PIERRE BELLOT

PIERRE BELLOT

ENTRETIEN / Pierre BELLOT par Lola Grunwald

Lola Grunwald : Quel est ton parcours ?

Pierre Bellot : J’ai d’abord fait l’Atelier de Sèvres, ensuite une formation d’illustration à Corvisart pendant un an et enfin je suis rentré aux Beaux-Arts de Paris. Je suis arrivé avec une pratique plutôt dessin puis je me suis rapidement mis à la peinture. J’ai fait mes cinq années dans l’atelier de François Boisrond et ai obtenu mon diplôme en 2015 avec les félicitations. 

Comment as-tu géré ta sortie de l’Ecole, une étape qui peut être assez troublante spécifiquement pour les étudiants en arts qui se retrouvent soudainement sans atelier ?

Ça s’est plutôt bien enchaîné. Comme l’idée de payer un espace sans être sûr de vendre me paraissait très compliquée, l’alternative était de candidater à des résidences. Et je les ai toutes eues ! Pendant un an, je suis allé de résidence en résidence, dans des lieux différents, avec de nouvelles personnes. Ça m’a appris à travailler dans un autre contexte, avec une autre routine. Puis au bout d’un an, à changer de lieux tous les trois mois, j’ai eu besoin de développer mon travail sur la durée. Depuis 2016, je suis dans un atelier partagé à Vanves. 

Ta peinture est figurative, comment choisis-tu tes sujets ?

J’ai un gros dossier sur mon ordinateur avec énormément d’images collectées sur Instagram, Facebook, ou suite à des recherches précises sur Google. Parfois je vais trouver une image et la peindre immédiatement, ou alors je vais longuement chercher dans les dossiers qui inondent mon ordinateur. Mais pour un peintre figuratif ce n’est pas très original d’aller « glaner des images sur le web ». Selon moi c’est inévitable parce qu’on consomme ainsi. L’inspiration vient souvent d’Internet ou de nos téléphones, et c’est justement ça qui devient intéressant – quand tout le monde part de la même approche, de la même source d’inspiration, mais que le chemin entre cette recherche et le geste final est différent. 

Tu parles souvent d’anadiplose. Cette figure de style en littérature qui consiste à reprendre le dernier mot d’une phrase au début de celle qui suit.

Oui. Google incite vraiment à passer d’un sujet à l’autre. Tu tapes « tigre » et au bout d’un moment cela affiche « singe » – puis tu cliques dessus et ça amène ailleurs. La recherche peut vite dériver sans qu’on s’en rende compte. C’est un peu le même principe quand je peins, je commence une peinture et puis elle en enclenche une autre, et encore une autre… 

Lauréat de la 68ème édition de Jeune Création, tu présentes une exposition à la Galerie du Crous intitulée « Bonjour »1. Pourquoi ce titre ?

J’ai fait plusieurs petits tableaux qui reprenaient des scènes d’un film des années 50 du réalisateur Ozu. Ce film s’appelle « Bonjour ». En cherchant le titre de mon exposition, c’était assez évident de reprendre cette référence. Et puis je trouvais amusant et étrange ce « Bonjour » associé à la peinture que j’ai choisie comme visuel principal – un chat qui tient un gros citron jaune. 

Les peintures que tu as exposées sont très différentes de celles que tu avais présentées à Jeune Création. Ton approche a-t-elle changé ?

En ce moment je peints directement alors qu’avant je travaillais d’abord la composition sur Photoshop. Mes pièces sont moins photo-réalistes. Ensuite j’ai été très inspiré par ce mur-reproduction de l’atelier d’André Breton au Centre Pompidou. J’en ai fait une grande peinture…avec tous ces cadres, ces sculptures, ces objets. Et c’est un peu ce principe là que je reprends avec mes propres objets. J’ai aussi beaucoup regardé Matthias Weischer et les intérieurs de Matisse avec ces grands aplats de couleur. D’où cette envie de présenter un atelier bleu, un atelier vert… mais cette fois-ci avec mes matières, mes choses à moi. 

C’est une manière de commencer un travail plus personnel ?

Peut-être. Mais j’ai toujours autant de mal à peindre ce qui fait référence à une expérience personnelle. Je suis incapable de peindre une photo que j’ai prise en vacances en Inde alors je vais chercher une image qui y ressemble et tout devient possible car le sujet est moins intime. 

Entretien réalisé et écrit par Lola Grunwald © 

1 PIERRE BELLOT – BONJOUR – DU 05 AU 15/06 – GALERIE DU CROUS PARIS

Pierre Bellot
Né en 1990
Vit et travaille à Paris

www.pierrebellot.com

Actualités :
www.agenda-pointcontemporain.com/tag/pierre-bellot/

Pierre Bellot, exposition Bonjour, Galerie du CROUS Paris © Mélodie Lapostolle
Pierre Bellot, exposition Bonjour, Galerie du CROUS Paris © Mélodie Lapostolle
Pierre Bellot, exposition Bonjour, Galerie du CROUS Paris © Mélodie Lapostolle
Pierre Bellot, exposition Bonjour, Galerie du CROUS Paris © Mélodie Lapostolle
Pierre Bellot, exposition Bonjour, Galerie du CROUS Paris © Mélodie Lapostolle
Pierre Bellot, exposition Bonjour, Galerie du CROUS Paris © Mélodie Lapostolle