WHEN MECHANICS FAIL, UN PROJET CURATORIAL PROPOSÉ PAR MORGANE PORCHERON & ÉRIC GANDIT À ARONDIT PARIS

WHEN MECHANICS FAIL, UN PROJET CURATORIAL PROPOSÉ PAR MORGANE PORCHERON & ÉRIC GANDIT À ARONDIT PARIS

François-Noé Fabre, Drivin’ Paint – Summer’s mess, 2018. Tirage jet d’encre pigmentaire sur Ilford satiné (1/5), 145 x 98 cm

 

Quand tout est histoire d’alchimie, les mécaniques pas toujours droites, pas toujours semblables, ont tendance à prendre des voies que seules les métaphores connaissent.

À la base, l’histoire d’une alchimie, c’est doucement créer, au fil du temps, des rencontres et des discussions.

Morgane Porcheron et Eric Gandit se sont rencontrés au fils de ces temps là, et doucement ont eu envie de montrer ce que la démarche artistique pouvait faire aux mécaniques.

De fils en aiguilles, ils ont détricoté le sens des choses, pour pouvoir parler de ce qu’ils aimeraient voir.

Ainsi est née la création de l’exposition When mechanics fail, un doux mélange de production artistique, de désordres créateurs et d’alchimies magiques.

C’est une forêt, inoubliée, quelque part entre soi et l’autre comme un moment suspendu, à la fois pénétrable et en pleine course vers un inconnu.

Au commencement des vases épars mais agencés, du plâtre, une impression colorée, dans l’univers de Sirine Ammar. Impression qui nous fige sûrement, en tout cas nous indique la voie vers une nouvelle forêt plus brute, plus végétale et déconstruite, qui a poussée au milieu de blocs de béton, laissant des entrelacs de chemins, si peu dessinés pour la jouissance, que nous propose d’emprunter ici Morgane Porcheron.

Autour de cet univers rugueux, des fenêtres sur la ville réagencée couvrent la lumière figée sur l’autre monde. Les rivages visuels se sont échoués entre Tokyo, Paris, Toronto et quelques fois Stöneborg dans les yeux de Victor Cord’homme. On lève le regard un peu plus haut et la dimension change, laissant place au « cosmos doesn’t care »; forêt vidée, raisonnée aux rythmes stellaires dans lesquelles se perdent des explorations où seuls des pigments colorés et collectés créent des sources de lumières. Points lumineux dans le recoin de l’espace comme une ultime magie pensée par Fabien Léaustic. En descendant, on se surprend à contempler les contours d’une mécanique, un « Drivin’ Paint » de François-Noé Fabre qui a laissé la place de la vitesse aux sensations immobiles, aux couleurs fixes et au voyage infini entre fictions et surtout réalités révolues.

Au bas de l’escalier l’équilibre perd sa force frontale pour en gagner une autre, tout en rondeurs, souplesses, quelques fois rappelant le jeu du clown se contorsionnant : se confronte ainsi « à mon tour » de Léa Dumayet avec « Sans titre provisoire » de Félix Pinquier qui mêle bois, plâtre, résine, peinture et impressions, matériaux suspendus comme un échantillon de nos collectes métamorphosées en tableau courbe.

Un coin de forêt, une nouvelle impression de Sirine Ammar pour finalement débouler dans l’obscurité. Jungle urbaine réinventée où se projette la ville « Quand un matin » se déconstruisant doucement à l’aide de fourmis devenues humaines qui inlassablement défont ce géant d’acier que l’on pensait inoffensif l’instant et le regard d’avant, quand il était surpris suspendu en équilibre comme une grue d’enfant.

Seule la sculpture de Félix Pinquier, jette un œil d’acier et délicat dans l’obscurité aux mouvements des rythmes urbains comme ils l’ont été, les mécaniques ont flanché. 

Texte Morgane Porcheron & Éric Gandit © 2018

 

 

Fabien Léaustic, Cosmos doesn't care _ 2  (tirage 2/5) - 2018. Papier velin d'Arches 230gr, caisse américaine en chêne, impression jet d'encre, 105 x 78 cm
Fabien Léaustic, Cosmos doesn’t care _ 2  (tirage 2/5) – 2018. Papier velin d’Arches 230gr, caisse américaine en chêne, impression jet d’encre, 105 x 78 cm

 

Léa Dumayet, Quand un matin, 2018. Vidéo 7 minutes 45 secondes
Léa Dumayet, Quand un matin, 2018. Vidéo 7 minutes 45 secondes

 

 

Félix Pinquier, Man made sound, man made object (Sans titre provisoire), 2018. Bois, plâtre, résine, peinture et impression, 36 x 33 x 1300 cm 
Félix Pinquier, Man made sound, man made object (Sans titre provisoire), 2018. Bois, plâtre, résine, peinture et impression, 36 x 33 x 1300 cm

 

 

Morgane Porcheron, Forêt contrôlée, 2018. Béton, branches de cerisier et de laurier dimension variable
Morgane Porcheron, Forêt contrôlée, 2018. Béton, branches de cerisier et de laurier dimension variable