MARIE-LUCE NADAL, (R)ÉPARER LE CIEL

MARIE-LUCE NADAL, (R)ÉPARER LE CIEL

Marie-Luce Nadal, « Faire pleurer le ciel », 2017. Photographie 120×80

EN DIRECT / Exposition « (R)éparer le ciel » de Marie-Luce Nadal

Par Manon Schaefle

Du 24 juin au 11 juillet 2020 à la galerie Faure Beaulieu

Le 10 juillet 2020 à partir de 17h30, veille de clôture de l’exposition, la galerie Faure Beaulieu / FSD35 (35, rue du Faubourg St Denis, Paris) invite le public à une visite en présence de Marie-Luce Nadal lors d’un événement exceptionnel où l’artiste et la galerie feront déguster des vins du Château Nadal Hainaut, récoltés sur sa terre natale.

Née en 1984 en Catalogne d’une famille de viticulteurs, Marie-Luce Nadal envisage l’art comme un intermédiaire pour renouer avec ses racines paysannes, point nodal d’une mythologie personnelle où savoirs traditionnels et fantasmes démiurgiques s’entremêlent. 

Artiste-chercheuse et ingénieure, ses oeuvres sont le plus souvent des machines et des protocoles d’expérimentation qui s’inscrivent dans une démarche de connaissance et de maîtrise des forces physiques avec une véritable consistance scientifique. 

Marie-Luce Nadal partage avec ses ancêtres le souci de la terre et l’inquiétude permanente quant à l’impératif de réunir les conditions pour la rendre fertile. Elle invente donc des pièces capables d’agir sur le monde ou symbolisant son rêve d’y parvenir. Extracteur de foudre portatif, Eolorium (aquarium à nuages), fusil à foudre… Dans sa pratique, art, sciences de la nature et agriculture se confondent et font émerger des objets hybrides à mi-chemin entre l’outil et d’étranges incarnations poétiques. L’artiste a poussé cette indistinction jusqu’à fabriquer son propre vin : le V(a)in des Grâces. En effet, le vin a la capacité de réunir forces telluriques et divines, le vin suscitant l’ivresse à partir d’un élément extirpé de la terre selon la mise en pratique de savoirs agricoles.

Avec Marie-Luce Nadal, il est parfois difficile de distinguer l’utile et le concret du symbolique et du transcendant, l’ensemble formant un langage total en rapport avec le travail de la terre dans lequel méta et physique ne sont pas des entités dissociables. 

L’Arbalète Madeleine – inspirée d’instruments agricoles existants – a par exemple une véritable dimension performative, capable de « faire pleurer les nuages » pour éviter que des pluies trop fortes ne s’abattent sur les récoltes, Marie-Luce Nadal octroie à cet objet ainsi qu’à elle-même un pouvoir mystique de communication avec les éléments naturels qui la fascine autant qu’elle s’en méfie. Plutôt qu’éparer – qui signifie disperser, comme lorsqu’elle récolte et capture des essences de nuages issus de différentes localités – Marie-Luce Nadal aimerait réparer la nature. Ses recherches, tout en traduisant un désir irrépressible de contrôle des phénomènes naturels, sont ainsi tournées de façon à restituer leur beauté. 

La sélection de pièces présentée au sein de l’exposition « (R)éparer le ciel » concerne plus particulièrement le travail de l’artiste sur les phénomènes météorologiques qu’elle appréhende dans un double geste de vénération et de défiance. Comme tout ceux qui cultivent la terre, Marie-Luce Nadal perçoit le ciel avec ses tempêtes, ses orages et ses dérèglements comme une puissance redoutable, tantôt alliée tantôt hostile. 

En parallèle des inventions de Marie-Luce Nadal pour dompter scientifiquement les éléments naturels, la Galerie Faure Beaulieu nous invite à découvrir son « Masque de la divinité de la brume » confectionné dans un croisement de matériaux organiques et synthétiques (coraux, carton, pompons de rideaux…), symbolisant son rapport onirique à l’environnement et où il est question d’invoquer les phénomènes naturels au lieu de les contraindre.

Progressivement, nous suivons le parcours d’une artiste qui s’invente un récit familial mythique tissé autour de la culture de la terre – activité propre aux hommes de sa famille et pour lequel elle ne cache pas son admiration. Un univers qu’elle s’approprie et détourne ensuite, injectant de la poésie au coeur d’approches hyper-rationalistes et faisant la synthèse entre savoirs scientifiques et appréhension sensible de la nature. Parée de son Masque de la divinité de la brume, Marie-Luce Nadal ne serait-elle pas tout simplement l’incarnation du dépassement des genres au sein d’un univers dominé (très certainement à tord) par des valeurs viriles ?

Manon Schaefle

Marie-Luce Nadal, V(a)in des Graces, 2016. Bouteille fabriquée en terre de vigne et bouchée avec une pierre de vigne.
Marie-Luce Nadal, V(a)in des Graces, 2016. Bouteille fabriquée en terre de vigne et bouchée avec une pierre de vigne.
Marie-Luce Nadal, V(a)in des Graces, 2016. Bouteille fabriquée en terre de vigne et bouchée avec une pierre de vigne.
Marie-Luce Nadal, V(a)in des Graces, 2016. Bouteille fabriquée en terre de vigne et bouchée avec une pierre de vigne.
Marie-Luce Nadal, AF21, 2017 (acier, aluminium, bois, miroir, fils de soutien gorge)
Marie-Luce Nadal, AF21, 2017 (acier, aluminium, bois, miroir, fils de soutien gorge)
Marie-Luce Nadal, vue de l'exposition
Marie-Luce Nadal, vue de l’exposition
Marie-Luce Nadal, Le Masque de la divinité de la Brume, 2015, Coraux, carton, colson, pompon de rideau, matériaux divers
Marie-Luce Nadal, Le Masque de la divinité de la Brume, 2015, Coraux, carton, colson, pompon de rideau, matériaux divers
Marie-Luce Nadal, Masque de la divinité de la brume, photographie
Marie-Luce Nadal, Masque de la divinité de la brume, photographie

MARIE-LUCE NADAL – BIOGRAPHIE

Née en 1984 en Catalogne
Vit et travaille entre Paris et Perpignan
Marie-Luce Nadal est diplômée de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture (ENSAM) en 2009, puis de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs (ENSAD) en 2012.
Elle complète sa formation artistique avec un PhD SACRe (Sciences, Arts, Création, Recherche) à la PSL Research University (Paris Sciences & Lettres) au sein du laboratoire PMMH de l’Ecole Supérieure de Physique et Chimie Industrielle de Paris et à l’EnsADLab (Ecole des Arts Décoratifs de Paris).

http://www.marielucenadal.com

GALERIE FAURE BEAULIEU

Deux espaces d’exposition :
Espace Vitrine-65
65, rue Notre Dame de Nazareth – 75003 Paris

Galerie S35
35, rue du Faubourg St Denis – 75010 Paris

https://www.galeriefaurebeaulieu.com