[EN DIRECT] Wade Guyton au MAMCO à Genève

[EN DIRECT] Wade Guyton au MAMCO à Genève

Faisant directement suite à l’exposition présentée au Consortium de Dijon, l’exposition éponyme de Wade Guyton actuellement présentée au MAMCO, à Genève, est une version actualisée de la première dans laquelle une trentaine d’œuvres inédites sont montrées dans un espace entièrement repensé et réaménagé pour l’occasion – ce dernier à en effet été entièrement vidé et permet à l’ensemble des œuvres présentées de prendre une dimension quasi-monumentale.

Dans un entretien datant du mois d’avril 2016 avec Nicolas Trembley, curator invité pour les deux expositions, l’artiste américain explique  » Les premiers travaux que j’ai réalisés sur ordinateur, c’était comme de l’écriture, le clavier remplaçant le stylo. Au lieu de dessiner un ‘X’, j’ai décidé d’appuyer sur une touche. » En décidant de travailler directement avec des machines et plus particulièrement avec des imprimantes jets d’encre, l’artiste américain change radicalement les codes de la peinture en en modifiant les modes de production. Car c’est bien là que se situe son œuvre, dans un héritage direct de la peinture. Une œuvre jouant avec les codes figuratifs que nous connaissons et collons au médium peinture (la peinture serait une fenêtre vers l’extérieur, productrice d’une image nourrie par le regard de l’artiste) et ceux de la peinture non-figurative – du monochrome et de la répétition d’un motif par exemple.

 

Vue partielle de l'exposition de Wade Guyton, MAMCO, 2016. Photo : Annik Wetter — MAMCO, Genève
Vue partielle de l’exposition de Wade Guyton, MAMCO, 2016.
Photo : Annik Wetter — MAMCO, Genève

 

Wade Guyton part d’images. Des images d’atelier qu’il fait de ses propres œuvres mises en situation et qu’il imprime ensuite plusieurs fois sur un même support. Au sein de l’exposition, une image, une vue d’atelier sert de motif et de support à une grande partie des autres peintures présentées dans l’exposition. L’image produite par l’artiste et qui est présentée au regardeur est celle d’une sculpture réalisée par lui-même à partir de l’armature tubulaire d’une chaise de Marcel Breuer qu’il a modifiée et posée sur le parquet de son atelier. En arrière-plan, une partie d’une des peintures provenant de la série des Black Paintings (non visible dans l’exposition) ainsi qu’un morceau de mur servent de toile de fond à la photographie de l’œuvre en question. D’autres images réalisées dans un environnement voisin à celle décrite précédemment nourrissent l’exposition, des vues rapprochées du sol de son atelier ainsi que des zooms numériques dans les fichiers qu’il va imprimer.

L’artiste joue avec la technologie et ses défauts. L’imprimante crée de la matière, l’encre coule, les images – découpées et devant être recollées par l’impression – se retrouvent séparées par des bandes blanches aléatoires plus ou moins larges. Le pli du support (de la toile), participe également au motif de chacune des peintures présentées puisque celui-ci se trouve être obligatoire pour permettre l’impression des différentes images ; une manipulation supplémentaire qui crée des aspérités et un motif non contrôlé dans l’ensemble des peintures.

Bien que ses œuvres soient des impressions de photographies faites par l’artiste, ce dernier les qualifie de peintures. Et il est bien question de peinture dans l’œuvre de Wade Guyton, tant l’artiste, en appréhendant ce médium de manière conceptuelle, participe à un renouveau des pratiques picturales contemporaines, tout en questionnant les notions de reproductibilité de l’œuvre, de l’unicité et du contemplatif. Héritier des pratiques picturales développées par des artistes comme Christopher Wool et Andy Warhol, mais aussi Claude Monet et Giorgio Morandi, l’artiste américain nous projette dans un espace intime, celui de l’atelier, qu’il décline sous de multiples formes tout en nous proposant un point de vue unique. Dans la sérialité et la répétition de ce même motif, l’abstraction se crée. L’abstraction, c’est également celle du pixel élargi et que nous retrouvons sur différentes toiles de l’artiste à des dimensions quasi-monumentales. Des zooms numériques faits dans ses propres images qui ne laissent apparaître que des formes géométriques indéterminées et dont la répétition complète l’œuvre picturale de l’artiste.

Alex Chevalier, Faire l’abstraction, novembre 2016

 

Visuel de présentation : Wade Guyton, Untitled, 2016, courtesy l’artiste, New York. Photo : Annik Wetter — MAMCO, Genève

Pour en savoir plus sur l’exposition :
[AGENDA] 12.10→29.01 – Wade Guyton – MAMCO Genève

Pour en savoir plus sur l’artiste :