JORDAN MADLON, GLOSE

JORDAN MADLON, GLOSE

Vue de l’exposition Glose de Jordan Madlon, Goeben Berlin
Photo Stefan Haehnel

EN DIRECT / Exposition personnelle Glose de Jordan Madlon présentée par Goeben Berlin – ( non-profit-space)

Avec ses œuvres, Jordan Madlon démontre un refus de la forme rectangulaire. Puisque le rectangle est historiquement associé au cadre, ce dernier marque une frontière claire et est donc lui-même la forme du rejet et de l’enfermement. Dans l’exposition « Glose », le rectangle se limite à l’architecture, dans laquelle l’artiste insère ses formes irrégulières. Ses lignes sont plutôt portées par un désir d’ouverture et d’élasticité.


L’ouverture et l’élasticité sont au cœur de l’exposition de Jordan Madlon, car elles permettent à ses formes irrégulières de passer à travers une variété de qualités différentes. Cela peut être vu sous deux formes exposées. Je les appelle Ductus (comme dans « À propos de l’expressivité ») et Hatching (comme dans « Shablone »). Le Ductus d’une part, signifie le pouvoir expressif des coups de pinceau, que l’artiste retient comme motif, rendu par des traits de crayon non moins expressifs. Ainsi le Ductus tracé est déjà une ouverture. Du dessin à la peinture, de la forme au format architectural voir à des références de l’histoire de l’art actuelle (par exemple les « Brushsstroke Paintings » de Roy Lichtenstein, sorte de glose sur l’expressionnisme abstrait).
Les Hatchings sont en revanche, une forme essentielle qu’Aby Warburg aurait appelé une ligne serpentine. En tant que tel, il combine la vitesse du zig zag avec la joie du tremblement. Dans « Glose » Jordan Madlon répète les Hatchings à différents endroits par une reproduction technique (pochoir, découpe, etc.) ouvrant ainsi la forme à l’espace.


Ainsi, l’ouverture à l’espace transforme ces Hatchings. Ils sont placés d’abord sur un support plissé, occupe le mur puis sont exécutés en trois dimensions en tissu, s’affaissant légèrement en raison de son poids. Pour « Déplacement(s) », l’artiste a découpé une des formes de Hatchings dans un tissu à motifs colorés et l’a cousue a un volume irrégulier se trouvant au sol. Ces formes de hachures viennent former une constellation à différent endroits, rappelant la peintures rupestres : Cette forme irrégulière rencontre le relief d’un support irrégulier.
Cette référence saisit également la spécificité du site de l’exposition. « Glose » est un auto-commentaire de l’artiste par rapport à son propre travail ainsi qu’un commentaire de l’espace d’exposition Goeben. L’œuvre, la forme viennent épouser les différents support architecturaux. « Porte », par exemple, suit les lignes de l’environnement donné, construisant un mur que l’on peut traverser, tout en étant finalement la surface de projection de vague souvenir au ton gris. Sur cette surface, l’artiste reprend les formes de ses œuvres antérieures et d’autre que l’on retrouve ailleurs dans l’exposition (comme les Hatching).


Jordan Madlon confère à ses formes une élasticité qui offre une ouverture entre solidité et adaptation. Elles intègrent une association étroite d’image et de matière tout en étant soulignées par la fluidité et la vitesse d’esprit. Les formes exposées traversent ainsi une multitude de couches différentes : l’histoire (de l’art), le langage (Deleuze parlant des concepts, laisse entendre qu’ils faut les couper sur mesure), les différents lieux d’exposition, le propres corpus de ces œuvres, les techniques de production et les couleurs les faisant apparaître.
Ce passage à travers différentes couches ne doit pas être confondu avec l’indécision, renvoyant à notre rapport actuel de l’image. Les images numériques apparaissent dans une grande variété de formats, de matériaux ou de couleurs et sont donc perçues de diverses manières.
Les formes, dans l’exposition de Jordan Madlon, ne rejettent pas les circonstances extérieures et ne peuvent pas être déformées au hasard. L’artiste oppose à l’arbitraire de la pratique actuelle de l’image la pensée et la forme de l’élasticité. L’élasticité comprend autant la capacité de réagir aux circonstances réelles que la capacité à façonner ce réelles.

Texte : Manuel Van der Veen

JORDAN MADLON – BIOGRAPHIE
Jordan Madlon est né en 1989 aux Abymes/Guadeloupe, Antilles françaises. De 2008 à 2014, il a étudié à l’École Supérieure d’Art et de Design de Saint-Étienne (FR).
Après l’obtention de son diplôme en 2014, il a fait partie du programme de troisième cycle avec le professeur Helmut Dorner à la Staatliche Akademie der Bildenden Künste à Karlsruhe de 2014
à 2016.
http://jordanmadlon.com

Vue de l'exposition Glose de Jordan Madlon, Goeben Berlin Photo Stefan Haehnel
Vue de l’exposition Glose de Jordan Madlon, Goeben Berlin Photo Stefan Haehnel
Vue de l'exposition Glose de Jordan Madlon, Goeben Berlin Photo Stefan Haehnel
Vue de l’exposition Glose de Jordan Madlon, Goeben Berlin Photo Stefan Haehnel
Vue de l'exposition Glose de Jordan Madlon, Goeben Berlin Photo Stefan Haehnel
Vue de l’exposition Glose de Jordan Madlon, Goeben Berlin Photo Stefan Haehnel
Vue de l'exposition Glose de Jordan Madlon, Goeben Berlin Photo Stefan Haehnel
Vue de l’exposition Glose de Jordan Madlon, Goeben Berlin Photo Stefan Haehnel
Vue de l'exposition Glose de Jordan Madlon, Goeben Berlin Photo Stefan Haehnel
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Vue de l'exposition Glose de Jordan Madlon, Goeben Berlin Photo Stefan Haehnel
Vue de l’exposition Glose de Jordan Madlon, Goeben Berlin Photo Stefan Haehnel
Vue de l'exposition Glose de Jordan Madlon, Goeben Berlin Photo Stefan Haehnel
Vue de l’exposition Glose de Jordan Madlon, Goeben Berlin Photo Stefan Haehnel
Vue de l'exposition Glose de Jordan Madlon, Goeben Berlin Photo Stefan Haehnel
Vue de l’exposition Glose de Jordan Madlon, Goeben Berlin Photo Stefan Haehnel