19e Prix de la Fondation Ricard, « Les bons sentiments » [EN DIRECT DE L’EXPOSITION]

19e Prix de la Fondation Ricard, « Les bons sentiments » [EN DIRECT DE L’EXPOSITION]

Pour l’exposition du 19e Prix de la Fondation Ricard, le commissariat a été confié à Anne-Claire Schmitz(1).
Elle choisit de nommer l’exposition « Les bons sentiments », cherchant à situer la pratique des artistes exposés comme relevant « d’un rapport au monde franc, décomplexé et qui ose la célébration ». Six artistes participent à cette nouvelle édition : Deborah Bowmann, Pauline Curnier Jardin, Lola Gonzàlez, Thomas Jeppe, Caroline Mesquita et Zin Taylor.

Les sentiments en question

Expression ambigüe, les bons sentiments sont le plus souvent teintés d’ironie et expriment un va-et-vient entre intention sincère et réception critique. À l’inverse, la commissaire remarque que le bon, le vrai et l’honnête reprennent une place importante dans les pratiques contemporaines et cherchent à déjouer un certain esprit cynique. Cela situe une intention qu’il apparaît intéressant de réfléchir puisque Anne-Claire Schmitz nous y invite.

Le philosophe Alain Badiou, dans un entretien accordé en 2016(2), présentait l’art contemporain comme un art extrêmement conscient de lui-même, régi par un dogme de la non-naïveté, revenu qu’il serait d’un certain nombre de grandes théories artistiques du XXe siècle. Une « exaspération » de la critique semble devoir nécessairement aboutir à la recherche d’une nouvelle sincérité. Si cela s’exprime dans certaines pratiques artistiques contemporaines, c’est aussi le cas dans plusieurs essais récents de sciences humaines. Nous pensons ici par exemple à la réflexion autour de la notion d’empathie, à la réhabilitation de l’émotion dans la pensée morale occidentale ou auTraité des bons sentiments de Mériam Korichi paru en 2016.

La conservatrice et historienne de l’art Catherine Grenier écrivait, en 2008 déjà, un ouvrage intitulé La Revanche des émotions. Elle y observe que les moteurs de la création ont réhabilité l’affect, longtemps discrédité. Ainsi s’est opéré selon elle un passage du concept à l’affect, et cela contre la distanciation critique des avant-gardes qui a longtemps dominé. Ce phénomène ne concerne pas uniquement le champ artistique, « il correspond au contraire à l’exacerbation des sensibilités dans les sociétés de ce nouveau siècle. Le XXIe siècle est né sous l’emprise de l’émotion. (3)», écrit-elle.  Il apparaît pourtant en visitant l’exposition que les enjeux ne sont pas exactement de cet ordre. Peut-être que la phrase « Unfold the space that does justice to your body (Déplie l’espace qui rend justice à ton corps) », affichée sur l’une des vitres de l’installation de Thomas Jeppe offre une entrée pour le comprendre. Un affect mais travaillé à partir d’un certain nouage (d’un certain pliage) réflexif, une importance accordée au corps et un horizon politique.

La notion de sentiment, si elle peut apparaitre assez imprécise, trouve une puissance chez l’écrivain allemand Alexander Kluge, qui participe à la très remarquée exposition « The Boat is leaking. The captain lied » à la Fondation Prada à Venise. Dans son livre Chronique des sentiments, il écrit : « Les sentiments sont les vrais habitants des carrières humaines. […] ils sont partout, sauf qu’on ne les voit pas. Les sentiments font vivre (et forment) les institutions, ils sont impliqués dans les lois contraignantes, les hasards heureux, se manifestent à nos horizons.(4) » Pierre Deshusses dans sa préface au livre écrit : « Le sentiment, isolé dans des régions éthérées par une conception romantisée des affects, est ramené à sa cause première : la présence physique au monde. L’histoire officielle, qui met toujours en avant l’esprit décisionnaire, apparaît alors comme une suite de refoulements. […] Cette présence physique est partout même là où on l’attend le moins.(5) »

