ELEMENTA, Circa x Villa Adelaïda

ELEMENTA, Circa x Villa Adelaïda


« À un moment donné, l’Un se forma du Multiple, 
à un autre moment, il se divisa, et de l’Un sortit le Multiple — 
Feu, Eau et Terre et la hauteur puissante de l’Air. » 

« Car ils prévalent alternativement dans la révolution du cercle, et passent les uns dans les autres, et deviennent grands selon le tour qui leur a été assigné. — […] Mais, en tant qu’ils ont l’habitude de passer du Plusieurs en l’Un, et, de nouveau divisés, de devenir plus d’Un, ils viennent au jour, et leur vie n’est pas durable ; mais en tant qu’ils ne cessent jamais de se transformer continuellement, ils existent toujours, immuables dans le cercle. »
Empédocle, De la Nature, fragments

« C’est en se tenant assez longtemps à la surface irisée que nous comprendrons le prix de la profondeur. »
Gaston Bachelard, L’Eau et les Rêves

L’idée initiale d’une exposition sur le thème des éléments était liée à celle d’une exposition collective d’artistes femmes. Cet axe a été imposé par une intuition inévitable, une force tellurique, symbolique et impérieuse. Le projet existait mais sans avoir encore trouvé l’endroit qui permettrait sa pleine expression, mais à la Villa Adelaïda, ELEMENTA s’est instantanément incarnée tant elle fait sens en ce lieu multiple et fécond. Adelaïda ouvre aujourd’hui ses portes aux éléments.

En travaillant sur le sujet, sa dimension infinie se mesure très rapidement… Le thème des éléments est si vaste qu’une seule exposition ne pouvait en faire le tour. ELEMENTA pose une première pierre – philosophale – à ce projet et le prolongera en exposition biennale. 

Dans cette première édition, les artistes et leurs œuvres convoquent avec intensité et subtilité les éléments – air, terre, feu, eau, métal, bois, éther – mais aussi l’alchimie, la nature ou l’espace. L’exposition recherche à la fois une sensation fluide, une évocation légère et un mouvement de fond.

Avec Estèla Alliaud, Camille Franch-Guerra, Delphine Mogarra, Lucia Pellegrini, Eve Pietruschi et Stéphanie Raimondi, ELEMENTA s’ouvre en respiration calme et souhaite inspirer une réflexion profonde sur notre monde.

L’oracle de la Nature, la Terre-Mère, parle à travers ses éléments et nous invite à respirer, réfléchir et nous questionner sincèrement. Il s’agit de prendre le temps d’être au monde dans un dénuement essentiel afin de le redécouvrir. L’exposition invite la philosophique mais aussi la politique en offrant un temps de recueillement avant l’action. En effet, cette respiration lente s’inscrit dans une réflexion de fond pour agir autrement ; ne serait-ce qu’en posant un regard différent sur le monde dans lequel nous vivons.

ELEMENTA doit être abordée avec un regard ouvert, une sensibilité exacerbée, une sensation dont la force transcende le beau jusqu’à la sublime simplicité de l’incommensurable. L’esthétique est alors dépassée pour aller vers la symbolique, l’esprit des choses. En entrant dans le cercle de regards, de liens – visibles ou cachés – des œuvres entre elles et avec les éléments, chaque visiteur est invité à y prendre part.

Questionnant les rapports mystiques des premiers hommes et femmes avec le Ciel et la Terre, le cercle des artistes évoque aussi les rites anciens, chamaniques ou païens liés aux cycles de la Lune ou des saisons. Ces derniers sont redécouverts aujourd’hui, dans nos sociétés technicisées qui ont grand besoin de retisser le lien ténu qui subsiste avec les éléments. 

Sensation abstraite, énigmatique, objets rituels, aveuglement et révélation, caractère transitoire et impermanent de la matière et du temps, ELEMENTA dessine un nouveau rite, crée par le dialogue des œuvres entre elles et avec le public. 

Comme un autel universel à la Nature, les œuvres d’ELEMENTA peuvent ouvrir à une méditation poétique très puissante sur l’origine de l’univers et nous entraînent vers d’autres sphères.

