SCULPTURE EN FÊTE À LA FONDATION VILLA DATRIS

Vue de l’exposition Sculpture en Fête ! L’exposition des 10 Ans de la Collection Fondation Villa Datris
Photographie prise à la Villa Datris L’Isle-sur-la-Sorgue, mai 2021. Photo F Couvreur

EN DIRECT / Exposition « Sculpture en fête », l’exposition des 10 Ans de la Collection Fondation Villa Datris, L’isle-sur-la-Sorgue,
du 22 mai au 1er novembre 2021
par Ilaria Greta De Santis

La fondation Villa Datris est l’histoire d’un amour pour l’art partagé avec son âme sœur pour arriver à l’âme de nous tous.

Tout commence avec une femme d’entreprise aux multiples atouts, qui a transformé l’héritage de sa mère, une PME fondée en 1954 et nommée Carton Raja, en une société internationale fleurissante.

Depuis plus de trente ans à la tête de l’entreprise RAJA, devenue désormais grâce à ses intuitions, leader européen de la distribution d’emballage, Danièle Kapel-Marcovici continue à innover et n’hésite pas à s’investir dans des projets utiles à la collectivité en donnant, comme tout vrai leader, le bon exemple.

En avance sur son temps, sa mère lui avait en effet appris que « gagner sa vie est la clé de l’autonomie d’une femme ». Forte de ces enseignements, Danièle Kapel-Marcovici a toujours prôné l’autonomie des femmes et opère activement en ce sens, en commençant par son entreprise, où l’index d’égalité entre les femmes et les hommes est de 99/100 et le pourcentage de femmes au niveau du management s’élève à 45% pour le siège en France, ce qui demeure tout à fait exceptionnel.

La femme qui grandit main dans la main avec l’entrepreneuse, élargit son champ d’action et dès 2006, créé la Fondation Raja-Danièle Marcovici qui a pour objectif de promouvoir des projets d’éducation, d’insertion sociale et professionnelle en faveur des femmes ainsi que de lutte contre les violences et de renforcement du rôle des femmes dans la protection de l’environnement. Une partie des bénéfices générés par le travail de son entreprise y est versé chaque année.

20% des salariés de RAJA font, en outre, don de l’arrondi de leur salaire en faveur de la fondation. Remarquez que la réussite ne se mesure pas seulement dans la capacité de créer une entreprise de succès mais également dans le fait que cette dernière ne cesse de « porter haut ses valeurs ».

Par ailleurs, à partir de 2013, Danièle Kapel-Marcovici fonde les « Women’s Awards » pour soutenir les initiatives qui concrètement contribuent à l’amélioration des conditions de vie des femmes dans le monde.

Ce n’est pas tout. Pour celle qui croit que l’ambition naît « avec le goût d’impulser le changement », appuyer la création artistique contemporaine devient une nouvelle mission.
Très rapidement, elle commence a constituer la collection d’art contemporain RAJA’Art qui inclut une centaine d’oeuvres entre photographies, peintures, sculptures mais également installations et vidéos qui, logées au siège européen du Groupe, sont en lien avec les matériaux d’emballage. Visibles exclusivement par les salariés de RAJA, d’au moins pour le moment, ces oeuvres donnent « de la noblesse aux matériaux que (l’entreprise utilise) tous les jours » et contribuent à aiguiller l’imagination des collaborateurs de l’entreprise et à les unir autour de valeurs communes, dans une dynamique de rencontre, dialogue et solidarité.

Ce sont là les clés ouvrant également les portes d’une nouvelle aventure.

Alors qu’un projet embryonnaire, dicté par l’amour commun de la sculpture, se forme dans les esprits de Danièle Kapel-Marcovici et son compagnon, l’architecte Tristan Fourtine, le couple apprend qu’une demeure provençale du XIXème siècle est en vente à l’Isle-sur-la-Sorgue.
Ils l’acquièrent en 2010 et ont l’audace de transformer cette villa d’antiquaires en un espace d’exposition et d’échange de plus de 500m2 distribués sur quatre étages, entièrement dédié à la sculpture contemporaine. En 2011, la Fondation Villa Datris voit le jour, le nom dérivant des premières lettres des prénoms de ses fondateurs Danièle et Tristan, un beau clin d’oeil à la sa mère, Rachel Marcovici qui avait décidé d’appeler sa société Raja en intégrant aux premières lettres de son prénom celles de son associée, Janine Rocher.

Le geste d’amour et l’attachement à ses origines transparent déjà dans le choix de Danièle Kapel-Marcovici, qui a mis ses ressources économiques et émotionnelles au service du plus grand nombre dans le but premier de démocratiser l’art mais également de transmettre un message fort de réciprocité et de partage.

C’est ainsi que depuis dix ans ce lieu unique qu’est la Villa Datris, propose des expositions gratuites, des visites guidées et des conférences à destination de tout public, présentant les oeuvres des artistes méticuleusement choisis non pas pour leur renommée mais par la démarche touchante qu’ils ont adoptés dans la création de leur oeuvre.

La dernière exposition en date, débutée le 22 mai dernier à la Villa Datris, ne fait pas exception et propose les oeuvres de plus d’une centaine d’artistes issus de la Collection de la Fondation Villa Datris. Un parcours à la fois guidé et créatif, une visite sensorielle qui stimule chacun de nos cinq sens et élargit nos espaces mentaux grâce à une pédagogie ludique qui nous permet de ré- apprendre la sculpture, sa forme et son contenu.

La sculpture peut être légère comme une plume, nous éblouir dans un vortex de couleurs, nous porter sur les ailes déployées d’un canard, nous engloutir dans une épais réseau de liens tissés. Peut être réalisée avec des matériaux insoupçonnés comme les pneus d’une voiture ou des fils de cuivre et trouver sa place au beau milieu d’une rivière, dans des toilettes ou sur la cage d’un ascenseur, jusqu’à donner l’impression qu’elle « habite » les lieux. Aucune limite ne peut lui être imposée et elle surgit, contrairement à ce qu’on a pu longuement croire, aussi bien d’entre les mains d’une femme, ce sont d’ailleurs les oeuvres de plusieurs artistes femmes qui ouvrent l’exposition.

Ainsi, visiter la Villa Datris en ce moment c’est participer à une magnifique Fête de la sculpture, célébrant les dix ans de la Fondation, retraçant l’histoire de ses expositions et surtout le parcours personnel d’une femme qui par amour à franchi toutes les barrières.

La Fondation propose en outre jusqu’au 19 décembre, une revisite de l’exposition Recyclage / Surcyclage dans son bel espace parisien au 9 rue Monte-Cristo, où une carte blanche a été confiée à la surprenante Anita Molinero.

Un enseignement de vie, la sculpture résiste à l’appropriation intellectuellement froide, ne se laisse pas enfermer dans une cage, ou seulement si c’est volontaire, et nous ouvre au final les champs des (im)possibles.