[EN DIRECT] Basement work, Guillaume de Nadaï et Laura Zalewski, Galerie R-2 Paris

[EN DIRECT] Basement work, Guillaume de Nadaï et Laura Zalewski, Galerie R-2 Paris

Un premier solo show à quatre mains c’est peu banal. Pour cette première exposition Guillaume de Nadaï et Laura Zalewski nous proposent un travail audacieux, réalisé dans le studio de la galerie R-2 où ils exposent pour la première fois. 

Il est question d’art et d’amour (ce qui est la même chose) le tout sous la forme d’une peinture qui reprend les moyens formels, non sémiologiques de l’art abstrait.

Cette référence à la feuille, à la lettre n’est d’ailleurs pas qu’une extrapolation. Les motifs des toiles, de grandes enveloppes de couleur riches de détails subtils (le rabat est par exemple peint de la même couleur mais de façon plus foncée et il faut observer avec attention pour s’en rendre compte) pose la base d’une narration ouverte. 

Qui dit lettre, dit souvent lettres d’amour. Ici, il en est certes question mais de façon très pudique, quasi hermétique : c’est l’enveloppe en tant que signe, on pourrait dire aussi pictogramme qui, de manière métonymique, y fait référence. Enfin qui dit lettre d’amour dit expéditeur et destinataire, soit deux agents actifs. N’oublions pas que le travail donné à voir ici est la production d’un duo à la ville comme à l’atelier. Si on déclinait encore davantage : Basement work est un titre à double sens : il fait certes référence à la galerie R-2, située en sous-sol mais aussi rappelle que les œuvres ont été réalisées en sous-sol tout en évoquant aussi une idée de base, de fondation, de trame sur laquelle s’appuierai et se déclinerait ce travail qui représente et qui dit  l’amour de manière subliminale, tout en filigrane.

Les artistes nous donnent à voir mais ne révèlent rien, ils nous laissent nous projeter. On dit que pour cacher une chose il faut la montrer. Ici on ne peut qu’imaginer le contenu des enveloppes, on ne sait pas ce qu’elles contiennent. C’est pourquoi une telle peinture nous offre un réceptacle à nos propres projections, à un vécu commun à la plupart de l’humanité : l’amour. 

Une telle peinture pose la question de l’arbitraire, du choix  et constitue un outil de réflexion. Devant ces immenses enveloppes, on songe aux Vanités tout comme au contenu intrinsèque de l’amour, à son essence. Son contenu est évoqué grâce à son contenant (l’enveloppe) ce qui reprend les postulats de la linguistique telle que nous la connaissons depuis Saussure : le signifiant est aussi important que le signifié et ils se véhiculent de façon réciproque et de manière indissociable.

Mais tout ceci reste limité au champ de la représentation. Ainsi le motif figuratif de l’enveloppe géante : la représentation de l’enveloppe est déclinée en plusieurs couleurs et encadrée, on pourrait dire « bornée » d’un cartouche de couleur à chaque fois différent qui n’est pourtant pas choisi aléatoirement car la couleur de l’aplat de l’enveloppe en définit la couleur. On a envie d’employer le verbe anglais « to enclose » avec sa référence à l’adjectif « clos ». Ce bornage est également une façon d’exprimer la pudeur, de mettre à distance. La réflexion, le processus créatif s’alimente en circuit fermé. C’est un travail qui s’auto génère

Ce qui est intéressant dans ce travail ce n’est pas le signifiant direct de l’amour mais de la relation épistolaire, l’évocation de contexte ainsi que le titre sont en eux-mêmes des signifiants de l’amour (des love letters).

On peut dire de Basement Work  que les enveloppes sont la représentation picturale de  l’amour mais que ce n’est pas l’amour et que cette expérimentation est poussée à l’extrême car il est certain que vu la taille des toiles ceci ne sont pas des enveloppes mais bel et bien des représentations du signe.  Guillaume de Nadaï et Laura Zalewski poursuivent donc un travail de réflexion qui fonctionne comme celui des Vanités. 

On retiendra aussi de ces œuvres la finesse de leur exécution pour une peinture réalisée à quatre mains. La finesse et la qualité d’exécution sont remarquables. 

L’ensemble de la production témoigne d’une recherche de la perfection, d’une peinture dont l’austérité apparente fait penser à l’ascétisme, à une dévotion exclusive, autoritaire.

Nul doute que Guillaume de Nadaï et Laura Zalewski n’ont pas fini de nous surprendre et que plus tard vous pourrez dire : j’ai vu leurs premiers travaux, c’était déjà quelque chose.

Texte Nathalie Morgado © 2017 Point contemporain

Infos pratiques

Exposition Basement Works
De Nadaï + Zalewski
Du 02 juin au 03 juillet 2017

Du lundi au samedi de 10 à 19h et sur rendez-vous au :  06 35 15 69 50

Galerie R-2
125 rue Raymond Losserand 75014 Paris

 

www.galerier-2.fr

 

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