[EN DIRECT] Les félicités des Beaux Arts de Paris, Seuls ensemble à la H Gallery Paris

[EN DIRECT] Les félicités des Beaux Arts de Paris, Seuls ensemble à la H Gallery Paris

Jusqu’au 22 juillet 2017, la H Gallery présente l’exposition Seuls Ensemble, un dialogue entre les oeuvres de six jeunes artistes talentueux tout juste diplômés et félicités des Beaux-Arts de Paris.

Si dans un premier temps la volonté d’Hélianthe Bourdeaux-Maurin était d’exposer l’artiste Nathanaëlle Herbelin, l’idée d’une exposition collective avec les amis et camarades des Beaux-Arts de celle-ci s’est vite imposée. Fidèle à son envie de faire découvrir des artistes encore peu connus en France, la galeriste propose donc une sélection d’une cinquantaine d’oeuvres issues d’univers différents mais qui dialoguent avec justesse dans son espace de la rue de la Folie-Méricourt.

Le passage d’un examen, comme le travail en atelier implique une solitude accompagnée. C’est ce qu’on voulu retranscrire les six artistes dans leur exposition Seuls Ensemble. Car s’ils ne sont pas un collectif mais bien des peintres et sculpteurs indépendants, c’est au fil de leurs rencontres qu’ils ont fait évoluer leurs pratiques. Montrer leurs oeuvres côte à côte était donc un moyen d’en révéler les ressemblances comme les différences.

Traces

Les toiles de Nathanaëlle Herbelin paraissent avant tout silencieuses. Pourtant même si dénuées de présence humaine, elles sont loin d’être vides d’émotions. Une tension surgit des lieux déserts qu’elle peint et brutalise presque le visiteur dont l’inconscient perçoit avec violence la trace d’une présence lointaine sans doute douloureuse. Dans son tableau Simon et Christine, deux personnages sont exceptionnellement présents. Leur regard est pour l’un fuyant, l’autre au contraire est fixé sur le regardeur. Quelle étrange sensation que d’être face à ce large tableau aux couleurs pales et froides. D’être soumis à un resserrement sur soi très lent et bruyant. Comme plongé dans l’obscurité d’un film, quand les personnages se taisent et que seule cette musique silencieuse rend la tension palpable. Comme regarder inlassablement le long travelling au tricycle de Stanley Kubrick dans Shining, découvrir les toiles de Nathanaëlle Herbelin est une expérience totale et déroutante.

 

Nathanaëlle Herbelin, Simon et Christine, H Gallery Paris
Nathanaëlle Herbelin, Simon et Christine, 2016. Huile sur toile.

 

Le travail de Claudio Coltorti peut s’accorder avec celui de Nathanaëlle Herbelin sur un point ; celui de la trace. Focalisé sur ce qui reste à capter après le passage de l’humain, Claudio Coltorti saisi les indices d’existence. « Si on se lève d’une chaise, on voit bien qu’elle reste tiède. C’est cette chaleur que je veux peindre ». Ses toiles visiblement abstraites se révèlent en fait rattachées à une actualité passée. Son oeuvre Dans le vestiaire, est par exemple une suite de carrés et de cercles entrecoupés de segments à premier abord insignifiants. Pourtant loin d’être conceptuelle, la toile de Claudio Coltorti n’est que la somme des trajets parcourus pendant un match de football — un sport qui le passionne — par les joueurs.

Humour et poésie

Jean-Charles Bureau, Calcul balistique avec obstacle mathématique, 2015, Crayon gris sur papier verger, 32 x 44 cm
Jean-Charles Bureau, Calcul balistique avec obstacle mathématique, 2015, Crayon gris sur papier verger, 32 x 44 cm

 

