IRIS GARAGNOUX

Iris Garagnoux, Cytoplasme, 2019
Peinture acrylique, pigments et brique rouge sur toile de coton, 160 x 180 cm
Courtesy et photo Iris Garagnoux

PORTRAIT D’ARTISTE / Iris Garagnoux
par Daniel Guionnet (relecture Valérie Toubas)

Le point de départ du travail d’Iris Garagnoux est une impression, celle de se sentir étrangère à son propre corps quand lors des compétitions de gymnastique sportive, activité qu’elle a pratiquée pendant près de 10 ans, elle a eu ce ressenti très étrange de se dédoubler dans l’exécution des figures. Un sentiment de subir des métamorphoses successives, de s’accompagner dans la vitesse de l’action et de devenir elle-même multiple. Désormais étudiante en troisième année à l’isdaT, l’institut supérieur des arts de Toulouse, elle développe un travail plastique de peinture et d’installation, mais aussi de vidéo et de performance autour du corps, et notamment de tout ce qui se produit dans celui de l’athlète, de la tension de ses tissus, du contrôle de la respiration à la maîtrise d’un être en mouvement qui, se livrant au regard de l’autre, en devient spectaculaire. De cette période, ses œuvres ont gardé une mise en action, une dynamique que l’on définit par une « explosivité ». Le corps est vu comme un contenant à l’intérieur duquel des flux qui s’étirent ou se compriment, accumulant l’énergie nécessaire à l’effort.

Les matières textiles, tissus, nappes en nylon, plexiglas, sont pour elle un épiderme sur et dans lequel elle intervient. Par des effets de transparence, elle rend visible une intériorité organique qui n’est jamais figée, qui répond aux sollicitations et que l’on peut ausculter. Le rapport au vivant est omniprésent avec une recherche sur l’unicité qui renvoie à la cellule. L’artiste devient elle-même une sculpture animée avec Une ligne droite, un espace temps, une métamorphose (2018) en intégrant une enveloppe cellulaire dont la matière est de la toile cirée semi-transparente. 

Un corps qu’elle anime de mouvements lorsqu’elle fait appel à une performeuse ou qu’elle performe elle-même, une manière d’ « opérationnaliser la matière »¹. Elle retranscrit à travers ses œuvres ce corps énergique, protéen, qui ne cesse de muter dans l’effort, au gré des figures, qui se déforme soumis aux changements d’état de la matière corporelle. Des « réactions et des processus biologiques » qui ne sont pas perceptibles par celui qui les regarde car lors de la prestation d’une gymnaste, seule transparaît l’harmonie des figures, la grâce comme la force des mouvements dont le spectateur, plus ou moins averti, évalue le niveau de difficulté et la qualité de réalisation. Une appréciation d’abord visuelle, rythmée tout au long des enchaînements par les chocs sourds des impacts sur le sol. Celui indiciel de la rapidité de la course, celui sonore de l’impulsion, celui maîtrisé de l’arrêt qui marque la parfaite gestion de l’inertie.

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Extrait du portrait d’Iris Garagnoux réalisé par Valérie Toubas et Daniel Guionnet à retrouver dans son intégralité dans le numéro #13 de la revue trimestrielle Point contemporain disponible ici www.revuepointcontemporain.bigcartel.com/products

Iris Garagnoux
Née à Paris en 1995
Vit à Toulouse
Diplômée de l’isdaT, institut supérieur des arts de Toulouse
www.instagram.com/iris_gara/

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