Les formes et leurs humeurs

L’idée d’une célébration employée par Anne-Claire Schmitz est particulièrement juste pour les oeuvres de Pauline Curnier-Jardin. Et l’exhumation de ces sentiments logés sous les grandes histoires dit quelque chose d’important pour son oeuvre. La vidéo Explosion ma baby, dernière pièce de l’exposition, forme une sorte d’abstraction lyrique, une émouvante chimère, où les images et les couleurs interviennent comme des spasmes. Pauline Curnier-Jardin y filme un rituel dont les coordonnées précises sont volontairement tues : chaque année sur la place d’un village, des parents soulèvent leur nouveau né dans les airs comme une offrande. La bande sonore dramatise les gestes qui s’impriment sur une pellicule à sensibilité élevée. L’artiste construit ce qu’elle nomme des « ultra-narrations », dans une esthétique pop qui fait naviguer la vidéo entre simulacre et histoire visuelle – en référence à un événement à la fois réel, anecdotique et intime.

Un mélange des genres est aussi à l’oeuvre chez l’artiste Caroline Mesquita. Elle présente pour l’exposition quatre pièces, quatre motos à l’esthétique rétro-futuriste dont chacune se singularise par un design particulier. Les sculptures exposent volontairement les marques de leur processus de production et allient une technique lourde faite de métal et d’acier à une dimension charnelle. Un imaginaire fait de corps, d’humeur, de virilité, de sensualité. Caroline Mesquita éprouve dans ses sculptures les densités, les volumes, les poids. La forme qui en résulte est une résistance à tout ce jeu de forces. Si il y a ici un changement par rapport à ses précédentes sculptures qui représentaient le corps humain, on retrouve l’intérêt de l’artiste pour la question du groupe, la dynamique de la relation et le théâtre des sculptures.

La communauté à l’oeuvre

« Les bons sentiments » est l’exposition d’un Prix, et la commissaire a veillé à ce que chaque artiste invité puisse déployer sa proposition artistique. Cette équité et son fractionnement en rend d’ailleurs l’exposition assez sage. Anne-Claire Schimtz n’en opère pas moins une coupe dans la jeune scène artistique contemporaine, et la question de la communauté se révèle être un lien profond entre les six artistes présentés.

L’installation placée à l’entrée de l’exposition, Proposal for Philippe Gaber, est l’oeuvre du duo d’artistes Deborah Bowmann. Créée par Amaury Daurel et Victor Delestre, l’entité Deborah Bowmann est aussi une galerie d’art ouverte depuis deux ans à Bruxelles. Les deux artistes pensent leur projet à la fois comme une grande sculpture vivante et comme une performance dont le texte est le business plan qu’ils ont écrit ensemble. Deborah Bowmann place la collaboration au coeur de ses activités. Et ce qui collabore, en premier lieu, c’est la pratique d’exposition via la galerie d’art et la pratique artistique. En choisissant d’agir comme une entité entrepreneuriale avec la création d’une marque, ils s’approprient les codes de la stratégie commerciale. L’enjeu pour eux est de réfléchir à la question de la représentation en investissant ce qu’ils nomment une exagération de la représentation par la marketisation d’un artiste. Ainsi Proposal for Philippe Gaber expose les écharpes du designer Philippe Gaber. L’oeuvre consiste en des éléments de présentation qui miment les environnements produits dans les vitrines de magasin.

Avec Deborah Bowmann, le postulat au départ de l’exposition autour de l’idée de « bons sentiments » semble perdre de son sens pour laisser la place à une certaine ironie. Les artistes optent pour la stratégie de l’infiltration afin d’interroger certains modes contemporains de production. Pour cela ils ont construit une entité, à la fois collective et impersonnelle. Est à l’oeuvre ce que Béatrice Gross appelle la collectivité réelle de l’oeuvre contemporaine, de sa genèse à sa réception. Dans sa « Brève histoire de collectif d’artiste(s) depuis 1967 (6) », elle écrit que le collectif ne pose pas tant la question de la genèse auctoriale de l’oeuvre, que celle de la dialectique de l’autonomie et de l’hétéronomie de l’art. Elle active l’évaluation critique de l’oeuvre dans son rapport au réel. Le collectif est souvent le lieu d’un antagonisme entre des conceptions stratégiques et des conceptions artistiques. Et c’est peut-être l’équilibre entre ces positions qui interroge dans la proposition de Deborah Bowmann pour l’exposition. « C’est un peu plus que juste de la résistance des oeuvres d’art – qui est une question un peu ancienne – on est intéressé par le moment de crise, le moment où on ne peut plus parler de résistance (7) ».

