[FOCUS] Nelly Monnier, Paintball Gang

[FOCUS] Nelly Monnier, Paintball Gang

Focus sur la série Paintball Gang de l’artiste Nelly Monnier présentée à l’occasion de l’exposition Girls : « En équilibre sur la fine pointe de l’instant », du 04 février au 29 mars 2016 à la Galerie Metropolis Paris.

Artiste : Nelly Monnier. Diplômée de l’ENSBA Lyon (2012)

Oeuvre : série Paintball Gang, gouache sur papier, 25 x 35 cm.

 

Une piscine qui rappelle un lac au sein d’un paysage, un terrain vague qui devient un terrain de paintball ou une vallée sur laquelle vient se superposer un circuit de randonnée, Nelly Monnier, par la pratique du dessin et de la peinture, interroge la manière dont les paysages sont occupés ou transformés par l’homme. Ses oeuvres explorent le lien entre le monde du loisir ou du tourisme et le paysage naturel.

Propos de Nelly Monnier recueillis le 11 mars 2016 à la galerie Métropolis Paris :

« Mon questionnement porte sur la manière dont les gens trouvent des formes de divertissements au sein d’un paysage, dont ils entrent en communication au moyen d’une activité et du rapport particulier qu’ils entretiennent avec leur territoire.

Je mets en parallèle des architectures isolées et des paysages. Le paysage est traité en nuances tandis que ce qui se rapporte à la grille architecturale ou aux activités humaines est plus vif, condensé et plane. Dans la série Technique et sentimentalisme, je trace par exemple sur le paysage des itinéraires sportifs, des cartographies qui se superposent à des environnements plus atmosphériques, qui peuvent renvoyer à une forme de subjectivité.

Je m’intéresse particulièrement à des loisirs assez modestes mais qui appellent à l’imagination de ceux qui les pratiquent. Le paintball est l’exemple typique car il nécessite d’être créatif. J’ai commencé la série Paintball Gang en 2014, à un moment où j’ai commencé à faire de la route en France. Les adeptes de cette activité composent de véritables petits parcs à thème, faits de constructions qui portent des noms et des signes facilement identifiables. Par les formes architecturales que les joueurs construisent, les terrains de paintball sont bien souvent une variation de petits villages avec une église, une école, des maisons, et qui seraient pris dans une guerre civile. Certains évoquent clairement des épisodes historiques alors que d’autres sont plus évasifs ou suivent un modèle fictif assez proche de celui des jeux vidéos.

Nelly Monnier, Série Paintball Gang, 2016
Nelly Monnier, Série Paintball Gang, gouache sur papier 2016

 

Malgré cette volonté d’évoquer le conflit dans ces différentes constructions, leur apparence générale évoque surtout la cabane que l’on veut construire dans son jardin, à huit ans, avec les moyen du bord. A la galerie Metropolis, si on regarde la sélection de gouaches Paintball Hut sans avoir lu le titre des oeuvres, on est en présence d’une déclinaison autour de l’abri, et du caractère intemporel qu’on lui connaît.

Le paysage est effacé afin de faciliter la lecture des ressemblances et particularités de ces constructions. La gouache, adaptée au petit format, renverse le principe du paintball : une construction destinée à recevoir de la peinture.

Quand je me rends sur les terrains de paintball, une fois qu’il n’y a plus de joueurs, ils prennent une nouvelle dimension. C’est comme une exposition en plein air, avec toute une collection d’architectures réinventées. Les formes sont très créatives, construites avec très peu de matériaux. La plupart des abris sont faits à partir de palettes sur lesquelles viennent s’ajouter des éléments un peu plus particuliers, souvent en lien avec leur environnement immédiat, qu’il soit naturel, industriel ou parfois militaire. S’ils se situent à côté d’une base nautique, il y aura sûrement des barques ou des canoës, s’ils sont proches d’une gare de triage, on retrouvera des éléments liés aux chemins de fer. Dans les détails, chacun a sa petite particularité. La peinture est décorative ou purement usuelle, certains installent des drapeaux alors que d’autres mettent des fleurs en plastique aux fenêtres des habitations. Il y a cette inventivité que l’on a pu avoir enfant, et que des groupes d’adultes redéploient quand ils sont en week-end.

Nelly Monnier, Série Paintball Gang, 2016
Nelly Monnier, Série Paintball Gang, gouache sur papier 2016

 

Mon travail porte sur le condensé d’architectures présent dans ces terrains, la manière dont les habitants de zones le plus souvent rurales s’approprient l’idée d’une ville en conflit.

Parallèlement à l’exposition Girls, et presque par hasard, j’ai participé à la construction d’un parcours de paintball dans un centre d’art. Il s’agissait du Confort Moderne à Poitiers (1). L’exposition a été inaugurée par une session de jeu dans un espace où des modules de paintball ont été fabriqués pour l’occasion, à partir des réserves de l’Entrepôt-galerie. Pendant tout le mois qu’a duré l’exposition, les visiteurs entraient dans un espace où les murs comme les oeuvres avaient été repeints durant le vernissage. Cette idée étant née après la visite de terrains de jeu, cette exposition était finalement une manière de renverser la situation, et de refermer la boucle. »

Vue d'exposition Girls galerie Metropolis 2016
Vue d’exposition Girls galerie Metropolis 2016

 

(1) Distopark exposition collective avec Chloé Dugit-Gros, Francois-Noe Fabre, Nelly Monnier, Samir Mougas, Kevin Rouillard et Eric Tabuchi du 13 février au 13 mars 2016, Entrepôt-galerie Le Confort Moderne, 185 rue du Faubourg du Pont-Neuf, Poitiers : http://www.confort-moderne.fr/fr/archives/event/Distopark

 

Visuels tous droits réservés. Courtesy Galerie Metropolis Paris

 

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