A Cultural Interpretation of Stone

A Cultural Interpretation of Stone

Vincent Pajot, Cosmic Microwave Background 2019
Porcelaine émaillée 16 x 30 cm. Courtesy artiste

EN DIRECT / Exposition A Cultural Interpretation of Stone Part. 1, Le Cabinet d’Ulysse, Marseille
commissariat Marta Jecu

Cette exposition est la 1ère partie d’un projet plus vaste consacré aux approches artistiques de la pierre et est le résultat d’une double intérêt : d’une part pour la persistance de certains matériaux dans l’art – le plus paradigmatique étant la pierre, d’autre part pour la capacité de transformation et le caractère hybride de cette matière. Plus ancien support d’information de l’humanité et matière artistique primordiale, la pierre exerce une profonde fascination jusqu’à nos jours.

L’exposition se propose d’offrir une approche interdisciplinaire de la pierre, qui l’analyse sous différents angles, en tant que produit d’accidents cosmiques, géologiques et (plus récemment) technologiques et en tant que générateur de contenus culturels. Dans les œuvres présentées dans cette exposition, les artistes explorent la pierre comme moyen d’accéder au passé et à ses strates sédimentaires d’information, considérées comme un fondement de la réalité dans laquelle nous vivons : soit géologique, archéologique, ou culturelle. En même temps, il est remarquable de constater que la pierre demeure omniprésente, une entité hybride, entre réel et virtuel, concret et numérique.

Vincent Pajot travaille sur des données astronomiques scientifiques essentielles pour déterminer l’origine des structures cosmiques. Comme on peut le lire dans la fiche d’exposition accompagnant son installation, il a transposé le fond cosmologique des micro-ondes, également connu sous le nom de rayonnement fossile (un rayonnement électromagnétique émis à un stade précoce de l’univers) en une forme perceptible dans son installation murale. Les pièces de porcelaine traduisent plastiquement les variations de température de ce rayonnement en différences de niveau. La vidéo-projection qui accompagne ces oeuvres constitue une mise en scène dans laquelle un astéroïde pénètre dans l’atelier de l’artiste et déstabilise physiquement et psychologiquement la réalité vécue.

Les tableaux de Stéphane Raynal offrent une perspective géologique : la terre est présentée de l’intérieur comme un conglomérat de fossiles et de vestiges immémoriaux.   La terre, le métal et la pierre semblent à la fois organiques et inorganiques, émergeant d’une accumulation constante de matière et de temps en une masse sans échelle, infinie et indéfinie, qui engendre des formes et des substances imprévisibles.

Gilles Zark propose une vue aérienne d’un territoire, qui génère des images de la terre, qu’il s’agisse d’images intérieures, comme des hallucinations provoquées par notre imagination ou des représentations transmises par la technologie (un logiciel de cartographie utilisé par les satellites). Dans cette série d’oeuvres peintes, Territoires non cartographiés, l’artiste conserve la bi-dimensionnalité des représentations cartographiques, mais emploie des couleurs inhabituelles associées aux relevés des reliefs enregistrés par les satellites. Ces images sont le résultat d’un territoire perçu en mouvement, à des vitesses variables, via des dispositifs numériques de haute technologie, qui modifient notre perception du réel.

Dans l’oeuvre Plein Soleil, Ludovic Sauvage projette un ensemble de 81 diapositives, photographies de paysages du sud de la France. Le disque blanc (résultat d’une oblitération de l’image effectuée par l’artiste avec une poinçonneuse) produit sur le spectateur un trouble intense, presque un aveuglement. Il rappelle le punctum de Roland Barthes, un détail, un hasard, une blessure qui attire l’attention, point au travers duquel on projette un peu de nous-même dans l’image, ce mystère présent dans chaque photographie. En même temps, il rappelle aussi le scotome – le minuscule point aveugle de l’oeil humain , une tâche dans le champs visuel. Tout comme le scotome, les images de Ludovic Sauvage montrent que la perception contient la non-perception, et que le visible contient d’innombrables informations, d’histoires et de temporalités invisibles dont il ne subsiste qu’une vague impression.

David Casini rappelle l’importance de la pierre dans le contexte de l’histoire de l’art, plus précisément celui de la Renaissance. Dans sa série de 3 sculptures Geometrie per un canone, il interprète l’ensemble sculpté Lamentation sur le Christ mort de Niccolò dell’Arca, daté de 1463, localisé dans l’église Santa Maria della Vita de Bologne, en une installation complexe basée sur des principes géométriques et gestuels. La pierre et le marbre en particulier restent au centre de ce travail. Les marbres de la Renaissance (ou leurs reproductions peintes intégrées à l’architecture) se référaient à l’esthétique de l’Antiquité et constituaient en même temps les premiers tableaux autonomes non figuratifs de l’art occidental. De même, dans sa pièce murale, faisant allusion à Madonna della Misericordia (1445-1463) de Piero della Francesca, David Casini dispose une pierre, qui semble extraite d’un cabinet de curiosités, au centre d’un dispositif abstrait, image d’une esthétique conceptuelle et contemporaine. Marta Jecu

Ludovic Sauvage Plein soleil 2014. Diaporama, 81 diapositives perforées
Ludovic Sauvage Plein soleil 2014. Diaporama, 81 diapositives perforées. Courtesy artiste
David Casini Geometrie per un canone rovesciato III 2015 Laiton, porcelaine, plexiglas, impression sur papier métal, béton poli, 53 x 25 x 25 cm. Courtesy artiste
David Casini Geometrie per un canone rovesciato III 2015 Laiton, porcelaine, plexiglas, impression sur papier métal, béton poli, 53 x 25 x 25 cm. Courtesy artiste
Stéphane Raynal Sans titre 2019 Dispersion et huile sur papier 130 x 122 cm
Stéphane Raynal Sans titre 2019 Dispersion et huile sur papier 130 x 122 cm. Courtesy artiste

A Cultural Interpretation of Stone Part. 2 sera présentée à la galerie Espaço Se da Costa, à Lisbonne, du 5/01 au 15/02/2020.

A CULTURAL INTERPRETATION OF STONE PART. 1 – 30/11 AU 11/01 – GALERIE LE CABINET D’ULYSSE, MARSEILLE

A CULTURAL INTERPRETATION OF STONE PART. 1 – 30/11 AU 11/01 – GALERIE LE CABINET D’ULYSSE, MARSEILLE
avec David Casini, Vincent Pajot, Stéphane Raynal, Ludovic Sauvage, Gilles Zark