La communauté est au coeur des vidéos de Lola Gonzalez. Elle y filme un groupe de jeunes gens, souvent les mêmes, ses amis, qu’elle constitue en corps collectif. Un événement a (eu) lieu sans que celui-ci ne soit clairement identifié. Il se révèle par ce qui arrive aux personnages, par les gestes que ceux-ci opèrent pour y répondre. Dans Rappelle-toi de la couleur des fraises et Véridis Quo, c’est la vue des personnages qui est atteinte. Dans l’un leur perception des couleurs est altérée, dans l’autre la cécité les frappe. Et dans Les Anges, c’est la capacité à marcher qui leur a été enlevée et qu’ils ont à réapprendre. Des côtes bretonnes à l’ouest américain, le paysage tient à chaque fois une place importante : objet de contemplation, scène d’apprentissage, totalité inquiétante. Aucune parole n’est prononcée mais des signes sont à répéter, interpréter, développer.

L’origine de ce qui a lieu fait défaut. Mais c’est ce qui fait la force de la communauté en acte dans les vidéos de Lola Gonzalez. S’active ainsi la constitution d’un « nous » qui ne se définit pas mais s’éprouve par la densité des liens qui le composent. Les vidéos de Lola Gonzalez trouve une belle résonance dans la réflexion tissée par Marielle Macé dans un récent numéro de la revue Critique. Dans son texte, Marielle Macé oppose une conception nominale du « nous » qui pose la question « qui ? » et s’inscrit dans une compréhension identitaire, à une conception pronominale qui demande plutôt « quel genre de forme il est, et comment il se fait et défait, comment on s’y adosse, comment on s’en échappe […](8). » Lola Gonzalez oeuvre en poète, travaillant les situations ouvertes par le partage d’un commun, qu’il soit positif ou négatif.

Dans la deuxième vidéo de Pauline Curnier-Jardin présentée dans l’exposition, Blutbad Parade, c’est la dimension opératique qui fait la communauté. Performance, parole, plastique des couleurs, musique, corps des acteurs entrent dans une conversation. L’artiste mêle dans son travail arts visuels et arts vivants pour former une scène hybride, rappelant ce que Jacques Rancière écrivait au sujet de la scène chorégraphique comme « une nouvelle scène de l’égalité où des performances hétérogènes se traduisent les unes dans les autres(9). » Dans Blutbad Parade, l’artiste raconte un fait de guerre ayant eu lieu à Karlsruhe en 1916, le bombardement par l’aviation française d’un cirque et de son public composé de familles. L’artiste dans la vidéo leur redonne vie.

Pour Pauline Curnier-Jardin, la vidéo est un espace de vérité où le rapport entre histoire officielle, personnelle et universelle est déhiérarchisé. Le cirque qu’elle reconstitue est investi pour ses dimensions fantasque et exutoire, mis au service ici d’une histoire tragique. Le dispositif du cirque l’intéresse à plusieurs endroits : il est très stylisé, proche de l’art total, populaire et non artistique, il rassemble un public très large et a été un des premiers lieux où l’on montrait de la vidéo. Le cirque est un espace où se réalisent des choses spectaculaires, « mais qui sont mises à l’épreuve d’un échec possible, ou qui sont toujours tentées d’échouer. Le cirque, c’est quand même l’endroit où ça échoue(10). »

Editer nos contenus

Zin Taylor, quant à lui, travaille à partir d’un alphabet de formes : la ligne et le point, avec lesquels il revisite l’histoire de l’art. Par sa pratique du dessin, il cherche à traduire la pensée en langage visuel, à faire de la pensée quelque chose que l’on regarde. Le dessin mural Thoughts of a Dot as it Traverses a Surface (The Workshop / Studio Void) s’expose dans une dimension ludique proche de la bande dessinée. Le personnage élastique mis en scène est un prétexte créé par l’artiste pour déplier le langage. Au mélange des genres répond ici un monde en relation.

