DE L’ARSENAL AU LABORATOIRE

DE L’ARSENAL AU LABORATOIRE

EN DIRECT / Exposition De l’arsenal au laboratoire du 09 au 12 juillet 2020 Le Houloc Aubervilliers

Artistes Flavie L.T, Raphaël Tiberghien, Célia Coëtte, Audrey Matt Aubert, Pierre Masclef
Commissariat  Elora Weill-Engerer

Une œuvre, dès sa création, n’appartient-elle pas, de fait, au passé ? 

De l’arsenal au laboratoire propose de mettre en regard les travaux de cinq artistes qui expérimentent des techniques et des supports différents., Célia Coëtte, Flavie L.T, Pierre Masclef, Audrey Matt-Aubert et Raphaël Tiberghien rappellent – chacun.e dans sa pâte propre – que l’artiste « tient à la fois du savant et du bricoleur ». La production artistique montrée se place à l’intersection de la pensée mythique et de la connaissance scientifique. Au sein de la pluralité des œuvres proposées, une attention commune à la trace humaine (architecture, écriture, rituel…) se perçoit. La figure, souvent, point, mais ne se donne pas. Dans cet interstice entre le réel et l’imaginaire, quelques possibles s’ouvrent : marques humaines d’un passé inventé, révolu, ou encore chaud. Les cinq artistes ont été invité.e.s pour l’occasion à décliner ce passage du temps ou du geste dans leurs œuvres. « De l’arsenal au laboratoire » est un court texte autobiographique écrit par Aby Warburg en 1927, à sa sortie de la clinique psychiatrique de Kreuzlingen. Il y revient avec lucidité sur son parcours et y définit notamment la création comme « le produit stylistique d’une intrication avec la dynamique de la vie ». Tout aussi mouvante est l’histoire des formes qui, dans la pensée warburgienne, n’est jamais à l’abri d’un retour de pratiques magiques prétendument « primitives ». Si l’arsenal marque la lutte physique à contre-courant, le laboratoire invite au cheminement cérébral, combat tout aussi violent. Deux espaces symboliques, en somme, qui poussent à la résistance contre l’attendu, le banal, la bêtise. Plus que tout autre historien, Aby Warburg est le chantre de la circulation des images à travers les âges, qu’il formule sous la notion de « survivance » (Nachleben). Survivance de l’histoire mais aussi de l’artiste même dans son œuvre. En effet, dans « Nachleben », il y a « leben », « vie ». Ce qui fait qu’une image est encore en vie est qu’elle s’incarne (se réincarne) dans une œuvre. L’idée se fait, toujours, chair, et une forme d’archaïsme se décèle, même dans les arts les plus contemporains. Bien que la notion d’archaïsme désigne surtout la survivance d’une civilisation passée, elle peut également évoquer un mot ou un souvenir d’enfance en psychanalyse freudienne. Ces éléments qu’on pensait hors d’usage ou enfouis remontent parfois à la surface comme un bouchon de liège. 

1 Claude Lévi-Strauss, La Pensée sauvage, ed. Plon, 1962, p.37
2  Aby Warburg, Fragments sur l’expression (avec texte “De l’arsenal au laboratoire ” datant de 1927), ed. L’écarquillé, 2015
3  voir Aby Warburg, L’Atlas Mnémosyne, ed. L’écarquillé, 2012 et Georges Didi-Huberman, L’Image survivante – Histoire de l’art et temps des fantômes selon Aby Warburg, ed. Minuit, 2002

Elora Weill-Engerer

Vue d'exposition De l’arsenal au laboratoire du 09 au 12 juillet 2020 Le Houloc Aubervilliers
Vue d’exposition De l’arsenal au laboratoire
du 09 au 12 juillet 2020 Le Houloc Aubervilliers
Vue d'exposition De l’arsenal au laboratoire du 09 au 12 juillet 2020 Le Houloc Aubervilliers
Vue d’exposition De l’arsenal au laboratoire
du 09 au 12 juillet 2020 Le Houloc Aubervilliers

LE HOULOC
3 Rue du Tournant,
​ Aubervilliers 93300

https://www.lehouloc.com