Si par parking vous comprenez jardin

Exposition de Nelson Pernisco : de la vie à l’intérieur de la galerie

Nelson Pernisco porte son attention sur les espaces en friche et y trouve des matériaux de rebut, industriels pour les transformer et construire de nouvelles structures et espaces où une vie nouvelle peut s’installer. Il a composé son exposition, à la galerie Bertrand Grimont, comme un cycle autour de trois règnes, végétal, minéral et animal. La temporalité de l’exposition l’intéresse pour créer des « enclos », des micro-mondes. Trois installations suggèrent l’interdépendance entre ces règnes et incarnent le travail du temps. L’exposition s’ouvre avec une vidéo et une photo, à la limite d’une 3D, en écho. La première a été réalisée à la suite d’une expérience de démontage, mise au feu, d’une sculpture en forme d’un bunker. Cette architecture devient autre, étrange et nous conduit à nous interroger sur la scène. L’autre œuvre fut réalisée à la suite d’une résidence à Moscou. Un parc de statues, terrain de ruines qui l’a inspiré pour y construire un piédestal en neige. Sa fonte lente hypnotise le regard du spectateur, qui prend alors conscience du processus de transformation du minéral, fragile.

Une fontaine constituée d’un moteur de voiture et d’un ensemble d’éléments récupérés va être marquée par les effets de l’eau sur le minéral. Cette œuvre se transformera au fur et à mesure du temps qui passe. Pour les choses qui restent brutes, son titre renvoie à la puissance d’un mécanisme de développement de la rouille. Sa forme géométrique fait écho à la fois à l’architecture brutaliste et à celle du diamant. Cette pièce contient une certaine force et une fragilité. Le flux de l’eau convoque le mouvement, le cycle d’une métamorphose, vers la dégradation et vers le renouveau.

Une cage composée de pièces détachées en acier accueille une communauté de rats. Ce microcosme reprend l’esthétique de la machine et interroge nos capacités à nous réadapter et à construire avec ce qu’il reste. Cette œuvre, intitulée Rat de vivre, a cette ambiguïté de convoquer tout autant la violence que le soin. Elle appelle à la possibilité d’une vie à l’intérieur d’un milieu en ruine. En regardant ces bêtes en cage, nous pouvons également prendre conscience d’un état du monde où l’animal retrouverait ses droits. Là encore se retrouve le vocabulaire de la roue, du cycle et du renouveau.

Nelson Pernisco prend également la posture du jardinier. Il a créé une structure autonome de plantation de courges qui fonctionne comme un microcosme d’interrelation entre les éléments, acier, eau, terre et lumière. L’œuvre nécessite alors d’être entretenue par l’artiste et par le galeriste. Elle amène à imaginer son devenir, sa croissance, son développement et son échappée dans l’espace. Ces légumes iront-ils jusqu’à recouvrir la structure ou rejoindre les autres œuvres ? Comment résisteront-ils à l’intérieur de la galerie ? Cette œuvre conduit à nous interroger sur la place du jardin en ville et sur le besoin de trouver de manières de produire et de cultiver pour tendre vers une autosuffisance alimentaire.

Les œuvres de Nelson Pernisco suggèrent des débordements, des enrichissements réciproques. L’artiste met en évidence la puissance de la nature, qui sous contrôle, reprend toujours le dessus. La fluidité traverse ses créations, tels des organismes vivants. Cette exposition nécessite de revenir à plusieurs reprises pour découvrir de quelle manière chaque installation, vivante, a évolué. Elle interroge sa conception et modifie nos habitudes de spectateur. D’ailleurs, certaines pièces ici présentées retourneront ensuite à l’atelier et poursuivront leur métamorphose. Celles-ci invitent à une expérience plus directe, à une proximité, qui amènent le besoin de contribuer à leur préservation.

Infos pratiques