MARCELLA BARCELÓ

MARCELLA BARCELÓ

Marcella Barceló, Waiting, waisting, 2019. Huile et acrylique sur toile (détail triptyque, 600×200 cm)
Crédit photo Grégory copitet ©Marcella Barceló

PORTRAIT D’ARTISTE / Marcella Barceló

Une sirène entre art et poésie

par Ilaria Greta De Santis

Enveloppés dans des ondes de pigments aux couleurs éclatantes, étourdis de poésie, charmés par la maîtrise des pouvoirs de l’art dont fait preuve Macella Barceló. Apparaît dans l’océan de la création artistique une Jenny Haniver, sirène ou fantoche issu de la carcasse d’un poisson mutilé; diable, ange et dragon ou imposture de marin.

Avançant entre antithèses et paradoxes, la jeune artiste espagnole, dénoyaute les fruits de la réalité, leur aspect rassurant et juteux cache le goût amer d’un poison qui empâte la langue et sèche les lèvres. Des paysages aux teintes riches et magnétiques, fleuris, volcaniques, bordés d’arbres ou d’immeubles, de cygnes ou de lits; abritant des personnages adolescents souvent féminins. Des détails interpellent le spectateur extasié par l’éclatante beauté de l’ensemble, et le ramènent, enivré, à la réalité. Un personnage à qui manque une chaussette, une fille en compagnie d’un crâne humain et d’un serpent, les yeux de deux figures qui s’allument comme ceux d’un loup parmi les arbres d’une forêt. L’honnête franchise avec laquelle ces sujets se dissimulent a pour objectif de faire apparaître l’immense farce d’une réalité qui n’est pas telle mais juste une construction.

Une démarche tributaire de la réappropriation, entre autres, de ce que l’artiste appelle le « Dark Kitsch » soit des histoires effrayantes réarrangées à la sauce pop et dont le mauvais goût est assumé ; mais aussi des modèles culturels japonais tels que le Yami Kawaii associant des tons pastel au mal-être et aux troubles psychiques, et le Hentai désignant en Occident les mangas et animés érotiques mettant en scène des filles caricaturées mais dont le mot signifie également « transformation ». La métamorphose des formes c’est justement ce qui intéresse tout particulièrement Marcella Barceló, qui n’astreint pas ce processus mais laisse au contraire la transformation s’opérer librement.

Le « droit de se contredire » déclamé par Baudelaire, comme « droit de s’en aller » d’un soi-même que l’on ne reconnaît plus, est ici fortement promu. La volonté de ne pas être contraint à la cohérence exigée permet d’être insaisissables, de pirouetter là où l’on impose de marcher droit. Se balader au gré de l’imagination sans se soucier des codes préétablis, c’est une approche souvent contestée mais extrêmement fascinante qui amène, tout compte fait, à devenir un artiste singulier et intemporel.

Dénoué de tout lien, le travail de Marcella Barceló nous amène vers un sublime, nouveau, « mauvais genre ». 

Ilaria Greta De Santis

MARCELLA BARCELÓ – BIOGRAPHIE
Marcella Barceló est née en 1992 à Palma de Majorque (Espagne).
Elle vit et travaille à Paris.
https://www.instagram.com/jenny_haniver_/

Marcella Barceló, the dawn- 2020, acrylique sur toile, 100x80 cm  Crédit photo Grégory copitet ©Marcella Barceló
Marcella Barceló, the dawn– 2020, acrylique sur toile, 100×80 cm
Crédit photo Grégory copitet ©Marcella Barceló
Marcella Barceló, sick sick sick again- 2019, acrylique sur toile,100x87cm ©Marcella Barceló
Marcella Barceló, sick sick sick again– 2019, acrylique sur toile,100x87cm ©Marcella Barceló
Marcella Barceló, Blue Egg, acrylique sur toile, 2020, 185x130cm Crédit photo Grégory copitet ©Marcella Barceló
Marcella Barceló, Blue Egg, acrylique sur toile, 2020, 185x130cm
Crédit photo Grégory copitet ©Marcella Barceló