Victoria David, Snow Gum

Victoria David, Snow Gum

Snow Gum, Victoria David,  2020, le local, Reims © Thomas Schmahl

EN DIRECT / Exposition personnelle Snow Gum de Victoria David du 15 janvier au 15 février 2020 à le local, Kiosque des basses promenades, Reims
par Andréa Le Guellec

Une nouvelle initiative culturelle a vu le jour à Reims, proposant à la vue de tous un riche programme de douze expositions d’art contemporain par an. le local se veut être une vitrine sur la production contemporaine. En partenariat avec l’entreprise Pignon sur Vue, qui réanime les cellules inoccupées de Reims, le projet s’est emparé d’un kiosque vacant pour le transformer en espace d’exposition donnant immédiatement sur les rues les plus fréquentées de la cité des sacres. Une visibilité qui redessine le paysage urbain en proposant au passant un contact immédiat avec l’actualité artistique.

Du 15 janvier au 15 février, c’est Victoria David, jeune artiste diplômée avec les félicitations du jury de l’Ecole Supérieure d’Art et de Design et résidente à la Fileuse1, qui ouvre le bal. Formes abstraites, rocheuses et colorées, matériaux agrégés et surfaces sirupeuses absorbent le regard, comme des sucreries inaccessibles que propose cette vitrine postée à la croisée des chemins. Dans sa pratique sculpturale, il est question de mouvement et de métamorphose, du temps et des marques qu’il laisse. Les couches se succèdent, reprenant comme les strates d’une ère géologique les étapes du processus qui les a figées. Un processus similaire à celui d’une peintre qui assemble, superpose et agence l’espace de la toile à mesure que les couleurs s’accumulent. L’exposition est d’ailleurs intitulée Snow Gum, du nom d’une espèce d’eucalyptus dont l’écorce se pare d’un magnifique camaïeu de couleurs au fil de sa croissance, témoin du passage des saisons.

L’expérimentation est reine dans la pratique de l’artiste qui laisse la peinture s’associer tantôt à des silhouettes longilignes, tantôt à des textures minérales irrégulières, comme des peaux sur lesquelles s’imprime la trace du geste. D’apparence massive ou squelettique, naviguant entre creux et pleins, les structures habillent l’espace blanc d’un paysage riche, donnant l’impression de matières nouvelles, légères et malléables. Pourtant, c’est dans les matériaux quotidiens que l’artiste puise. Carton, papier mâché, cire et métal sont prélevés dans son environnement pour se fondre dans de nouveaux corps fragiles et périssables. L’atelier se fait alors laboratoire où l’artiste travaille dans ses textures ses multiples références à l’histoire de l’art. Sur les parois d’ombres et de lumières des Familiarités se lit déjà un intérêt accru pour les surfaces des sculptures antiques, et peuvent se faire supports ou socles à l’équilibre paradoxalement précaire. Les lignes dessinées par les Tupos rythment l’espace en s’entremêlant parfois visuellement aux masses grumeleuses des Bobines, chacune faisant émerger la force de l’ensemble : une étrange famille qui atteste de l’intérêt de l’artiste pour les collections muséales qu’elle sillonne depuis l’enfance. 

En somme, c’est à une sculpture presque vivante, puisqu’en constante évolution, que l’on se trouve confronté sur les basses promenades de Reims. Les matériaux vieillissant, il est nécessaire de penser leur conservation, leur réparation, leur re-construction.Une réflexion sur la pérennité existe donc dans le travail de l’artiste, qui parle souvent de son observation des statuaires qui ornent les cathédrales. Des chimères d’Eugène Viollet Leduc sur Notre-Dame de Paris aux sculptures pré-colombiennes présentées au musée du quai Branly, les témoignages historiques qui font d’une époque une éternité imprègnent sa pensée. Elle puise dans ce répertoire multiculturel des narrations, réinjectées dans ses enveloppes semi-organiques dont les plis se répondent comme dans une peinture d’espace. Evoquant les frasques formelles de Franz West, ou la pensée du geste sculptural de Katinka Bock, les matériaux sont le terrain de jeu de Victoria David qui s’amuse à en éprouver physiquement les limites et à en tester la présence. Près des yeux loin du corps, son travail invite à tourner autour de l’espace pour découvrir toutes les facettes de ce terrarium poétique qui fait du kiosque une bouffée d’air frais plus que bienvenue sur les allées de l’hyper centre-ville de Reims.

1 Friche artistique rémoise inaugurée en 2012

Andréa Le Guellec

Exposition personnelle Snow Gum de Victoria David du 15 janvier au 15 février 2020 à le local, Kiosque des basses promenades, Reims.
Snow Gum, Victoria David, 2020, le local, Reims © Thomas Schmahl
Exposition personnelle Snow Gum de Victoria David du 15 janvier au 15 février 2020 à le local, Kiosque des basses promenades, Reims.
Snow Gum, Victoria David, 2020, le local, Reims © Thomas Schmahl
Exposition personnelle Snow Gum de Victoria David du 15 janvier au 15 février 2020 à le local, Kiosque des basses promenades, Reims.
Snow Gum, Victoria David, 2020, le local, Reims © Thomas Schmahl
Exposition personnelle Snow Gum de Victoria David du 15 janvier au 15 février 2020 à le local, Kiosque des basses promenades, Reims.
Snow Gum, Victoria David, 2020, le local, Reims © Thomas Schmahl
Exposition personnelle Snow Gum de Victoria David du 15 janvier au 15 février 2020 à le local, Kiosque des basses promenades, Reims.
Snow Gum, Victoria David, 2020, le local, Reims © Thomas Schmahl
Exposition personnelle Snow Gum de Victoria David du 15 janvier au 15 février 2020 à le local, Kiosque des basses promenades, Reims.
Snow Gum, Victoria David, 2020, le local, Reims © Thomas Schmahl
Exposition personnelle Snow Gum de Victoria David du 15 janvier au 15 février 2020 à le local, Kiosque des basses promenades, Reims.
Snow Gum, Victoria David, 2020, le local, Reims © Thomas Schmahl
Exposition personnelle Snow Gum de Victoria David du 15 janvier au 15 février 2020 à le local, Kiosque des basses promenades, Reims.
Snow Gum, Victoria David, 2020, le local, Reims © Thomas Schmahl