LIQUIDE LIQUIDE, UNE EXPOSITION À LA PATINOIRE DE SAINT-OUEN

LIQUIDE LIQUIDE, UNE EXPOSITION À LA PATINOIRE DE SAINT-OUEN

Vue exposition Liquide Liquide – Crédit photo © CLAD – The Farm

EN DIRECT / Exposition collective Liquide Liquide, jusqu’au 19 novembre 2023, Patinoire de Saint-Ouen-sur-Seine

Avec les œuvres des artistes Jean-Marie Appriou, Patrick Bailly-Cowell, Daniel Dewar et Gregory Gicquel, Binta Diaw, Michael Elmgreen et Ingar Dragset, Kraken, Fabien Léaustic, Robin Meier et Ali Momeni, Juliette Minchin, Régis Moussa, Peybak, Linda Sanchez, Edgar Sarin et Bill Viola

L’architecture d’un lieu renaît par l’organicité d’une exposition
Par Pauline Lisowski

La patinoire de Saint-Ouen construite par le célèbre architecte Paul Chemetov, classée comme patrimoine remarquable et propriété municipale, acquière désormais une vie nouvelle. Depuis trois ans, ce bâtiment est l’objet d’une attention particulière, rendre accessible la culture auprès d’un grand public.

Dès l’ascension pour y entrer, le corps se prépare, se met en condition de l’explorer et de se laisser surprendre par ses détails architecturaux, le mobilier et les traces d’anciens usages. Initiée par le maire de Saint-Ouen-sur-Seine Karim Bouarame et orchestrée par l’agence IOTA Productions, l’exposition Liquide Liquide s’inscrit de façon subtile dans ce lieu. La pensée de l’historienne Arlette Farge, qui affirme dans son ouvrage Le peuple et les choses, que l’eau est propice au partage et à la vie sociale, a inspiré le propos curatorial. L’essai L’eau et les rêves de Bachelard a également renforcé l’image de l’eau et du liquide comme source d’imaginaire et de poésie. En dialogue avec les caractéristiques de ce bâti, le parti pris scénographique de l’agence AAVP architecture, prend appui sur le tracé d’un ancien terrain de hockey. Le cheminement fluide invite à découvrir petit à petit des chambres composées de voiles blancs, laissant passer la lumière du jour. Au cœur de ces alcôves, les œuvres se donnent à voir telles des surprises, des présences avec lesquelles entrer en relation. De nombreuses ramifications en découlent, les changements d’état, les récits, les histoires collectives, la place de l’eau dans la société. « Nous avons souhaité évoquer le liquide plutôt que l’eau », précise Agnès Perpitch, curatrice de l’exposition.

Comme pour nous ouvrir la voie vers des univers liquides, la vidéo de Linda Sanchez captive notre regard. Le chemin d’une petite goutte d’eau active la réminiscence de souvenirs et stimule notre imaginaire à la rencontre de la vie. 

Les mythes continuent d’inspirer les artistes contemporains et sont porteurs de réflexions actuelles. He, sculpture en résine époxy du duo Michael Elmgreen & Ingar Dragset apparait comme une interprétation contemporaine de la figure de la sirène en son double masculin. Les questions de genre, de convention artistique et culturelle en émanent. 

En suivant le courant et le flux de variations de lumière, les utilisations de l’eau dans l’histoire émergent au travers des œuvres présentées. Les usages de l’eau n’ont pas été que bénéfiques, telle est la réflexion sous-entendue par l’installation Nothing but the ashes de Patrick Bailly-Cowell. Celle-ci tend à nous faire prendre conscience de faits historiques gravés dans la mémoire collective.

Certaines œuvres sollicitent notre attention et jouent avec notre perception. Les photographies de Fabien Léaustic, comparables à des pareidolies, fascinent autant qu’elles nous incitent à réfléchir à nos impacts sur l’écosystème. Flipper de Daniel Dewar & Gregory Gicquel se donne à voir tel un vestige, une trouvaille, en écho aux sportifs et à la plongée. Sculpture ouverte à des histoires collectives et personnelles, elle matérialise un état entre deux. À proximité, les œuvres de Régis Moussa interrogent, quant à elles, « comment l’homme a transfiguré l’idée de l’eau ».