Les époques se croisent, l’universalité est atteinte. Chacune des six artistes pose un regard conscient et inspiré sur le monde. Chacune travaille le très simple, le primordial et le transforme en œuvre, magnifié. 

Le geste des artistes fait écho à des pratiques ancestrales et oscille entre humilité et grandeur. Elles expriment la richesse du dénuement dans une nouvelle alchimie : Le sable devient ciel, le bois est air, le feu devient terre, la pierre se fait eau, le métal est bois, la nature abîmée retrouve sa superbe, l’eau se fait montagne, l’espoir renaît…

Les actes simples nous relient à l’essence du monde et s’ouvrent en même temps à l’infiniment grand.

La simplicité n’est qu’apparente. 

De petits gestes posés en conscience et collectivement portés peuvent ancrer une nouvelle façon d’être au monde, plus positive et constructive. Lorsque l’on pose un acte simple et entier en pleine conscience, l’écho est immédiat, les ondes qui se répercutent sont porteuses d’harmonie et de cohérence.

C’est le moment où l’esprit et le corps révèlent qu’ils font partie d’un même tout. Les éléments nous portent, nous transportent, nous transcendent. Ils sont nos piliers, ils tiennent le monde et aujourd’hui, le monde a plus que jamais besoin de revenir à eux – et à une certaine Sagesse.

Texte Isabelle Pellegrini, Circa,  avril 2019

Rituels*/** :
* Chaque jour, une branche de sauge est brulée dans les pièces d’exposition afin d’entrer en relation avec les œuvres et d’invoquer les éléments en un même mouvement. La sauge est une plante très puissante, la plante-mère, plante sacrée. Elle symbolise la sagesse et celle qui sauve. Elle sera brûlée dans l’œuvre en argile crue « L ‘offrande » d’Eve Pietruschi.

** Chaque visiteur est invité à choisir un galet dans le jardin et à le déposer au centre de la seconde pièce d’exposition. Chacune.e apporte ainsi symboliquement sa pierre au projet, en la chargeant d’une intention particulière. Le geste proposé est directement lié et inspiré par le tas de galets que l’on trouve actuellement dans le jardin de la Villa Adelaïda et qui vient de son terrain. Chaque offrande retournera ensuite à la terre de la Villa, mais chargée de l’intention que chaque personne lui aura donnée.

Exposition ELEMENTA, Villa Adelaïda NIce
La Reine des serpents, 2016, Stéphanie Raimondi
Exposition ELEMENTA, Circa x Villa Adelaïda Nice
Exposition ELEMENTA, Villa Adelaïda NIce
au premier plan Série « Hasta que sea agua », 2019, Lucia Pellegrini, 
en 2nd « La Reine des serpents », 2016, Stéphanie Raimondi
et au fond « Equilibre précaire, Ikebana », 2019, installation, Eve Pietruschi 
Exposition ELEMENTA, Circa x Villa Adelaïda Nice
Exposition ELEMENTA, Villa Adelaïda NIce
au premier plan « Bassin d’eaux douces », 2018, Delphine Mogarra
Exposition ELEMENTA, Circa x Villa Adelaïda Nice
Exposition ELEMENTA, Villa Adelaïda NIce
« Excroissante », 2014, Delphine Mogarra
Exposition ELEMENTA, Circa x Villa Adelaïda Nice
Exposition ELEMENTA, Villa Adelaïda NIce
« Les Heures lentes », 2017 et « Le ciel, même », 2014 d’Estèla Alliaud
Exposition ELEMENTA, Circa x Villa Adelaïda Nice
Exposition ELEMENTA, Villa Adelaïda NIce
« Equilibre précaire, Ikebana », 2019, installation, Eve Pietruschi
Exposition ELEMENTA, Circa x Villa Adelaïda Nice
Exposition ELEMENTA, Villa Adelaïda NIce
détail – « Equilibre précaire, Ikebana », 2019, installation, Eve Pietruschi 
Exposition ELEMENTA, Circa x Villa Adelaïda Nice
Exposition ELEMENTA, Villa Adelaïda NIce
« Sans titre », 2016, Estèla Alliaud 
Exposition ELEMENTA, Circa x Villa Adelaïda Nice

