Polder II, Glassbox

Polder II, Glassbox

En direct de l’exposition Polder II une exposition collective avec Antoine Boudin, Louis Gary, Adrien Goubet, Laurent Le Deunff et Laura O’Rorke, du 21 janvier au 20 février 2016, Espace d’art Glassbox, 4 rue Moret 75011 Paris.

Artistes : Antoine Boudin, né en Avignon en 1986. Il est diplômé de l’École Cantonale d’Art de Lausanne en 2008.
Louis Gary, né en 1982 à Rennes, vit et travaille à Ivry-sur-Seine. Diplômé de l’Ecole Supérieure des Beaux-Arts de Marseille (DNSEP) en 2007.
Adrien Goubet est un jeune designer diplômé de l’Ensci- Les Aterliers à Paris (2014) et de l’Esad de Reims (2009).
Laurent Le Deunff, né en 1977 à Talence – représenté par la Galerie Semiose.
Laura O’Rorke, née à Paris en 1988 – Vit et travaille à Paris. Diplômée d’un DNSEP avec les félicitations du jury à l’École Nationale supérieure de Paris/Cergy après un DNEP à l’École Régionale des Beaux-Arts de Nantes.

 

Comment des objets usuels, fonctionnels, du quotidien ou du design, sacrés ou symboliques, se trouvent élevés au rang d’oeuvre d’art ? Comme pour le premier opus (1), Polder II convie le visiteur à une réflexion sur le statut des objets et les variations auxquels ils sont soumis en fonction des espaces où il sont présentés.

Produites dans l’espace de travail du centre d’art Glassbox qui est séparé de l’espace d’exposition par un simple rideau de PVC transparent, les réalisations des cinq artistes invités connaissent un changement d’état par le passage d’un espace à un autre. Un passage ici anonyme, une simple translation entre deux espaces contigus sans qu’aucune notice ne vienne accompagner leur transhumance :

« […], ils ne sont pas muséographiés, pas de cartel, ni discours, aucune escorte qui puisse les désigner comme œuvre. »

La réflexion porte sur l’existence même de l’objet qui a été utilisé, apprécié autant pour sa fonctionnalité que pour son esthétique. Séparés des deux espaces par de simples rideaux transparents laissant une libre circulation du regard, des personnes et des objets, ces derniers restent malgré leur « poldérisation » à proximité immédiate du lieu qui les a vu naître.

« Les apparitions successives modifient la morphologie de Glassbox sans faire œuvre, l’espace de travail s’organise autour d’eux et avec eux, l’équipe compose avec, sur, sous ou entre les polders. Au terme du cycle d’invitations, les objets migrent de l’espace de travail à l’espace d’exposition, s’éloignent de leur valeur d’usage pour affirmer leur valeur d’exposition. »

L’exposition ne se donne pas l’ambition de révéler l’objet mais tout au contraire de lui conserver sa dimension usuelle, à proximité de son environnement fonctionnel, afin de jouer sur un contraste, de le glisser, sans le dénaturer, d’un espace à l’autre.

« Espaces dédoublés, valeurs dédoublées, chacun de ces couples polaires s’incarnent au même endroit : les espaces de travail et d’exposition se mêlent au 4 de la rue Moret tandis que les valeurs d’usage et d’exposition siègent ensemble dans l’objet. »

La particularité du polder est d’être une action artificielle de l’homme sur la nature, la création, par un système d’endiguement, d’une avancée de terre sur l’eau. Il désigne ici le fait que l’acte de déplacer l’objet est conscient et peut par là-même être poétique.
Les céramiques cristallisées de Laura O’Rorke réalisées pour servir de bougeoirs et pots à crayon gardent, exposés au regard du visiteur, leur propriété de « contenant », mais acquièrent une dimension presque mystique, une forme de préciosité avec un fort caractère symbolique.

Laura O'Rorke, Le Banquet, 2015/2016, expsoition Polder II, Glassbox Paris
Laura O’Rorke, Le Banquet, 2015/2016

Le déplacement de l’objet induit un autre glissement qui est celui du sens. Ainsi on se plaît à reconnaître dans Torsade d’Adrien Goubet le vestiaire utilisé par l’équipe de Glassbox. Dans l’espace d’exposition, l’objet devient un mobile artistique et ne garde de la fonction utilitaire que la possibilité du mouvement.

Adrien Goubet, Torsade, 2015, exposition Polder II, Glassbox Paris
Adrien Goubet, Torsade, 2015

Destiné spécialement pour un stagiaire, le bureau de Louis Gary, aussi fonctionnel qu’humoristique, reprend les codes du bureau d’entreprise et exprime la possible ascension de ce personnel précaire au sein de la firme par la présence de bois stratifié et d’acajou aussi bien que sa possible exécution par son extrémité en forme de guillotine.

Louis Gary, Traînée, 2015, exposition Polder II, Glassbox Paris
Louis Gary, Traînée, 2015

Antoine Boudin a confié un « Pavillon indiannaire rouge et blanc », objet vernaculaire à la symbolique identitaire forte tandis que Laurent Le Deunff présente deux sculptures qui montrent la migration des matériaux. Un Igloo composé de cuir de canapé ainsi qu’un nid de trompe d’éléphant accueillant un œuf. Tuyaux et cuir de canapé sont ici détournés mais conservent toutes leurs propriétés, habillage d’objets, circulation de fluide vital et protection.

Laurent Le Deunff, Un long noeud de trompes (partie III), 2013, Exposition Polder II, Glassbox Paris
Laurent Le Deunff, Un long noeud de trompes (partie III), 2013

Tous les objets présentés, par ce glissement d’un espace à l’autre, nous racontent une multitude d’histoires, nous dévoilent toute leur potentialité.

« Le déplacement suffit à transformer l’objet tandis que celui-ci reste à tout point de vue identique à lui-même. »

(1) Polder, exposition collective avec David Douard, Ann Guillaume, Thomas Klimowski, Veit Stratmann et La Ville Rayée, du 12 décembre au 18 janvier 2013. http://www.glassbox.fr/2015/polder-2013/

Toutes les citations sont extraites du communiqué de presse et sont signées Clémence AGNEZ.

Remerciements à Adrienne Louves pour son accueil et la présentation de l’exposition.

Polder est un programme soutenu par la DRAC Île-de-France.

 

 

Pour en savoir plus :

glassbox.fr

Louis Gary
Antoine Boudin
Adrien Goubet
Laurent Le Deunff
Laura O’Rorke

Visuel de présentation : Antoine Boudin, Pavillon indiannaire rouge et blanc, 2015 et Laurent Le Deunff, Igloo, 2011