[FOCUS] Maxime Lamarche, Crisis

[FOCUS] Maxime Lamarche, Crisis

Focus sur l’oeuvre Crisis de l’artiste Maxime Lamarche présentée lors de l’exposition Echo de garage et valse du décor, du 04 décembre 2015 au 20 janvier 2016, Galerie Houg Paris. 

Oeuvre : Crisis, 2015, Le Bessat, Tirage jet d’encre sur papier 120g, 4 plis croisés. Encadrement : Médium, verre, 100 x 70 cm, Signé, Numéroté / 30

Artiste : Maxime Lamarche, né en 1988. Vit et travaille entre Lyon et Saint-Chamond. Diplômé ENSBA Lyon en 2012.

Au monde de l’industrie, Maxime Lamarche, formé au génie mécanique des systèmes motorisés, a préféré les Beaux-Arts de Lyon et les espaces d’exposition. Ses œuvres puisent tout autant dans l’univers du monde automobile que dans celui de l’art. Il aborde dans son travail, par une analyse du rêve américain, à travers ses symboles et archétypes, notre culture devenue mondialisée. Maxime Lamarche décortique la vision progressiste de cette utopie industrielle et en révèle les incohérences avec beaucoup de pertinence et d’humour.

Propos de Maxime Lamarche recueillis le 09 janvier 2016 à la Galerie Houg :

« Le mythe de l’automobile fait partie de mon héritage. Je l’utilise, le détourne et m’en amuse. Ma formation de technicien me permet de travailler les matériaux comme la fibre de verre, la carrosserie ou la mécanique. Dans ma pratique, ma réflexion porte sur le détournement par l’hybridation de l’objet initial. En le plaçant dans certaines situations, ici un « bateau-voiture », je fais en sorte qu’il puisse être réinterprété.

Maxime Lamarche, Crisis, 2015, Sur la route Tirage jet d'encre sur papier 120g 4 plis croisés Encadrement : Médium, verre 100 x 70 cm
Maxime Lamarche, Crisis, 2015, Sur la route
Tirage jet d’encre sur papier 120g, 4 plis croisés

Crisis est un véhicule qui ne roule pas et ne flotte pas. Je le définis comme une sculpture car il ne peut être rien d’autre. Il s’agit d’une sorte d’épave que je mets en scène dans une image-poster. Je présente l’image pliée à la manière des posters que l’on trouve dans les magazines. Une présentation formelle qui se rapproche aussi de celles des cartes routières que l’on dépliait sur les capots pour trouver un itinéraire.

Maxime Lamarche, Les Méduses , 2014 67 x 25 x 15 cm (poids variable), Silicone 12 shore, colorant.
Maxime Lamarche, Les Méduses , 2014
67 x 25 x 15 cm (poids variable), Silicone 12 shore, colorant.

L’hybridation est aussi présente par le fait que je mets en scène dans un même espace d’exposition des pièces très différentes qui se répondent entre-elles : une image-poster, des capots de voiture, des bouées en silicone… Nous avons pour la plupart grandi devant les séries télé. La bouée molle en silicone est l’expression d’une combinaison entre la bouée de sauvetage rouge telle qu’on la voit, portée par Pamela Anderson, et le corps artificiel, siliconé, de l’actrice elle-même. La forme avachie des bouées parle du mythe américain déchu.

Maxime Lamarche, Accident de surface, 2015, Sculpture (moulages) Résine Polyester/fibre de verre, peinture auto customisée, 120 X 115 X 10 cm
Maxime Lamarche, Accident de surface, 2015, Sculpture (moulages)
Résine Polyester/fibre de verre, peinture auto customisée, 120 X 115 X 10 cm

Les trois capots sont en fibre de verre. Il sont issus du même moule dont l’empreinte vient du capot du bateau-voiture. Je pars toujours d’un élément que je prélève et sur lequel j’interviens. J’ai fait trois moulages identiques mais peint chacun d’eux avec une couleur différente. Les moulages sont ceux de paysages volcaniques. Par la combinaison entre le capot et la forme moulée, je conçois un nouvel objet. D’une manière symbolique, la forme du capot est celui de la Chevrolet 1964, une voiture dont la construction est antérieure à la grande crise pétrolière de 1973-74. Le bateau que j’ai présenté à I.A.C. de Villeurbanne (1) date sensiblement de la même période. Une période qui marque un profond basculement dans notre regard porté sur toute l’industrie pétrochimique.

Maxime Lamarche, Course contre l'orage, Sculpture, 2015, Bateau voilier 1978' en polyester tronçonné, cables, tendeurs, charnières, 6,50 X 2,40 x 4,70 m - IAC Villeurbanne
Maxime Lamarche, Course contre l’orage, Sculpture, 2015,
Bateau voilier 1978′ en polyester tronçonné, cables, tendeurs, charnières
6,50 X 2,40 x 4,70 m – IAC Villeurbanne

Je questionne notre héritage industriel et, à travers lui, la société moderne dans laquelle nous vivons et qui, étant devenue mondialisée, nous ne pouvons plus nous défaire.

En créant des motifs sur les capots de voiture, je voulais donner l’impression qu’ils étaient abîmés comme s’ils avaient subi une collision ou s’ils avaient été déformés par de la chaleur. En même temps, je voulais qu’ils paraissent neufs, rutilants avec une peinture typique des années 60, custom avec des dégradés. J’avais envie de confronter l’objet automobile avec le paysage. Cette série est aussi issue d’une hybridation née de l’incorporation d’une miniaturisation du paysage sur le capot moteur. Une combinaison qui reprend l’esprit tuning propre au monde de l’automobile.

En incrustant des paysages dans les capots, je mets en parallèle deux échelles tout en maintenant toujours présente la relation entre l’objet et l’environnement. Après chaque présentation des pièces dans un contexte d’exposition, en white cube ou dans un musée, je ramène l’objet en extérieur afin de le confronter justement à un paysage réel. Je fais alors une nouvelle prise de vue.

Beaucoup d’objets industriels sont abandonnés après leur utilisation dans la nature. Je travaille souvent avec des rebuts que je reconstruis puis que je remets en scène en extérieur afin de réaliser des photographies uniques.

La photographie du poster du bateau-voiture a été prise dans un champ au sommet du Pilat, des petits monts derrière Saint-Etienne. Je voulais qu’il surplombe le vallon et qu’il se découpe entre les prairies et le ciel.  Le lieu où il a été pris en photo est d’ailleurs à proximité d’anciennes remontées mécaniques abandonnées comme des friches modernes. Je l’incorpore dans un scénario de catastrophe, de crise exacerbée. »

(1) Exposition RDV-15, jeune création internationale, du 10 septembre au 08 novembre 2015, Institut d’art contemporain Villeurbanne/Rhône-Alpes. http://i-ac.eu/fr/expositions/24_in-situ/2015/292_RENDEZ-VOUS-15

Pour en savoir plus :

maxime-lamarche.com

galeriehoug.com

Visuels tous droits réservés Maxime Lamarche.