La condition humaine, les rapports entre les individus, finalement la vie au sens large, sont autant de pistes de réflexions qu’empruntent chacun à leur manière Jean-Charles Bureau et Joséphine Ducat. Le travail du premier est vraiment centré sur la question de l’acceptation, que ce soit de l’ennuie, de la tristesse et de ces moments quelconques qui dramatisent notre vie. Plein d’humour ses dessins sont notamment la mise en scène de ces moments où frapper pas l’ennuie il tombe dans une obsession pour des mouvements inutiles et répétitifs. L’oeuvre Calcul balistique avec obstacle mathématique le montre s’essayant au lancement d’une boule de papier dans une poubelle. A cela s’ajoute l’ensemble des calculs qui lui permettraient d’arriver avec exactitude à trouver la puissance, la distance et la vitesse idéale pour viser juste. Avec ces dessins faussement classiques dont les détails révèlent en fait un véritable surréalisme Jean-Charles Bureau nous enseigne donc une jolie leçon : le bonheur réside dans l’acceptation de la vie, ses tracas compris. Joséphine Ducat semble apprécier la vie avec une ironie toute aussi saillante que celle de Jean-Charles Bureau.

Fascinée pas les valeurs du monde, et les rapports qui façonnent notre société, Joséphine Ducat aime définir sa sculpture comme un moyen de « nourrir sa curiosité pour cette espèce, ces vieux dinosaures qui vivent de la chimie, meurent de cancer et s’endorment seulement si la pièce est plongée dans l’obscurité ». Ainsi elle sculpte parfois des bas-reliefs qui semblent ne jamais sortir de la bi-dimension avec des aspects très picturaux. Comme cette petite terre cuite, haute de soixante centimètres, qui représente un célèbre marchand d’art, costume rayé, cravate rouge et manteau en fourrure. Un regard engagé et plein d’humour.

 

Joséphine Ducat, Le Marchand d'art, 2016, Terre cuite polychrome, 60 x 25 x 19 cm
Joséphine Ducat, Le Marchand d’art, 2016, Terre cuite polychrome, 60 x 25 x 19 cm

 

L’obsession

Peindre inlassablement, dans les même tons, la même pièce et à de multiples reprises la même personne ; économiser les couleurs, et les sujets pour faire varier les points de vue et les subtilités d’un lieu : c’est l’obsession de Tatiana Pozzo di Borgo. La jeune femme, privilégie la peinture en atelier et développe à partir de cela une multitude de déclinaisons de ce qui l’entoure. Une façon originale de s’approprier le monde.

 

Tatiana Pozzo di Borgo
Tatiana Pozzo di Borgo, Trois Tabliers, 2017. Huile sur toile.

 

Raphaël Sitbon, Fin !, 2016, Crayon de couleurs sur bois et boite en bois faite main, 15 x 12 x 4 cm
Raphaël Sitbon, Fin !, 2016, Crayon de couleurs sur bois et boite en bois faite main, 15 x 12 x 4 cm

 

Véritable conteur, Raphael Sitbon s’inspire de la nature, la rue, les arts populaires et ses voyages pour recréer de petits univers aux références multiples. Sa série Fin ! clôt évidement à merveille son travail comme l’exposition « Seuls Ensemble » avec de petites boites en bois faites à la main et semblables aux idoles dans lesquelles il a peint la dernière vignette des bandes dessinées Tintin où le personnage d’Hergé part vers de nouvelles aventures…

Ils sont jeunes, certes. Mais loin d’être utopistes, leur travail plastique va de paire avec une observation pointue du monde qui les entoure. L’exposition d’Hélianthe Bourdeaux-Maurin est donc un plongeon dans la fraîcheur de la jeunesse sans l’amateurisme propre aux débuts. Une jolie exposition estivale pleine d’humour et de tendresse, à découvrir.

Camille Bardin © 2017 Point contemporain

 

Exposition Les félicités des Beaux Arts de Paris, Seuls ensemble à la H Gallery Paris Exposition Les félicités des Beaux Arts de Paris, Seuls ensemble à la H Gallery Paris

 

 

Infos pratiques
Exposition collective Seuls Ensemble – Sélection parmi les Félicités des Beaux-Arts de Paris

Du 10 juin au 22 juillet 2017

H Gallery
90, rue de la Folie-Méricourt 75011 Paris

www.h-gallery.fr

 

Avec Jean-Charles Bureau, Claudio Coltorti, Joséphine Ducat,Nathanaëlle Herbelin, Tatiana Pozzo Di Borgo et Raphaël Sitbon