Morgane Denzler, Beyond Landscape

Morgane Denzler, Beyond Landscape

EN DIRECT DE L’EXPOSITION / Morgane Denzler, Beyond Landscape, Centre d’art de Montrelais

« Ainsi va le marcheur : il est tout autant aux prises avec une géographie physique qu’avec une cartographie psychique. » 1 

Pour réaliser ses oeuvres, Morgane Denzler arpente les territoires urbains comme ruraux dans une écoute fine de son environnement. Elle expérimente les multiples façons d’appréhender les espaces, de les traverser et développe une vision à la fois subjective et critique des paysages qu’elle sillonne. Marcher, créer pourrait bien être, à l’instar de l’ouvrage du même nom de Thierry Davila, son leitmotiv. Et comme les mots de l’historien de l’art le précisent, le marcheur est à la fois connecté à la géographie qu’il parcourt (relief, massif, végétation, etc.) et à sa propre expérience du territoire. Rappelons ici que la cartographie n’a jamais cessé d’être une interprétation. De fait, la carte, supposément neutre et normée, n’en demeure pas moins subjective tant elle est rattachée à la perception de celui ou celle qui la réalise, n’offrant alors qu’une image tronquée et partiale de la réalité. «La carte n’est pas le territoire.»2, amorçait déjà Alfred Korzybski dans les années 1930. C’est avec ces codes que l’artiste joue, en nous donnant à voir des renversements de points de vue, des pliures du temps. 

Pour l’exposition Beyond Landscape (Au delà du paysage), Morgane Denzler manipule, déconstruit et recompose les images, en volume ou à plat. L’artiste revisite ainsi la photographie de paysage en lui apportant une dimension protéiforme, capable de rendre compte de la multitude des nuances qui le compose. Elle déjoue les codes de représentation et de mesure des espaces tout en y apportant une vision personnelle et expérientielle.

Le travail de photographies et d’installations de Morgane Denzler opère une relecture sensible des lieux dans lesquels elle s’immerge, laissant apparaître l’attention que l’artiste porte aux humains et non humains qui constituent ces milieux. Opérant par fragmentations et juxtapositions, elle manipule, déconstruit et recompose les images, en volume ou à plat. Elle revisite ainsi la photographie de paysage en lui apportant une dimension protéiforme, capable de rendre compte de la multitude des nuances qui le compose. En déconstruisant le format et l’outil de la carte, elle entend aussi mettre à mal la vision d’un Occident qui le voudrait contrôlable. Chez Morgane Denzler, le paysage est multiple et changeant, déployé ou fragmentaire et ne présente jamais une réalité univoque. 

L’ensemble des oeuvres présentées dans l’exposition Beyond Landscape, sont toutes traversées par les questions de représentations et de maîtrise du paysage. Elles font écho à des marches réalisées par l’artiste dans les Alpes à son retour d’un séjour au Liban en 2010. Sensible au décalage qui s’était opéré dans sa perception des espaces, l’artiste a ressenti le besoin de trouver une nouvelle justesse dans son rapport au territoire, une autre manière de l’appréhender. Elle s’est alors isolée dans les Alpes où elle a arpenté les montagnes dans l’idée de reconstruire son rapport à cet environnement. Les pièces qui en résultent oscillent entre une envie de se mettre à distance, laissant place à la visualisation des méthodes de rationalisation et de mesure (normes IGN, échelles, etc.), et une approche plus personnelle, où le corps se perd, engagé dans les méandres des chemins alpins. 

1 DAVILA, Thierry, Marcher, créer : déplacements, flâneries, dérives dans l’art de la fin du XXe siècle, Éditions du Regard, Paris, 2002. p.22
2 La carte correspond à la représentation que l’on se fait du monde, et le territoire est le monde tel qu’il est réellement. Chaque personne possède sa propre vision du monde, celle-ci est donc différente d’un individu à l’autre. Il y a un seul territoire mais une infinité de carte : la carte n’est pas le territoire. Alfred Korzybski 

Informations pratiques :

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