Mathias Bensimon – Méditer / Peindre

Mathias Bensimon – Méditer / Peindre

Mathias Bensimon, Attraction, 2023, peinture à l’huile sur toile, 200x140cm

PORTRAIT D’ARTISTE / Mathias Bensimon à l’occasion de sa participation à l’exposition collective Nouveau(x) regard(s) – une exposition sous le commissariat du Studio Artera, Mairie du 10ème arrondissement, Paris

par Léo Marin

Entre Paris et Bruxelles
Le 12 janvier 2023

Mathias Bensimon – Méditer / Peindre
Ou La Peinture Pleine Conscience

La pleine conscience est une expression désignant une attitude d’attention, de présence et de conscience vigilante, qui peut être interne (sensations, pensées, émotions, actions, motivations, etc.) ou externe (au monde environnant, bruits, objets, événements, etc.).

C’est une notion indienne ancienne ( samma-sati en pali, samyak-smriti en sanskrit ), l’« attention juste ». Associée à l’enseignement de Siddhartha Gautama, elle joue un rôle important dans le bouddhisme où la pleine conscience est une étape nécessaire vers la libération (bodhi ou éveil spirituel).

L’appellation « pleine conscience » est la traduction française de mindfulness en anglais, désignation de Jon Kabat-Zinn pour distinguer l’état recherché dans une pratique thérapeutique d’une forme de méditation.

Si j’ai voulu commencer par cette définition c’est parce que lors de chacun de mes entretiens avec Mathias Bensimon, il m’était impossible de sortir cette notion de mon chemin de pensée. Tout comme à chacune de ses expositions et quelques soit le support sur lequel l’artiste décide de travailler. Qu’il s’agisse de grands formats sur toile ou sur plexiglas, de petit format sur papier ou même lorsqu’il peint contre une plaque de verre, tout est ici question de souffle.

Comme à la base de chacune des pratiques de méditation, le souffle de l’artiste est ici le point d’orgue de son acte de peintre. Un mouvement intérieur – extérieur, un laisser être, ou l’énergie circule du dedans vers le dehors, dans un mouvement continu. Peindre à l’aérographe, à défaut du pinceau, sur une toile humidifiée, lui permet de ne pas se détacher de ce souffle précieux qu’il retrouve dans sa composition. Le pigment ainsi déposé se diffuse, respire.

Son protocole préparatoire, loin de lui être fastidieux, lui est plutôt nécessaire. Ces pratiques sont pour lui quotidiennes. Parfois même matins midi et soirs, mais surtout, également avant de peindre. La méditation, l’auto-hypnose puis la transe cognitive, auto-induite, cet état modifié de conscience, abstrait de tout rituel ou expression culturelle et enfin, intégré tout récemment : la danse soufie. Toute cette préparation et son final en mouvement circulaire, elliptique pour, comme dans de le soufisme, lui permettre de rentrer en résonance avec le mouvement de l’univers. En équilibre, toujours à la frontière entre la chute et l’alignement, entre la tension et le relâchement, sans forcer, c’est ainsi que Bensimon trouve son souffle et commence à voir ce qu’il va projeter sur sa toile. Mathias peint en pleine conscience. Il peint en funambule sur le fragile axe de rotation de la Terre.

Parfois ces peintures viennent en quelques jours seulement. Parfois elles mettent plusieurs années à émerger. L’expérience méditative est là, mais la forme, l’image ne se dévoile pas encore. Comment un mantra encore trop compliqué qui nous donnerait du fil à retordre. Il faut alors recommencer le processus et tenter de retrouver le souffle pour qu’enfin, à force de pratique, celui-ci accepte d’apparaître à la surface du tissus apprêté. C’est à ce moment précis que les couleurs et les mouvements lui surviennent. C’est là aussi que sa main guide sans contraindre le pigment pour que l’image se forme.

Si certains y verront un pendant new-age, une esthétique psychédélique, qu’ils se remémorent que Mathias Bensimon parvient à la perception de ces images-pigment-mouvement, en contrôlant son souffle, et sans le moindre psychotrope. Ne serait-ce pas à nous d’y voir une pratique du spirituel œcuménique, hérité d’un métissage spirituel ou le sectarisme d’une religion ne prends pas le pas sur une autre mais où toutes les pratiques se mélangent en se rassemblant dans un grand tout, respiré avec du pigment sur la toile, sur le papier ou contre le verre dans des jeux de transparences lumineuse.

Léo Marin

Mathias Bensimon, Aube, 2023, peinture à l'huile sur toile, 200x140cm
Mathias Bensimon, Aube, 2023, peinture à l’huile sur toile, 200x140cm
Mathias Bensimon, Vibration 1, 2023, peinture à l'huile sur toile, 200x140cm
Mathias Bensimon, Vibration 1, 2023, peinture à l’huile sur toile, 200x140cm
Mathias Bensimon, Vibration 2, 2023, peinture à l'huile sur toile, 200x140cm
Mathias Bensimon, Vibration 2, 2023, peinture à l’huile sur toile, 200x140cm
Mathias Bensimon, Vibration 3, 2023, peinture à l'huile sur toile, 200x140cm
Mathias Bensimon, Vibration 3, 2023, peinture à l’huile sur toile, 200x140cm
Mathias Bensimon, Brume Solaire, 2023, peinture à l'huile sur toile, 200x140cm
Mathias Bensimon, Brume Solaire, 2023, peinture à l’huile sur toile, 200x140cm