ART ET ASIE DU SUD EST, LIGNES FÉMININES CROISÉES

ART ET ASIE DU SUD EST, LIGNES FÉMININES CROISÉES

Imhathai Suwatthanasilp – Fusain, monoprint et acrylique sur toile – 2021 – courtesy galerie arnaud Lebecq

EN DIRECT / Exposition (Entrelacs) qui réunit les deux artistes thaïlandaises Imhathai Suwatthanasilp et Jiratchaya Pripwai
Jusqu’au 19 décembre 2021,Galerie Arnaud Lebecq, Paris

Par Damien Nicolas Roux
Paris, le 5 Décembre 2021

Des lignes, d’innombrables lignes. Noires, sobres, intenses et toutes différentes. C’est ce qui réunit les deux artistes thaïlandaises – Imhathai Suwatthanasilp et Jiratchaya Pripwai – invitées par la galerie arnaud Lebecq pour leur première exposition parisienne mettant en scène une trentaine de dessins inédits sous le nom évocateur d’entrelacs.

De la rue, l’ensemble semble homogène, voire austère. Mais le second regard, une fois que l’on passe la porte de la galerie, révèle à la fois un travail précis et très différent pour les deux artistes qui se font face – pan droit et pan gauche de l’espace. Une impression immédiate de sérénité se dégage de l’ensemble malgré la pluie battante qui bat le pavé du Marais le soir de la preview.

Imhathai Suwatthanasilp s’est fait connaître par une technique qui lui est propre à savoir l’utilisation de cheveux humains pour alimenter les inextricables motifs qui composent ses œuvres. Trois œuvres aux accents de fonds marins issues de cette pratique sont présentées faisant ainsi le lien avec la série de dessins sur papier que l’on découvre dès l’entrée de l’exposition : une économie de moyen – fusain, graphite, acrylique – une dominante noire unique et pourtant des infinités de variations dans ces compositions devant lesquelles on peut rester des heures tant leur construction invite à la contemplation et laisse à notre regard et à notre esprit la liberté d’interprétation de leurs formes. Des coraux, une truffe, un dragon, une ombre dentelée ? La liste est infinie. Plus on s’approche des oeuvres, plus elles révèlent leur complexité par la précision de leur trait. Le mélange des techniques de dessin crée un tel relief que l‘on serait tenté de toucher furtivement si le verre de l’encadrement ne nous en empêchait.

Sur le mur d’en face, Jiratchaya Pripwai tisse ses filets. C’est la première analogie qui vient à l’esprit face à cette série de dessins à l’encre qui révèle elle aussi, progressivement, sa profondeur. Via une pratique méditative et radicalement cérébrale, l’artiste trace inlassablement des traits qui ne prendront vie qu’une fois le recul nécessaire pris devant l’œuvre. Les “filets” dévoilent alors leur topographie : vallons, gorges, intersections. On pourrait déceler un mouvement furtif dans ces formes foncièrement féminines. L’instant d’après, le dessin est pourtant toujours là, immobile devant nous, prêt pour une nouvelle interprétation.

Si les deux femmes vivent et créent à des milliers de kilomètres de nous – à Lampoon pour Imhathai, au cœur d’une nature luxuriante et à Chiang-Mai pour Jiratchaya – leurs univers n’en restent pas moins accessibles voire familiers aux occidentaux que nous sommes. Déjà reconnues dans leur pays d’origine, les artistes nous confrontent enfin à la rigueur de leurs douces abstractions, féminines si ce n’est féministes.

galerie arnaud Lebecq - (ENTRELACS) - du 4 au 19 décembre 2021 - courtesy galerie arnaud Lebecq
galerie arnaud Lebecq – (ENTRELACS) – du 4 au 19 décembre 2021 – courtesy galerie arnaud Lebecq
Jiratchaya Pripwai - Encre sur papier bambou artisanal - 2021 - courtesy galerie arnaud Lebecq
Jiratchaya Pripwai – Encre sur papier bambou artisanal – 2021 – courtesy galerie arnaud Lebecq
Imhathai Suwatthanasilp - graphite, fusain et acrylique sur papier - 2021 - courtesy galerie arnaud Lebecq
Imhathai Suwatthanasilp – graphite, fusain et acrylique sur papier – 2021 – courtesy galerie arnaud Lebecq
Imhathai Suwatthanasilp - graphite, fusain et acrylique sur papier - 2021 - courtesy galerie arnaud Lebecq
Imhathai Suwatthanasilp – graphite, fusain et acrylique sur papier – 2021 – courtesy galerie arnaud Lebecq