Informations pratiques :

Un projet Circa x Adelaïda

Estèla Alliaud (1986).
Dans sa pratique, elle appréhende les lieux où elle intervient, ainsi que les mouvements (lumière, ombres, reflets) qui les traversent comme une matière première dans laquelle le rapport au temps est primordial. Elle participe régulièrement à des expositions collectives, en France et à l’étranger, et a déjà bénéficié de plusieurs résidences de création et expositions personnelles ou en duo dont récemment Une réserve de Nuit, Estèla Alliaud et Claire Chesnier à L’espace Art & Essai  à Rennes ou encore La mesure du doute à la BF15 à Lyon, qui ont donné lieu à l’édition d’imprimés et de multiples. Ses œuvres ont fait l’objet d’acquisitions par différentes collections publiques et privées. www.estela-alliaud.com


Camille Franch-Guerra
Artiste et Scénographe
Née en 1989 à Monaco, elle vit et travaille à Nice.
Diplômée DNSEP du Pavillon Bosio, École supérieure d’arts plastiques de la Ville de Monaco en 2013.
Elle a été lauréate du Prix Artagon en 2015 avec Evan Bourgeau pour leur installation Monde-œuvre Main d’œuvre, un travail autour du jardin, du macrocosme et de l’anthropie. 
C’est à partir de notre vie quotidienne et surtout de ses mythes qui engendrent des mécanismes idéologiques et sémiologiques propres à notre société contemporaine que l’artiste, sensitive, perçoit le monde. L’impact réel des données visuelles, sensorielles et physiques de nos sociétés sont des ponts à son regard et reliant les paradoxes, les anomalies, elle mène des projets empreints de cette fascination de l’espace et surtout de la notion d’« hétérotopie ». 
Moteur animant sa recherche sur ces formes de matérialisation de l’empreinte de l’homme dans les sociétés. Si son processus de travail intègre l’objet, c’est par le fait qu’il en constitue la matière première de ces installations. Elle va chercher avec la foi d’un voyageur, la poésie de l’objet topique, qui, trouvé, acheté, échangé, ou transformé, offre avec la même force de recherche cette unicité politique et culturelle aux allusions mythologiques dénotant la Vie. Une allégorie du vivant. La beauté et sa laideur ou séparément regardés. Le double monde ; son intérêt pour l’immersion. La vie, la mort, bien sûr, la métaphysique qui surgit de l’objet et les cavités au combien creuses du crâne humain. […] En opérant des allers-retours entre le réel et la fiction, par des systèmes métaphoriques, elle se joue du réel et rend flou l’origine même des choses pour faire ressortir parfois en couture brodée, un humour noir. 
La pratique de Camille Franch-Guerra réside dans l’ambiguïté d’une réalisation protéiforme qui arbore un rébus inspiré de sources documentaires, scientifiques, historiques et mythologiques.
Comme autant d’énonciations critiques au système de l’image, sa pratique se déploie sous forme d’installations. Dans une conscience animiste d’un monde où la porosité humaine ploie sous ses propres fantasmes futurs, l’anamnèse devient autant fictive que réaliste, poétique et politique. www.camillefranchguerra.com


Delphine Mogarra
Artiste plasticienne, vit et travaille à Marseille.
Diplômée en 2016, DNSEP avec les félicitations du Jury à l’ESADMM (l’Ecole Supérieure d’Art et de Design Marseille Méditerranée).
À l’attention de la matière dans tous ses changements d’états, des corps qui se transforment et qui se cristallisent dans leur mouvement, Delphine Mogarra tente de s’approcher du fugace.
Pygmalion, le sculpteur en train de courir après le vivant, elle se pose la question suivante: « Comment conserver cette vitalité apparue soudainement ? »
Dans l’espace blanc du mur se situe le dessin, où les formes sont toujours en mouvement, il a à voir avec l’aveuglement : il est l’œil éclaté et la coquille à la fois. Quand vient l’éclosion, le terrain devient plâtreux et les formes tombent au sol. Les expériences intimes et quotidiennes sont rendues visibles, épiques.www.delphinemogarra.com