Thomas Jeppe propose avec Mechanism, Palais Royal et Young Nomads une installation particulièrement intéressante placée au centre du premier espace d’exposition. Elle fonctionne comme un activateur de sens et se joue autour de la question de l’édition. Thomas Jeppe devient le commissaire de l’exposition miniature qu’il nous propose. C’est le corps qui travaille la notion de commun ici et notamment le corps du visiteur qui entre dans l’espace pensé par l’artiste et relie les différents objets qui le composent. On pénètre ainsi à l’intérieur d’un cheminement, une histoire de voix. Thomas Jeppe convoque différentes figures qui interviennent soit par une invention scientifique, un objet sonore ou une philosophie de combat. Il met ainsi en exergue une série opérations : enregistrer, traduire, détourner, diffuser. La pratique de Thomas Jeppe est éditoriale. Il réagence du contenu, s’intéresse à des liens souterrains et propose des lectures alternatives.

Parmi ses pièces se trouvent plusieurs affiches : une série de photographies légendées, premières oeuvres que l’on rencontre dans l’exposition, et trois affiches disposées dans l’installation. Les textes s’adressent à une jeunesse, cherchant à la fois à la célébrer et la comprendre. « Qui n’aimerait pas flotter, libéré de relations de forces et de confrontations ? Qui n’adorerait pas s’évader de la gravité, cette magie de l’équilibre entre le cérémonial et le bordélique, le sauvage et l’élégant ? », est-il écrit sur l’une d’entre elles. Il y est question de désir complexe, de fluidité, de précarité. La danse, la nuit, les clubs tiennent une place importante et certaines phrases sonnent comme des appels à l’insurrection. Thomas Jeppe s’inspire de la pensée du philosophe Gilles Châtelet, proche de Deleuze, et de son texte Vivre et philosopher comme des porcs. Celui-ci critiquait notamment la volonté d’un certain rationalisme à édulcorer la dynamique des instincts. Sur les affiches de Thomas Jeppe est reprise la formule de Châtelet « moins de vogues plus de vagues ». Nos émotions quand on les performe peuvent devenir politiques.

(1) Anne-Claire Schmitz est la directrice de La Loge, qu’elle a fondé en 2012, un espace à but non lucratif bruxellois dédié à l’art contemporain, à l’architecture et à la théorie. Auparavant, elle a été commissaire au Witte de With, Centre d’art contemporain à Rotterdam.
(2) « Alain Badiou. Exaspération du moderne », art press, n°429, janvier 2016
(3) Catherine Grenier, La Revanche des émotions, Paris, Seuil, 2008, p.10 Ibid., p.10
(4) Alexander Kluge, Chronique des sentiments, Paris, Gallimard, 2003
(5) Ibid., p.10
(6) Béatrice Gross, « Brève histoire de collectif d’artiste(s) depuis 1967 », Cahiers du Musée national d’art moderne n°111, Printemps 2010
(7) Interview de Deborah Bowmann réalisée par Queenie Tassell, webzine Le Chassis, 2016
(8) Marielle Macé, « Nouons-nous », Critique n°841-842, Paris, Minuit, 2017, p.476
(9) Jacques Rancière, Le Spectateur émancipé, Paris, La Fabrique, 2008, p.28
(10) Propos de l’artiste, diffusés dans la vidéo mis en ligne par la Fondation Cartier à l’occasion des Soirées nomades auxquelles l’artiste a participé en avril 2015

 

Texte Hélène Soumaré © 2017 Point contemporain


Infos pratiques

«Les Bons Sentiments», 19e PRIX FONDATION D’ENTREPRISE RICARD

Du lundi 04 septembre 2017 au samedi 28 octobre 2017

Une proposition de Anne-Claire Schmitz.

