ALICE HAURET LABARTHE [PORTRAIT]

ALICE HAURET LABARTHE [PORTRAIT]

Dans un temps long et étiré, l’huile sèche et se cristallise, parfois au gré du vent et de l’air, dans une sorte de chaos contrôlé. Par couches successives, les signes se démultiplient et surchargent le support. Les traces et la mémoire de la peinture forgent les peintures d’Alice Hauret-Labarthe. L’artiste habite parfois les lieux où elle travaille, en investissant les plafonds, les sols, les dessus de lit des galeries d’art ou des chambres d’hôtel.

Les dérivés de la peinture (collages numériques, textes ou vidéos) mettent en perspective le propos de la peinture. Par les dégradés, elle recompose un espace dans l’espace, comme des feuilles de calque qui dialoguent entre elles et construisent en profondeur les conditions d’une autre visibilité, d’une apparition rappelant le Neutre de Roland Barthes : « La pensée du Neutre est en effet une pensée-limite, au bord du langage, au bord de la couleur puisqu’il s’agit de penser le non-langage, la non-couleur (mais non l’absence de couleur, la transparence) ».

Les lignes virevoltent en suspension dans le cadre. Alice Hauret-Labarthe arpente tantôt les montagnes Pyrénéennes, tantôt les rues chargées d’Athènes ou de Lisbonne. Les traces de son geste laissent apparaître une forme d’inconfort et de lutte. Lors d’une performance, parmi un dédale de toiles, l’artiste rôde l’air hagard, une masse à la main. Un jour, à la cime d’une montagne, la peinture fixée sur deux bâtons ondule et claque comme la voile d’un bateau. Par un système d’accrochage élaboré avec du matériel d’escalade, les mousquetons et cordages côtoient des chaînes, tendeurs ou œillets utilisés pour l’emballage ou le transport. Les toiles contraintes contiennent le récit des éléments qui s’affrontent : le vent, la pluie, l’orage.

Épousant une forme de neutralité (tel un rêve où des événements incongrus s’enchaînent en toute logique) la peinture déploie un paysage mental distant et mesuré. Matières vivantes et pensées vives, les corps abstraits lévitent. On imagine les traits sortir de la toile, s’échapper du cadre et courir vers le dehors. Pour l’artiste, les couleurs sont des percussions, des impacts en direction de l’œil. Leur choix est déterminé par une logique aléatoire, faite d’oppositions et de contrastes, comme une incision dans le réel.

Texte Élise Girardot © décembre 2018
@elise____girardot

Alice Hauret-Labarthe
Née en 1990 à Bordeaux
Vit et travaille entre Bordeaux et Paris @hauretlabarthe

Représentée par la Galerie Pierre Poumet Bordeaux
www.pierrepoumet.com

 

Actualités

07 AU 16/02 – THIÊN NGOC NGÔ-RIOUFOL & ALICE HAURET-LABARTHE – TITANIX : SEEKING THINKING SINKING – GRANDE SURFACE, SAINT-GILLES, BELGIQUE

> VOYAGE VOYAGE
Projection de films d’artistes le 8 février à 19h
L’Annexe, 117 bis, rue d’Avron, 75020 Paris

 

 

Alice Hauret-Labarthe
© Alice Hauret-Labarthe

 

Alice Hauret-Labarthe
© Alice Hauret-Labarthe

 

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© Alice Hauret-Labarthe

 

Alice Hauret-Labarthe
© Alice Hauret-Labarthe

 

Alice Hauret-Labarthe
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Alice Hauret-Labarthe
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