[EN DIRECT] Art Paris Art Fair fait la part belle à l’Afrique
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Avec plus de 130 galeries participantes d’une trentaine de pays différents, l’édition 2017 de Art Paris Art Fair fait la part belle à l’Afrique en confiant à Marie-Ann Yemsi, consultante culturelle et commissaire d’exposition indépendante, l’éclairage de cette scène désormais incontournable de la création contemporaine.
Un pari réussi au vue de la première impression qui nous saisit dès qu’on pénètre sous la verrière du Grand Palais : l’art contemporain a réussi à recouvrer une forme d’unité que nous pensions rendue impossible en raison de la diversité, sinon des divergences et orientations qu’il a prises depuis l’après-guerre.
Aux propositions souvent disparates qu’offrent les foires d’art contemporain se retrouve au contraire sur Art Paris Art fair un engouement général vers des esthétiques qui ont réussi à trouver nombre de dénominateurs communs. À tel point que le vaste espace de 6 500m² du Grand Palais est pour quelques jours devenu un supercontinent de l’art contemporain. Cette édition signe par bien des aspects la volonté de retrouver dans l’art contemporain des valeurs communes d’unité, de rassemblement, de partage, auxquelles les autres sphères, sociales ou politiques, tiraillées par leurs trop nombreuses contradictions, n’ont su répondre depuis plusieurs décennies. Une édition au sein de laquelle on peut ressentir des moments de réelle excitation, une effervescence générale sur des stands qui, pour beaucoup, ont ouvert leurs cimaises à ce souffle nouveau venu du continent africain.
Une majorité de galeries occidentales ont accueilli cette année de l’Afrique en France en ouvrant leurs propres programmations ou en s’ingéniant sur leurs cimaises à répondre à son esprit. Que ce soit par des références historiques, de simples détails ou par des évocations plus directes comme sur le stand de la Galerie ALB Anouk Le Bourdiec avec la préscence d’une hyène, principal prédateur des félins d’Afrique, aux côtés des personnages hyperréalistes de The Kid, ou dans l’espace de la Galerie Rabouan Moussion avec la sculpture de Christian Gonzenbach (Bottes, 2009) réalisée en peau d’autruche. Des références qui soulignent combien l’art moderne et contemporain s’est toujours profondément inspiré des arts africains comme nous le rappellent les figures du peintre cubain Wifredo Lam (Galerie Thessa Herold, Paris) pour ne citer qu’elles.
Deux tendances majeures se retrouvent dans le foisonnement des œuvres présentées. La première est un retour à la matière. Une matière, dense et colorée, et même lourde, avec cette nécessité de recouvrer un lien fort avec les éléments fondateurs de la vie, la terre, l’eau, le feu comme chez la Galerie ABC-ARTE (Gênes) qui présente un Livre brulé (1974) de Bernard Aubertin. L’œuvre Vario diafano de Simone Pellegrini (Montoro12 Contemporary Art Gallery, Rome) offre une vision d’un monde pris dans un grand principe régénérateur. Un rapport avec la matière qui nous est donné par King Houndekpinkou (Galerie Vallois, Paris) qui conçoit des vases en grès noir de Lanzarote qui sont pour l’artiste les manifestations de cette « trace que l’on laisse sur la terre ». Des œuvres dont on peut voir le lien avec le territoire comme avec le livre-sculpture de l’artiste Patrick Joël Tatcheda Yonkeu présenté par la Fondation Donwahi d’Abidjan et la Galerie MAM (Douala) ou encore avec l’environnement par les méduses et poissons réalisés en filets de pêche de Ellarose Savage sur le stand de la Galerie Arts d’Australie • Stéphane Jacob.
Un lien avec la matière qui assure et renforce une deuxième tendance avec un retour à la spiritualité. Une volonté marquée de renouer des liens forts avec les énergies, les fortes puissances telluriques qui nous unissent avec notre environnement. Des principes mécaniques liés aux représentations ou émotions que l’on retrouve dans les allégories de Mohamed Lekleti sur le stand de la Galerie Dupré & Dupré (Béziers) et Galerie D.X (Bordeaux). Dans les œuvres de J Young se retrouve un lien très fort avec la tradition coréenne, notamment au travers de gestes ancestraux comme ceux du pliage et de l’assemblage. Le lien avec l’artisanat ou le geste ancestral se ressent aussi dans le travail sur soie de Billie Zangewa présentée par AFRONOVA Gallery de Johannesburg. Un rapport avec le geste de couture que l’on retrouve également dans les oeuvres de Nnenna Okore (October Gallery, Londres) qui allient éléments en céramique et toile de jute, des pièces qui dialoguent avec justesse avec les célèbres figures en bidons de plastique recyclés du plasticien béninois Romuald Hazoumè.
Texte Point contemporain © 2017









