JEAN-BAPTISTE SAUVAGE, VITRINE

JEAN-BAPTISTE SAUVAGE, VITRINE

FOCUS / Vitrine, installation in situ de Jean-Baptiste Sauvage
Visible jusqu’au 15 juillet 2021 depuis le Parvis de l’Onde Théâtre Centre d’Art, Vélizy-Villacoublay
l’œuvre occupe les 240 m2 vitrés de la mezzanine

Mes nuits sont plus belles que vos jours

L’œuvre Vitrine s’active deux fois par jours, une fois au petit matin puis le soir au crépuscule. Réalisée spécifiquement pour l’espace de la mezzanine nord du Théâtre et du Centre d’Art, l’installation s’étend sur une quarantaine de mètres de longueur et sur six mètres de hauteur. Pensée comme un écran vers l’extérieur, elle rencontre l’architecture vitrée du bâtiment de Claude Vasconi et dialogue avec le Parvis du Centre culturel. Passées au blanc de chaux, les vitres de la mezzanine fixent, graduellement avec l’obscurité, l’étrange végétation qui peuple cet espace. Un éclairage puissant anime ce théâtre d’ombre entre soirée techno et cinéma primitif.

La nuit,

Nous avons pensé la nuit à partir du moment où nous en étions privés. L’instauration de trois confinements et d’un couvre-feu en France nous ont amené à constater, petit à petit, ce qui venait à disparaître, à manquer. En discutant avec Jean-Baptiste Sauvage pour la préparation de cette installation Vitrine à L’Onde, nous nous sommes intéressés aux multiples échos qui résonnent dans ce projet, depuis un hommage à la musique électro et aux pistes de danse aujourd’hui remisées, jusqu’à cette mise en scène sauvage, sur une scène depuis trop longtemps vide.

Rallumer la lumière au sein du théâtre et du centre d’art devait, pour nous, être une action visible depuis l’extérieur. Il s’agissait de donner au public une opportunité de voir l’intérieur du théâtre, son activité, son imaginaire, durant ces moments qui nous sont empêchés, dans cette obscurité de la ville qui nous est, à son tour, empêchée. L’œuvre suit, dans son évolution, notre temps nocturne et diurne puis l’avancé et le recul de nos journées.

Les communautés,

Le critique d’art Pedro Morais, à l’occasion d’une première présentation de ce projet à la Galerie des Bains douches à Marseille souligne « Une noirceur se dégage de cette lumière éblouissante », cette dernière serait ici le deuil de notre musique, d’une communauté que l’artiste voudrait réunir entre grand soir et petit matin. De même, Michel Gaillot, revient dans son article Les raves, « part maudite » des sociétés contemporaines sur le rituel communautaire de la musique techno, ce « être ensemble » qui fait défaut aujourd’hui, dans sa simplicité « Il faut bien reconnaître alors que, même s’il n’y a plus de positionnement politique ou idéologique au nom de quoi pourrait se construire et se mener une critique et une opposition radicales, il y a malgré tout une indéracinable et insistante exigence d’un « avec », ou d’un « vivre-ensemble » autre ou autrement, selon une altérité qui est produite, vécue dans le présent – fût-ce de manière éphémère –, plutôt que projetée de façon utopique dans des «lendemains qui chantent » auxquels plus personne ne veut croire et sacrifier son présent. »

Voyeur et voyant,

Alors, dans ce jeu de voyeur et de voyant, l’artiste nous invite à sa manière à un « être ensemble » pour faire du parvis notre terrain de jeu et notre salle de cinéma primitif. En donnant l’illusion de mouvement par un éclairage stroboscopique de ce qui est immobile, Jean-Baptiste Sauvage nous permet de remettre de l’animation dans ce qui est figé. Un truc de magicien qui aurait fait défaut ces derniers mois. Alors, nous pouvons, chacun tour à tour, vivre et faire vivre cet espace et lui donner vie autrement dans une contemplation musicale ou silencieuse.

Léo Guy-Denarcy

Jean-Baptiste Sauvage
L’artiste travaille essentiellement sur des formes in situ, pour lesquelles il adapte les médiums. Son champ d’application est l’espace urbain, industriel ou architectural sur lequel se greffent souvent des interventions, installations sculpturales et lumineuses, à des échelles très variées. L’archive des pièces produites est aussi questionnée et l’édition fait souvent partie du travail. Jean-Baptiste Sauvage fait partie du comité de rédaction de la revue Dé(s)génération.

www.jb-sauvage.com

Micro Onde, Centre d’Art de l’Onde
Scène Conventionnée d’Intérêt National – Art et Création Danse
8 bis avenue Louis Bréguet
78140 Vélizy-Villacoublay
londe.fr