JEAN-MARC THOMMEN, MÉMOIRES VIVES

JEAN-MARC THOMMEN, MÉMOIRES VIVES

Vue de l’exposition Mémoires vives de Jean-Marc Thommen, galerie Des jours de Lune, Metz

EN DIRECT / Exposition Mémoires vives de Jean-Marc Thommen
jusqu’au 3 mai 2022, galerie Des jours de Lune, Metz

par Pauline Lisowski

Jean-Marc Thommen transforme l’espace aux murs blancs de la galerie des Jours de Lune en un environnement aux couleurs saturées, composé d’un alphabet graphique de lignes et de formes. Son grand polyptique intitulé Mémoires Vives réveille en nous des souvenirs de sensations diverses. La toile de lin laissée nue rompt avec les couleurs des trois autres panneaux. Dessus, un geste calligraphique noir s’est répandu… Et, s’ajoute celui d’une spatule qui constituerait une dernière marque, tel un collage venant perturber la régularité des formes géométriques. Traversant les deux toiles du bas, une ligne serpentine bleue nous incite à la suivre. Elle est le témoin du déplacement de l’artiste, attentif à chaque étape de composition de son œuvre. Cet ensemble pictural s’apparente ainsi à une étendue vue d’en haut, résultat de différents cheminements, prises de recul, affirmations de gestes et affects face à son support.

Mémoires Vives condense également une longue recherche d’équilibre entre des champs colorés et des ruptures, des fragments, expression visuelle de phénomènes. Le rose et l’orange du polyptique se sont comme diffusés sur les murs de la galerie ; ces couleurs chaleureuses encadrent l’œuvre et apportent chacune leur lumière. Selon notre sensibilité, celles-ci nous captivent, nous attirent et nous invitent à les fixer plus ou moins longtemps. Puis viennent en chacun de nous des souvenirs, des mots, des sons, des odeurs.

Dans sa série Débauche d’ébauches, l’artiste joue avec toutes sortes de découpes et de superpositions de papiers. Décision, indécision, commencement, recommencement, l’esprit préparé, il travaille de façon spontanée en saisissant ce qui se présente en surface, au fur et à mesure de ses gestes. Les formes colorées nous attirent de loin, appellent au repos du regard tandis que les lignes de différentes épaisseurs affirment les traces d’un début du trajet de la main de l’artiste, un mouvement dynamique, un acte assumé. Jean-Marc Thommen associe subtilement des techniques de peinture qui semblent incompatibles. Des coupes entre des formes géométriques colorées et des tracés noirs constituent un jeu d’une infinité de combinaisons. 

Vues ensemble, ses œuvres accrochées de part et d’autre du polyptique inspirent des correspondances entre des éléments, des stratifications, des variations de textures et d’aplats colorés. Une possible énigme et l’envie de recomposer mentalement de nouvelles compositions surgissent en les observant. L’ensemble de ses peintures proposent à notre regard la possibilité d’un va-et-vient entre l’espace dense en signes et plans colorés d’une œuvre ainsi que les surfaces murales rose et orange, dont l’éclat persistera pendant quelques instants

Les peintures de Jean-Marc Thommen condensent des fragments d’éléments qui réapparaissent lorsque nous sommes disposés à une certaine méditation : elles éveillent en nous quelque chose de comparable à l’expérience esthétique que nous avons du paysage. Ainsi, dans ce temps suspendu de l’exposition, nous pouvons accueillir toutes sortes de souvenirs, d’émotions et d’impressions colorées.

Pauline Lisowski, 2022

Vue de l'exposition Mémoires vives de Jean-Marc Thommen, galerie Des jours de Lune, Metz
Vue de l’exposition Mémoires vives de Jean-Marc Thommen, galerie Des jours de Lune, Metz
Vue de l'exposition Mémoires vives de Jean-Marc Thommen, galerie Des jours de Lune, Metz
Vue de l’exposition Mémoires vives de Jean-Marc Thommen, galerie Des jours de Lune, Metz