ANTIDOTE FICTION

ANTIDOTE FICTION

Exposition collective Antidote Fiction – Photo Mike Zenari

EN DIRECT / Exposition collective Antidote Fiction jusqu’au 29 mai 2022, Centre d’art Nei Liicht et Centre d’art Dominique Lang, Dudelange-Ville, Luxembourg

avec Nathalie Noé Adam, Pascale Noé Adam, Edwin Cuervo, Olga Karpinsky, Keita Mori, Agathe Simon, Claire Thill.

Avec l’exposition interdisciplinaire, Antidote Fiction, Bombyx réunit sept artistes issu.e.s des arts visuels et des arts du spectacle. Les œuvres proposées prennent note de l’histoire industrielle qui a contribué à la construction de notre monde actuel. Elles la détournent. L’imaginaire et la fiction prennent le dessus sur la réalité et deviennent un antidote à la morosité ambiante. Ici la fiction est une catharsis bienvenue dans ces temps où la collapsologie se dessine partout. Les crises sanitaires s’additionnent aux crises géopolitiques, climatiques et humaines et l’on ne peut les ignorer. Créer avec l’effondrement des civilisations et reconstruire avec l’imagination. Faire l’état des lieux, proposer avec l’art comme médium, des routes possibles. Faire rêver d’un monde différent. Et nous disons bien différent et pas meilleur car, même si le meilleur reste peut- être à venir, le futur nous reste obscur.

À tout poison son antidote !

Nous sommes partis du constat que dans notre monde post-industriel le soleil ne brille pas toujours. Pendant que les humains prennent du repos, le scintillement de la lune peut parfois rendre visible un monde sous-jacent. (Edwin Cuervo, photographies) La Terre est lourde de restes industriels toxiques et d’histoires humaines réprimées ou jamais découvertes. (Olga Karpinsky, sculptures et installations – Agathe Simon, film) Le monde est violent et ses habitants sont démunis face à leur colère. (Pascale Noé Adam, performance) Ils se débattent aussi bien qu’ils peuvent et tentent de se faire entendre. Les artistes prennent note des dysfonctionnements dans les systèmes afin de les rendre visibles sur les murs de l’exposition.(Keita Mori, installation-dessin) Les cosmologies sont à réinventer pour mieux comprendre le futur et préparer la rencontre avec les autres peuples en comptant ceux qu’on nomme extra-terrestres et qu’on fabule peut-être.(Claire Thill, performance – Nathalie Noé Adam, dessins et installation vidéo) Nous sommes ici pour observer, rencontrer. Surtout pour vous raconter des histoires que vous ne croirez pas mais qui seront pourtant les vôtres.

La Fiction comme remède.

La fiction est une construction imaginaire consciente de l’artiste, se constituant en vue de déformer le réel pour mieux l’appréhender ou le détourner. Elle peut être perçue comme le remède à nos maux. Elle permet de ne pas oublier les combats passés. Grâce à elle les deux femmes qui ont pu intégrer pour la toute première fois l’harmonie de Dudelange, ne seront pas oubliées. Peut-être qu’elles n’ont pas existées. Mais leur potentielle existence est symbolique pour toutes ces femmes qui se sont battues dans le passé pour leurs droits. Et ce afin de se libérer des injonctions patriarcales et pour obtenir la possibilité de vivre pleinement leurs ambitions.

Si la place des femmes est mise à l’honneur dans le film, Une seule Note d’Agathe Simon, la performeuse Pascale Noé Adam déploie son énergie comme une force vivace. Elle nous parle de la colère, elle nous hurle les désarrois de toutes nos aïeules. Sa performance, qui sera exécutée lors du vernissage et du finissage, ne laisse pas de doute sur l’émotion mise en scène: Wut-Colère. Ses poings s’enfoncent dans un sac de boxe qui lui sert de concentrateur d’énergie. C’est avec ardeur qu’elle envoie balader les énergies mauvaises et les frustrations de ceux que ce territoire et l’industrie ont mutilés, amoindris ou simplement usés. Le personnage de Pascale est le « bug » dans le territoire, elle y implante le grain de sable qui cause le dysfonctionnement.

C’est ce même territoire qu’essaie de comprendre Keita Mori en le rationalisant par le dessin. Des fils de soie et de métal se déploient sur les murs et viennent lécher le sol et le plafond. Plus qu’une carte du territoire, c’est un mode d’emploi qui est tissé sur le mur. Avec cette cartographie méticuleuse l’artiste nous rappelle que dessiner, c’est observer et comprendre un objet.

Les photographies d’Edwin Cuervo quant à elles nous montrent des carrières d’extraction. Ces images issues d’expéditions nocturnes, ne peuvent être visibles que grâce aux rayonnements de la pleine lune. Les photographies réunies sous le titre Luna Blanca résultent d’une vision qui est filtrée par le monde de la nuit. Les images qui en découlent sont sombres, à certains endroits presque fantomatiques. Entre chien et loup, les camaïeux de gris forgent des histoires racontées au coin du feu. La spectatrice et le spectateur sont invités a inventer de nouvelles légendes. On sent le sol volatile et l’atmosphère poudreuse. Elle fait écho à la poussière qui se déploie dans les dessins et l’installation vidéo de Nathalie Noé Adam, Une fin certaine. Des bâtiments s’affaissent dans une extrême lenteur. La cigale se dresse comme une extra-terrestre avant de disparaître elle aussi, dans un nuage de fumée. Puis elle renaît, continuellement. La cigale de par sa forme étrange que l’on n’a pas l’habitude d’observer, introduit un élément fantastique que l’on retrouve dans l’installation et la performance de Claire Thill. Tout en restant proche d’un archivage du mode de vie de la population du Minett, Claire nous amène à considérer des éléments extra-terrestres. La possibilité de l’existence d’une vie ailleurs dans le cosmos incite l’artiste à analyser notre propre civilisation. En tentant d’expliquer notre monde à une autre entité, Claire trouve des moyens d’examiner puis de raconter l’univers qui est propre à cette contrée. Nous découvrirons les résultats lors de la performance d’ouverture : Golden Voyager.

Nous voyageons dans l’espace avec Claire et dans le temps avec les sculptures d’Olga Karpinsky. Ses méthodes de création sont liées aux techniques les plus actuelles. Cependant elle nous montre des simulacres d’amulettes découvertes dans des sites archéologiques. Selon les mots de l’artiste, elle utilise son ordinateur comme une machine à remonter le temps. Elle l’utilise pour questionner la reproductibilité de l’objet ancien et la reproductibilité de la charge historique et émotionnelle de celui-ci. Nous nous retrouvons ici dans une autre carrière, celle du site archéologique. Chaque artiste fouille la terre à sa façon pour faire apparaître des nouvelles histoires.

La fiction permet d’appréhender les histoires passées sous un nouvel angle et de les réécrire selon la sensibilité individuelle des artistes. Voire de les fabuler. Les histoires contées permettent de faire naître ou renaître des espoirs et des désirs. Nous espérons donc qu’elles inviteront les visiteuses et les visiteurs à imaginer à leur un futur qui leur appartient et un regard éclairé pour ce qu’ils et elles ont vécu.

Nathalie Noé Adam

Exposition collective Antidote Fiction - Photo Mike Zenari
Exposition collective Antidote Fiction – Photo Mike Zenari
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Exposition collective Antidote Fiction – Photo Mike Zenari
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Exposition collective Antidote Fiction – Photo Mike Zenari
Exposition collective Antidote Fiction - Photo Mike Zenari
Exposition collective Antidote Fiction – Photo Mike Zenari