ESMERALDA DA COSTA – APOKÀLUPSIS

ESMERALDA DA COSTA – APOKÀLUPSIS

EN DIRECT / Exposition Apokàlupsis exposition personnelle d’Esmeralda Da Costa, jusqu’au 31 décembre 2021, au Repaire Urbain à Angers

Du fond des âges nous parvient une rumeur terrible. Une de celles auxquelles  on ne croit guère, mais sait-on jamais… En substance, elle nous annonce la fin des temps, le Jugement  dernier, la catastrophe finale. À l’origine de ce récit, l’Apocalypse, dernier livre de la Bible,  apport tardif au Nouveau Testament attribué à Saint Jean. Suite à une résidence au repaire urbain d’Angers, Esmeralda Da Costa propose une interprétation  contemporaine de la Tenture de l’Apocalypse, mise en image tapissée du récit de la fin du XIVe siècle, joyau du Château d’Angers.

En grec ancien apokàlupsis signifie dévoilement. Tel un lever de rideaux sur les malheurs de ce monde ou la révélation optimiste de leur résolution ?

En octobre 2021, nous reprenons notre souffle après une longue période d’isolement nourrie de craintes Post-Covid, au-devant du “monde d’après” ? Étonnamment s’est fait sentir au cours des derniers mois une apathie générale, une paralysie du bonheur jusque dans ses échos. Un arrêt sur image. Lorsque le voile se lève, s’opère un retour vers l’autre qui se veut pourtant inquiet ou au moins timide. Comment réussir à réactiver nos liens gelés ? Accueillir à nouveau la proximité, se mettre en mouvement, aller à la rencontre. Esmeralda Da Costa a appréhendé sa résidencede création avec cet élan.

Depuis ses débuts, sans se détourer de l’autre, l’artiste interroge le monde à travers le corps individuel. Son propre corps, elle l’a mis en scène, lui conférant le rôle d’intercesseur, vecteur d’une histoire, d’un récit transgénérationnel, réceptacle et transmetteur d’un héritage lointain qu’elle approche, transforme et transpose dans ses œuvres.

Situons-nous dans le présent. Esmeralda Da Costa arrive à Angers en juin 2021, en tant qu’hôteempreinte de la double signification de ce terme. Lauréate de la première édition de la résidence arts visuels au RU, elle y est accueillie chaleureusement. Instinctivement, pour contrer un souvenir de vie trop confinée, elle offre en échange une généreuse ouverture à son projet. Apokálupsis naît de ce mouvement alternatif.

Dans une démarche participative et collective, elle a pensé de réels tableaux vivants, mettant en scène Angevines et Angevins, de tous corps de métiers, rencontrés dans les rues de la ville. Avec l’artiste, s’est ouvert à elles/eux un champ particulier : celui de son appareil photo et celui de sa recherche afin de relier le récit et les images du XIVe siècle à notre époque et notre vécu.

Elle a recréé certaines scènes de la tenture de l’Apocalypse pour en faire des allégories de notre société et de ses enjeux : le drame écologique, la résistante domination du « mâl.e », les attentats, la pandémie. Non sans un trait d’humour, une mise à distance s’est opérée grâce à la caméra, dans l’accentuation d’un décor scénique précis et symbolique, imaginé et produit dans sa globalité par l’artiste. La couleur revient à grand pas, pleine de vie, et laissemême penser qu’en miroir, la tenture de l’Apocalypse conservée dans une galerie sombre du Château d’Angers et ternie depuis son origine en 1380, retrouve aussi de l’éclat.

Ces tableaux vivants sont des créations hybrides, entre peinture et théâtre. Les images de l’artiste s’inspirent d’unenarration fictive, pourtant elles reflètent la réalité car tous les éléments présents sont authentiques. Les images trouvent leur force dans une pantomime qui résume à elle seule l’intrigue l’ayant inspirée et immortalisée par l’instant photographique.

Sacha Guedj Cohen

Apokàlupsis exposition personnelle d'Esmeralda Da Costa, jusqu'au 31 décembre 2021, au Repaire Urbain à Angers
Apokàlupsis exposition personnelle d’Esmeralda Da Costa, jusqu’au 31 décembre 2021, au Repaire Urbain à Angers