HUBERT MAROT, TO REMAIN STILL IS TO DIE

HUBERT MAROT, TO REMAIN STILL IS TO DIE

EN DIRECT / Exposition To remain still is to die de Hubert Marot, jusqu’au 30 novembre 2022, Studiolo, Belleville, Paris

Voilà donc les conséquences de quelques errances urbaines, engagées nuitamment. À hauteur de conduite, en quelque sorte, comme font ces types au volant de leur bagnoles qui zonent au fil des rues, considérant les trottoirs à la recherche d’on ne sait quoi, d’une embrouille peut-être, d’un compte à inventer pour mieux le régler. Pour mieux voir défiler ces rez-de-chaussée, aussi, où se cachent tant que faire se peut celles et ceux qui endurent la tragédie des grandes villes : l’anonymat et le refuge impossibles en ces bas-étages, parmi tant de voyeurs en puissance.
Autant d’écrans qui s’entêtent à recaler la transparence, pour n’offrir qu’un théâtre d’ombres incertaines. Il aura donc fallu des images pauvres, pour évoquer une telle indigence du visible. Celles et ceux qui connaissent Hubert Marot savent sa propension à s’échiner au tirage, à expérimenter et recommencer, pour tutoyer un accomplissement matériel devant lequel la photographie s’est toujours montrée un peu farouche : image de papier, sans valeur parce que banque de toutes les valeurs, « plate » a-t-on dit, qui peut tout aussi bien finir en origami ou en morceaux. Mais pendant que la monnaie conventionnelle (l’image même) dévisse, le cours du cadre remonte, en guise de compensation.
Hubert Marot s’emploie donc à préparer un cadre comme on prépare une carrosserie, selon les mêmes moyens et les mêmes procédés : apprêter, poncer, peindre, polir, recommencer jusqu’à l’exclusion souveraine de tout vestige d’artisanat, jusqu’à l’apparition d’un lustre irréprochable. Il est donc question de banalité industrielle et des portes qu’elle s’attache toujours à ouvrir vers le rêve de la perfection : c’est généralement la pacotille et les choses communes qui concentrent le plus de paillettes et de reflets complaisants. Fait remarquable, par ailleurs : l’industrie invente de l’unique pour le livrer en masse, comme ces couleurs toxiques brevetées, qui n’appartiennent qu’à un seul fabricant ; la photographie invente la masse qui permet de toujours faire de l’unique – des copeaux de temps qui ne se laissent prélever qu’une seule fois. L’insignifiance d’une photographie au smartphone, marque confirmée de l’engourdissement contemporain, est réveillée par l’apparat d’un labeur si dur et précis qu’on le réserve habituellement aux puissants moyens de l’industrie. Bref, tout est affaire de déplacement, car s’endormir dans le confort des conventions usées et des catégories en lambeaux est toujours risqué : to remain still is to die.

Guillaume Blanc

Hubert Marot, To remain still is to die, Studiolo Paris
Hubert Marot, To remain still is to die, Studiolo Paris
Hubert Marot, To remain still is to die, Studiolo Paris
Hubert Marot, To remain still is to die, Studiolo Paris
Hubert Marot, To remain still is to die, Studiolo Paris
Hubert Marot, To remain still is to die, Studiolo Paris
Hubert Marot, To remain still is to die, Studiolo Paris
Hubert Marot, To remain still is to die, Studiolo Paris
Hubert Marot, To remain still is to die, Studiolo Paris
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Hubert Marot, To remain still is to die, Studiolo Paris
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Hubert Marot, To remain still is to die, Studiolo Paris
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Hubert Marot, To remain still is to die, Studiolo Paris
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