En référence aux places où la présence d’une fontaine rassemble et invite à la discussion, l’installation participative d’Edgar Sarin constitue un carrefour où s’instaurent des échanges, des gestes de construction en commun, la création d’exvotos. Des ateliers avec le jeune public sont d’ailleurs menés autour de cette proposition artistique réalisée pour l’exposition.

De loin, l’installation de Juliette Minchin attire le regard. L’enchantement opère et de près la matière intrigue tout autant. Cette architecture onirique semble surgir d’un conte et renvoie à diverses images collectives. En vis-à-vis, l’œuvre in situ de Binta Diaw nous laisse imaginer un paysage de mangroves. L’artiste, nourrie de réflexions éco-féministes, réinterprète cet écosystème en associant visuellement des cheveux tressés à des racines de palétuviers : Un hommage à la terre et aux femmes, à l’origine de la vie. Ces lianes dessinent un chemin circulaire, comme pour nous guider vers le tableau du collectif PEYBACK. Un point lumineux vers lesquels se dirigent des micro êtres vivants, telle est l’image qui en découle. 

Face à la sculpture en aluminium et bronze moulés de Jean-Marie Appriou, l’imaginaire de la sirène resurgit. L’artiste expérimente les limites de son matériau, telle une métaphore de la métamorphose. 

Dans cette invitation à se poser, à échanger, à contempler et à prendre le temps d’entrer dans l’univers de chaque artiste, la vidéo de Bill Viola nous transporte et rend visible une lente relation d’un corps avec l’eau.

L’intervention de Kraken se livre, elle, au regard des plus curieux. Une créature marine semble hanter l’architecture. Ce poulpe qui a fait connaître le street artiste en Ile-de-France a fait du chemin, des murs de l’espace public jusqu’à la patinoire. Ces rêveries, images et interrogations en tête, l’esprit est alors disposé à rester quelques minutes pour profiter d’une écoute de la pièce sonore de Robin Meier & Ali Momen : La vie des moustiques dans leur habitat aquatique.

Des souvenirs d’expériences, des lectures reviennent à la surface tandis que des échanges activent un flux de réflexions. Notre perception est ainsi stimulée, notre faculté à nous projeter dans des espace-temps également.

Une diversité de publics se rencontrent, passionnés, curieux d’art contemporain, habitants qui ont connu la patinoire en tant qu’usagers ainsi que d’autres intéressés par le patrimoine architectural redécouvert. Cette exposition s’inscrit dans une actualité de projets culturels qui naissent dans le cadre de rénovations de lieux, patrimoines contemporains. L’expérience esthétique rend agréable le quotidien, favorise le bien-être et stimule la confiance en soi. L’art et la culture renforcent la conviction et l’engagement citoyen, telle est la réflexion portée par la politique culturelle de la ville de Saint-Ouen.

Cette rencontre avec la création artistique promet une suite d’événements culturels auxquels seront conviés les audoniens ainsi que de nombreux visiteurs.

Pauline Lisowski

Vue exposition Liquide Liquide - Crédit photo © CLAD - The Farm
Vue exposition Liquide Liquide – Crédit photo © CLAD – The Farm
Vue exposition Liquide Liquide - Crédit photo © CLAD - The Farm
Vue exposition Liquide Liquide – Crédit photo © CLAD – The Farm
Vue exposition Liquide Liquide - Crédit photo © CLAD - The Farm
Vue exposition Liquide Liquide – Crédit photo © CLAD – The Farm
Vue exposition Liquide Liquide - Crédit photo © CLAD - The Farm
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Vue exposition Liquide Liquide - Crédit photo © CLAD - The Farm
Vue exposition Liquide Liquide – Crédit photo © CLAD – The Farm
Vue exposition Liquide Liquide - Crédit photo © CLAD - The Farm
Vue exposition Liquide Liquide – Crédit photo © CLAD – The Farm
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