée en dialogue avec le lieu dans des accrochages plus ou moins classiques jouant avec les coins, les objets, le sol et les plinthes, elle reflète également la démarche de chaque artiste, dans son appropriation dynamique, poétique ou ludique de l’espace. L’exposition des œuvres d’un artiste ne commence-t-elle pas dans son atelier ? Non-moi, l’atelier a aussi ses dieux lares et influence le moi de l’artiste de manière réelle et virtuelle, par les murs et la pensée. Coquille initiale ou coin du monde, c’est ici qu’est alimenté le brasier du sens de la production à venir, l’excitation et la dynamique du contre avant l’œuvre finale. Créer contre le banal, contre le lieu, contre la matière, contre soi, mais donc, aussi, avec.
Texte d’Elora Weill-Engerer
*Exposition visible les vendredi, samedi et dimanche de 14h à 19h et sur rdv