Du mardi au samedi. (Fermeture : lundi et jours fériés.)
Entrée gratuite, de 11h à 19h

Visites commentées : Mercredi à 12h30 et Samedi 12h30 et 16h00

Fondation d’entreprise Ricard
12 rue Boissy d’Anglas, 75008 Paris. 1er étage.


Deborah Bowmann (Duo)
Amaury Daurel, né en 1990 à Bordeaux, vit entre Bruxelles et Bordeaux et Victor Delestre, né en 1989 à Bordeaux, vit entre Bruxelles et Bordeaux.
deborahbowmann.com

Pauline Curnier Jardin
Née en 1980 à Marseille, vit et travaille à Amsterdam et à Berlin.
Représentée par la galerie Ellen de Bruijne Projects, Amsterdam.

paulinecurnierjardin.net

Lola Gonzàlez
Née en 1988 à Angoulême, vit à Paris.

www.lola-gonzalez.com

Thomas Jeppe
Né en 1984 en Australie, vit à Paris.

Résidence à la Cité Internationale des Arts de Paris en 2016.
Actuellement en résidence au DOC à Paris Belleville
www.thomasjeppe.com

Caroline Mesquita
Née en 1989 à Brest, vit à Paris.
Représentée par les galeries Carlier Gebauer, Berlin et Union Pacific, Londres.
www.carolinemesquita.net

Zin Taylor
Né en 1978 à Calgary – Canada, vit à Paris.

Résidence à la Cité Internationale des Arts de Paris en 2016.
Représenté par la galerie Supportico Lopez, Berlin.
www.zintaylor.com

Visuel de présentation : Les Bons Sentiments, Vue d’exposition. Tous droits réservés Aurélien Mole / Fondation d’entreprise Ricard.

 

Vue de l'exposition «Les Bons Sentiments», 19ème Prix Fondation d'Entreprise Ricard. Proposal for Philippe Gaber, de Deborah Bowmann Photographie : Aurélien Mole / Fondation d'entreprise Ricard
Vue de l’exposition «Les Bons Sentiments», 19ème Prix Fondation d’Entreprise Ricard.
Proposal for Philippe Gaber, de Deborah Bowmann
Photographie : Aurélien Mole / Fondation d’entreprise Ricard

 

Pauline Curnier Jardin, Blutbad Parade, 2014. Film, installation 2014 - about 30 min Video HD transfered on dvd, Colour/PAL.
Pauline Curnier Jardin, Blutbad Parade, 2014.
Film, installation – about 30 min
Video HD transfered on dvd, Colour/PAL.

 

Lola Gonzàlez, Les anges, 2017. Vidéo couleur HD, 14'
Lola Gonzàlez, Les anges, 2017. Vidéo couleur HD, 14′

 

Thomas Jeppe, Mimetic Club Bulletin #13: 1 of 3.
Thomas Jeppe, Mimetic Club Bulletin #13: 1 of 3.

 

Caroline Mesquita, Vue de l'exposition «Les Bons Sentiments», 19ème Prix Fondation d'Entreprise Ricard. Proposal for Philippe Gaber, de Deborah Bowmann Photographie : Aurélien Mole / Fondation d'entreprise Ricard
Caroline Mesquita, Vue de l’exposition «Les Bons Sentiments», 19ème Prix Fondation d’Entreprise Ricard.
Proposal for Philippe Gaber, de Deborah Bowmann
Photographie : Aurélien Mole / Fondation d’entreprise Ricard

 

Vue de l'exposition «Les Bons Sentiments», 19ème Prix Fondation d'Entreprise Ricard. Proposal for Philippe Gaber, de Deborah Bowmann Photographie : Aurélien Mole / Fondation d'entreprise Ricard
Vue de l’exposition «Les Bons Sentiments», 19ème Prix Fondation d’Entreprise Ricard.
Proposal for Philippe Gaber, de Deborah Bowmann
Photographie : Aurélien Mole / Fondation d’entreprise Ricard