DAZE [PORTRAIT]

DAZE [PORTRAIT]

Electron libre du graffiti new-yorkais des années 1970, on doit à Daze un engagement profond envers le support de la toile, dans une époque où timidement, une transition s’opère de la rue jusqu’à l’atelier.

Chris Ellis devient Daze en 1976 lorsqu’il peint pour la première fois la paroi d’un wagon de métro, à une époque où il poursuit en parallèle un cursus à la Highschool of Art and Design. Située à Manhattan, l’école devient le carrefour des amitiés et des cultures propres à chacun, lui qui sortira alors pour la première fois de son quartier de Brooklyn. Il y rencontre alors ceux avec qui il partage le même goût du risque et surtout, des points de vue plastiques sur le mouvement auquel ils impulsent un nouvel élan : peindre sur toile et sur papier, tester de nouvelles techniques, approcher le circuit fermé des galeries d’art, voilà d’autres défis que Daze et son ami Crash entre autres, décident dès 1980 de relever avec enthousiasme.

Grâce au soutien donné par la Fashion Moda, ce lieu incontournable où le post-graffiti gagne ses lettres de noblesse, Daze entame un travail sériel sur des supports pérennes, et par conséquent un vocabulaire plastique aussi bien influencé par la musique (jazz; hip-hop; la funk et son indéniable aspect visuel), le cinéma, que par les bandes-dessinées, la publicité et forcément par la rue. En Europe, notamment grâce à la famille Speerstra qui le soutiendra depuis le début, il découvre une nouvelle énergie, un nouveau patrimoine puis les mouvements artistiques modernes, autant de nouvelles sources d’inspiration qui viennent nourrir sa démarche. Dès lors il sera remarqué par de nombreux collectionneurs mais surtout par les conservateurs du MoMA à New-York et celui du Musée de Groningue aux Pays-Bas. Considéré en tant qu’artiste à part entière et non pas estimé uniquement pour son background graffiti (il met de côté sa pratique sur train dès 1984), Daze parcourt, depuis, le monde et les décennies, se construisant une vie sur-mesure avec beaucoup de bienveillance envers les autres : lorsqu’il n’est pas consultant graffiti auprès de Baz Luhrmann pour la série « The Get Down » ou en train de peindre une fresque commanditée par une mairie, Daze s’investit auprès des plus jeunes générations en offrant de son temps et de son talent lors d’actions pédagogiques. 

Tel un conteur urbain donc, témoin des contemporanéités, Daze pose avec Portals, un regard contemplatif et ému sur la ville et son évolution. Amoureux transi des urbanités, il sublime la banalité du quotidien, cherche la beauté dans ses moindres détails, extrait l’essence au travers des apparences même les plus inertes ou familières. Les heures de pérégrinations sont palpables, l’oeil aiguisé aux changements inhérents qu’une grande ville peut connaître. Daze immortalise avec justesse la mélancolie qui émane des buildings, transports urbains et des liens que les habitants construisent avec leur ville. Avec toute la subtilité qui l’habite, Daze organise une interaction plastique entre traitement de la réalité et expérimentation, une part d’ailleurs importante dans son travail. Conciliant une peinture classique à la culture graffiti, la figure humaine à l’urbanisme grandiloquent, la calligraphie à des penchants plus abstraits, l’oeuvre entière de Daze invite à changer nos perspectives et éventuellement et à accepter de faire entrer un peu plus de poésie dans nos quotidiens.

Texte Sabella Augusto © 2018 Speerstra Gallery Paris

 

 

Chris Ellis dit DAZE
Né en 1962 à New York.

 

Daze, The end of the past. Courtesy artiste et Speerstra Gallery Paris.
Daze, The end of the past. Courtesy artiste et Speerstra Gallery Paris.

 

Daze, How I from the rooftops. Courtesy artiste et Speerstra Gallery Paris.
Daze, How I from the rooftops. Courtesy artiste et Speerstra Gallery Paris.

 

Daze, I'll be there soon. Courtesy artiste et Speerstra Gallery Paris.
Daze, I’ll be there soon. Courtesy artiste et Speerstra Gallery Paris.

 

Daze, Rainy night. Courtesy artiste et Speerstra Gallery Paris.
Daze, Rainy night. Courtesy artiste et Speerstra Gallery Paris.

 

Daze, Back home again. Courtesy artiste et Speerstra Gallery Paris.
Daze, Back home again. Courtesy artiste et Speerstra Gallery Paris.

 

Visuel de présentation : Daze, 6 O Clock news. Courtesy artiste et Speerstra Gallery Paris.