TOMÁŠ JETELA, X – HYDE STAR ANCIENT RHYMES
Vue exposition X – Hyde Star Ancient Rhymes de Tomáš Jetela, Galerie Jedna, Prague
EN DIRECT / Exposition X – Hyde Star Ancient Rhymes de Tomáš Jetela, jusqu’au 30 décembre 2023, Galerie Jedna, Prague
Par Anna Remuzon
X – Hyde Star Ancient Rhymes : Le nouvel opus onirique de Tomáš Jetela
Comment terminer l’année en apothéose ?… en visitant la nouvelle exposition de Tomáš Jetela : « X – Hyde Star Ancient Rhymes » à la Galerie Jedna à Prague, jusqu’au 30 décembre 2023… apportant chaleur et lumière dans les jours les plus froids et les plus courts de l’année !
Derrière le titre énigmatique de l’exposition se cache un monde de possibles et de réalités alternatives… d’aventures. J’ai choisi d’embarquer dans un vaisseau galactique en direction d’une étoile de « Jekyll et Hyde » qui se métamorphose et… en route… des « rimes anciennes » défilent… comme les sortilèges poétiques de l’histoire… un baroque contemporain… une méta-Renaissance.
Hyde and Seek… en entrant et en circulant dans la galerie pour explorer le nouveau théâtre existentiel sans précédent… C’est comme si le lourd rideau de velours rouge avait été levé par l’artiste pour dévoiler de nouvelles performances et représentations monumentales… de nouvelles vérités et paradoxes… à la lumière d’une bougie.
Prenez place… C’est un banquet, un voyage dans le temps, où l’artiste vous invite à manger à sa table avec les maîtres du passé pour invités… partageant un dernier repas avec les fantômes de Snyders, Bosch, Raphaël, Caravage, de Vinci, Arcimboldo, Bacon ou Dalí… et bien d’autres qui sont venus déguster et admirer. C’est un hommage et une révélation… rupture et continuité… un pont entre le passé et le futur… Plus besoin de comparaison, ni nostalgie ou ni passéisme… désormais l’héritage a un nom : Jetelisme !
À l’instar de l’ancienne kermès et cochenille, l’artiste convoque la couleur rouge… à l’extrémité du spectre lumineux visible… dionysiaque, vibrante et luxueuse. Tissu, homard, viande crue, pomme, grenade, chair, sang et cerises… c’est un théâtre sacré du péché et de la passion. C’est La Naissance de la tragédie hors de l’esprit de la toile… un spectacle où l’observateur est confronté à un abîme exquis de lumière et de plaisir… jusqu’à ce qu’il le ressente dans son propre cœur comme un écho du monde représenté… Éloquence !
Le paysage onirique prend plus de place que d’habitude dans la composition, comme un prolongement et une résonance de la figure. Le paysage a quelque chose de décoratif comme au théâtre mais aussi de figuratif car il incarne une partie de sa psychologie et de son histoire. L’unité du temps, du lieu et de l’action s’accomplit dans la relation intime du protagoniste et de l’arrière-plan… comme une invitation à entrer dans le tableau et à plonger dans la perspective… dans la profondeur de la narration et de l’introspection. Perdre de vue la réalité permet au spectateur de regarder de plus près l’essence de l’être.
Existence glorieuse et pourrie… une sorte d’« auto-cannibalisme »… la figure devient sa propre nature morte, défiguration ou dislocation, tandis que le visage et le corps se fondent dans l’abstraction et la composition de fruits… le triomphe des saisons, du cycle de vie et de la véritable nature humaine. Avec le homard, l’art de Tomáš Jetela devient autant le symbole d’une résurrection et d’une mutation perpétuelle de la personnalité que de sa propre pratique… nouvelle carapace et processus de régénération annuel.
Couteau, fêlures dans la tête comme une noix dévoilant son « cerveau » ou une grenade grande ouverte, il y a une conjonction de violence et de vulnérabilité… une contorsion de l’esprit entre enfer et paradis… tandis que le serpent voisine le fruit défendu. Os, proies, bulles, fleurs, fromages, crânes, corbeaux et bougies en train de fondre… tout est vanité… aux formes éphémères et éternelles. La double nature est personnelle… le monde intérieur de la figure comme garde-manger… un doppelgänger fait de visages jumeaux ou habités… mais aussi d’allégories. Les champignons lévitent comme un super-ingrédient et font de la sorcellerie… délicieux, hallucinogènes et vénéneux. Ils appartiennent à un royaume distinct… une vanité supérieure car ils prospèrent aux dépens des organismes vivants et morts… le trait d’union ultime entre la vie et la mort.
La lumière est surnaturelle et naturelle puisque la lueur des bougies vient souvent lécher le visage des personnages à la manière de statues antiques ou de palais baroques… dieux et muses. Dans la profusion de fragments, les anime girls, aux poses explicites, sont devenues les nouveaux chérubins et grotesques. Ils cohabitent même comme une redéfinition vaporeuse de l’amour symbolique… l’allégorique et l’érotique comme une ascension angélique et fulgurante au-dessus de l’humanité.
C’est un carnage, une fête et un feu d’artifice… la vie scintille dans la nuit de décembre… et ce n’est que le début…
Plus d’infos :
https://www.instagram.com/tomasjetela/
https://www.tomasjetela.com/
https://www.praha1.cz/kultura/galerie-1/