BORIS CHOUVELLON

Boris Chouvellon, Last splash – 2012 – béton armé, métal – 30 x 1 x 7m (Maison de la Culture d’Amiens, Hortillonages Art, ville et paysage, 2012)
FOCUS / Boris Chouvellon – Le Monde d’Après
par Laure Jaumouillé
On trouve chez Boris Chouvellon une certaine forme de mélancolie, habillée d’humour et de légèreté. Il opère un déplacement du regard, du centre vers la périphérie, produisant chez le spectateur un sentiment ambivalent, oscillant entre fascination et malaise. Dans le patio de la Maison Rouge, un mobile tient en lévitation une série de godets de pelle mécanique privés de leur fonction. Un sablier contenant du ciment nous invite à figer le temps, comme pour marquer un arrêt dans la course effrénée de nos vies urbaines. Chez l’artiste, l’absurde est présent partout mais toujours empli de poésie. Une série photographique représente méthodiquement les stations balnéaires de la côte méditerranéenne (de Menton à Port Bou et le long de la côte espagnole). Des drapeaux déchirés évoquent la vanité des républiques contemporaines. Enfin, un Jet Ski en béton déclare l’absurdité de son existence. Les œuvres de Boris Chouvellon sont autant de figurations spectrales de la société contemporaine. Le fameux spleen baudelairien côtoie des godets de pelles mécaniques, tandis que l’artiste se fait anthropologue du quotidien et de ses périphéries. Le quotidien en question n’est autre que celui des emblèmes de la société des loisirs occidentale : les parcs d’attraction, les toboggans aquatiques, les manèges, les jets-skis, les gradins, les stations balnéaires etc. De multiples colonnes composées de coupes et de trophées gagnés lors de compétitions du dimanche témoignent de leur propre dérision. Une étoile en béton striée de tiges métalliques lévite au-dessus de la terre, déclarant une gloire déchue. Une piscine reproduite à la verticale en béton armé proclame son absurdité. Une grande roue miniature en métal se trouve disposée sur une plaque de marbre contenant des fossiles. Par la suite, cette même roue avec une part manquante est présentée à grande échelle, avec en alternance des godets de pelleteuse et des palmiers en place des nacelles. Tandis que le poétique s’allie au trivial, puis au conceptuel, l’artiste développe tout au long de sa trajectoire une esthétique de la ruine. Une estrade au bord de l’écroulement accueille dans ses interstices les sons imaginaires de ce qu’on ne voit pas : un ballet, un concert… Un toboggan aquatique en ruine serpente dans le paysage pour se jeter dans l’eau. Boris Chouvellon s’infiltre dans la société des loisirs, dont il produit des anti-monuments. Cependant, à trop vouloir détruire le spectaculaire, l’artiste crée une nouvelle forme de spectacle. Mais un spectacle dans lequel la puissance brute du ciment et de l’acier pose la question du « monde d’après ».
Laure Jaumouillé












BORIS CHOUVELLON – BIOGRAPHIE
Né en 1980, vit et travaille à Paris, France
Diplômé de l’École Internationale d’Art et de Recherche de la Villa Arson à Nice, puis de l’École Supérieure des Beaux-Arts de Marseille, il présente ses oeuvres de façon régulière en France et à l’étranger. Ses sculptures monumentales ont été montrées dans des expositions d’art contemporain à ciel ouvert liées au paysage comme dans les hortillonnages, art villes et paysages, à la maison de la culture d’Amiens. Dans l’exposition Quatre, dans les Hautes-Alpes. Lors de SAC Mari tra le mura à la fondation Pino Pascali, à Polignano a Mare, en Italie. Ou encore au Château d’Avignon, Se souvenir de la mer. Son travail a aussi été vu lors d’expositions collectives, au FRAC Basse-Normandie, au Musée des Beaux Arts de Calais, au SCVA à Norwich en Angleterre, au centre d’art Argos à Bruxelles en Belgique, au Centre Culturel français d’Hanoï au Vietman, à Toronto au Canada pendant agYU presents Buy-sellf, au salon de Montrouge ou encore au Mac Val à Vitry-Sur-Seine.
En 2011 à Marseille le MAC (Musée d’Art Contemporain) lui a consacré une exposition monographique, accompagné d’un catalogue. De 2012 à 2014 il était résident à la cité internationale des arts à Paris. En 2014, il était finaliste des Révélations Emerige ainsi que lauréat du 1% artistique du centre d’incendie et de secours de la Valbarelle. En 2015 il est lauréat du prix des amis la maison rouge, fondation Antoine de Galbert où il présente une oeuvre monumentale pour le patio de ce lieu. La même année, une monographie Fondations, aux éditions André Frère reprend l’ensemble de son travail. Il présente une oeuvre monumentale La part manquante lors de l’édition 2017 du Voyage à Nantes. L’hiver 2018 il séjourne à la résidence Saint-Ange à Seyssins. En 2019 il est lauréat de la bourse Étant donnés – FACE Foundation et part en résidence à Los Angeles, où il présente une exposition personnelle à la Show Gallery et réalise deux sculptures dans le désert pour la Biennale de Bombay Beach. En 2020 il prépare une oeuvre spécifique pour la Villa Datris, ainsi qu’une exposition collective à Paris.
Son travail est représenté dans des collections publiques et privées.