Lucia Pellegrini
Née à Buenos Aires le 8 avril 1978, Lucia Pellegrini vit et travaille à Puerto Madryn, Province de Chubut, en Argentine. 
Les dessins de Lucia sont des poèmes, complexes comme des mers, des mondes, des galaxies et légers comme le vent, l’eau, le sable. Elle est aussi magicienne puisqu’elle sculpte le marbre jusqu’à le rendre aussi souple qu’un tissu ondoyant, en douce lévitation…
Assistante dans l’atelier de peinture de Marisol Jinra pendant 4 ans. Lucia a suivi l’enseignement de Claudia de Rio, Léticia Obeid et Marina de Caro. De 2013 à 2016 elle participe à Art Boomerang, Programme féréral pour les Arts dirigé par Daniel Fischer.
En 2018 elle obtint la Bourse Création du Fondo Nacional de las Artes d’Argentine et fut finaliste du Prix Itau de la Casa Nacional del Bicentenario. Elle participe également aux projets de MatériauxMixtes, Nice, France.
En 2017, en temps qu’artiste de la Galerie Praxis, elle a été sélectionnée pour le Concours du Fondo Nacional de las Artes et exposa aux Salas Federales, CFI.
En 2016 elle est sélectionnée pour le Premio Adquisición del Banco Cuidad, Centre Culturel Recoleta et pour “Opera Prima “, Casa Nacional del Bicentenario, lors du 105ème Salón Nacional, Sculpture, Palais de Glace et obtient le Premier Prix du Salón Provincial de Chubut. En 2015 elle obtient la Bourse Nationale à la creation artistique octroyée par le FNA. Elle obtint la Mention spéciale du Jury Sculpture lors du 104ème Salón National des Arts, Palais de Glace. En 2014 elle est selectionée au LXVIII Salón Nacional de Rosario, Castagnino + Macro et à BRA 2014, Biennale Régionale de Bahía Blanca. En 2018 elle participe aux projets NOPOTO et 100TITRES de MatériauxMixtes, Nice France. Elle obtient la bourse de Création du FNA et a été sélectionnée pour le Concours d’Arts Visuels du FNA. En 2019 elle participe à Para todes, tode. C.C. Haroldo Conti. 
Instagram : @lucia._pellegrini


Eve Pietruschi
Vit et travaille à Nice
Diplômée de l’Ecole Nationale Supérieur d’Art, la Villa Arson DNSEP, Nice en 2007. Née en 1982 à Nice, Eve Pietruschi mène sa pratique dans le sud pour son intérêt pour la lumière et la nature. Les relevés photographiques de paysages en friches, d’architectures abandonnées et les récoltes de fossiles ou de végétaux constituent son vocabulaire, ses archives.
Sa pratique est une pratique de l’observation, qui passe par le dessin et se déploie au travers de Voyages Immobiles (terme désignant ses installations). Le médium photographique lui sert de capteur de l’instantané. La mémoire, l’empreinte, la lumière, la marche sont convoquées. L’ensemble du travail converge vers un temps hors du temps contemporain, propose un espace dans un espace, une hétérotopie où l’on peut ralentir le temps afin d’observer, d’écouter, de sentir, de lire… prendre racine…
www.evepietruschi.com


Stéphanie Raimondi
Née en 1983, France
Vit et travaille à Paris et Rio-de-Janeiro
Diplômée en 2008 de l’École nationale supérieure d’art de la Villa Arson. Après l’obtention d’un post-diplôme de la Head à Genève en 2009, elle participe à plusieurs expositions en France et à l’étranger. Ses œuvres ont été montrées notamment à Genève à la Maison des arts du Grütli, à Zürich dans le cadre de Plattform 10, à Marseille pour le Printemps de l’Art Contemporain et récemment au Brésil à la Fabrica Bhering. Elle participe depuis 2016 au Laboratoire Espace Cerveau à l’Institut d’art contemporain de Villeurbanne. Elle a enseigné les arts plastiques à l’université de Lille 3 à Tourcoing.
Elle est représentée par la galerie Houg à Paris.
http://stephanieraimondi.com/