C’ÉTAIT BIEN MIEUX APRÈS – LES BELLES DIVAGATIONS DE PLONK & REPLONK – BÉBERT

C’ÉTAIT BIEN MIEUX APRÈS – LES BELLES DIVAGATIONS DE PLONK & REPLONK – BÉBERT

© Plonk & Replonk-Bébert

EN DIRECT / Exposition C’était mieux après – Les belles divagations de Plonk & Replonk – Bébert, une exposition en plein air au fil de 40 clichés1 jusqu’à fin décembre 2025, Parc de la Torma, Monthey (CH)

Curatrice Julia Hountou

L’ancien cimetière de la Torma, lieu de recueillement pourvu d’un charme suranné, constitue un espace de mémoire. De cet endroit hors du temps, le regard plonge sur toute la ville. C’est peut-être, avec le parc de Malévoz tout proche, un des lieux les plus extraordinaires et reposants de Monthey.

De concert avec le dicastère Travaux publics et Environnement, le service culturel a proposé une idée originale : faire du cimetière de la Torma un lieu d’exposition. Quelques tombes ont été conservées selon des critères esthétiques et historiques.

Après avoir convié la talentueuse photographe zürichoise Brigitte Lustenberger dont les sublimes images résonnent subtilement avec l’histoire singulière du lieu, nous avons choisi d’inviter Plonk & Replonk-Bébert pour son regard loufoque et décalé.

Quarante images souvent anciennes, détournées et commentées de façon cocasse accompagnent notre cheminement au sein de ce paisible parc.

Julia Hountou, curatrice de l’exposition

1 Le dispositif d’exposition équivaut à des bâches imprimées recto-verso. Format : 225 x 195 cm. avec ourlets et œillets sur le pourtour. Il y a 20 bâches recto-verso, ce qui équivaut à 40 visuels.

Mesdames et Messieurs,

Préparez-vous à embarquer pour un « voyage » visuel hilarant à travers l’univers pince-sans-rire d’Hubert Froidevaux alias Plonk & Replonk-Bébert1 ! Maître du maniement de l’absurdité, il a fait des plaisanteries décalées sa spécialité. Ses élucubrations farfelues – en apparence seulement – ne cessent de nous amuser, voire nous faire « nous plier de rire ».

Si son don pour mélanger réel et imaginaire avec une dose de non-sens le rend unique, son imagination sans limites nous entraîne dans des situations aussi loufoques qu’improbables.

Dès le premier regard, l’artiste nous plonge dans son univers déjanté où règne la fantaisie. Son esprit bouillonnant d’idées saugrenues nous invite, à travers des satires déconcertantes, à remettre en question notre perception du monde ainsi que les normes établies, et à appréhender les choses sous un angle inédit en embrassant une joyeuse et bienfaisante folie.

Alors, préparez-vous à rire aux éclats de ses blagues désopilantes et à vous émerveiller devant sa créativité débordante2.

Dans le cadre de l’exposition au parc de la Torma, nos choix se sont portés sur des sujets en résonance avec les spécificités de la région valaisanne et les problématiques sociétales actuelles. Parmi ces thèmes figurent l’agrotourisme, le réchauffement climatique, les défis posés par la Covid-19 et autres agents pathogènes, les enjeux des barrages valaisans, le football – à l’occasion de la coupe du monde au Qatar -, la réforme des retraites ainsi que la guerre en Ukraine. Une approche farfelue qui témoigne du souci de refléter avec pertinence et acuité les préoccupations contemporaines à travers le regard singulier de ce trublion !

Plonk et Replonk-Bébert se plaît notamment à explorer les multiples facettes de l’identité suisse et valaisanne. En puisant dans des thèmes emblématiques tels que les légendaires chemins de fer helvétiques, les vacances estivales ou hivernales à la montagne, le « ski extrême en haute altitude », la lutte à la culotte, la chasse ainsi que les rumeurs, commérages et marchandages qui font partie intégrante du tissu social, Plonk et Replonk-Bébert dépeint un « tableau » saisissant de la société suisse aujourd’hui.

Loin de se limiter à ces sujets représentatifs, il pose son regard acéré sur d’autres aspects de la culture helvétique, comme « l’apparition du premier vélo électrique », l’épineuse question de l’énergie nucléaire ou encore la tradition bien ancrée des chorales et des fanfares. Il offre ainsi une vision souvent satirique de la complexité et de la diversité de la Suisse et du Valais, dévoilant les multiples strates qui les composent pour révéler toute leur richesse, entre traditions séculaires et dynamisme contemporain.

En fin de compte, c’est bien mieux qu’avant !

Telle une déclaration qui joue sur l’absurdité et le cocasse, le titre « C’était bien mieux après – Les belles divagations de Plonk & Replonk-Bébert » suscite notre curiosité. Si « c’était bien mieux avant » exprime la nostalgie d’époques révolues, l’utilisation de l’adverbe « après » opère un renversement à la fois comique et déroutant de cette affirmation si familière. Cette combinaison intrigante de regret, de critique implicite et d’humour interroge sur un mode fantaisiste notre perception du temps, de l’évolution de la société, de même que notre rapport à l’histoire et au progrès.

« Les belles divagations de Plonk & Replonk-Bébert » suggèrent quant à elles des images mentales magnifiquement errantes et fantasques, une liberté d’esprit propre à nous perdre délibérément dans un monde de rêveries, sans nous soucier des contraintes de la réalité. Généralement associées à un égarement ou à une confusion mentale, les divagations peuvent également évoquer l’idée d’une pensée divergente qui défierait normes et attentes sociales. Un joyeux programme en perspective !

Vieillot c’est beau ! Ou l’art d’apprécier une esthétique désuète avec style et humour

L’esthétique de Plonk et Replonk-Bébert se caractérise par l’utilisation d’images anciennes réactualisées au goût du jour, dont il résulte un contraste entre le passé et le présent, voire le futur. Son approche visuelle nous incite à nous questionner sur le monde dans lequel nous vivons. Son style désuet « dépoussiéré » met en avant un effet de répétition immémorial ; ses créations montrent en effet que l’histoire se reproduit selon différentes modalités et soulignent ainsi la notion de cyclicité présente dans la nature humaine et au sein des sociétés.

Plongée dans le passé : de l’humour d’hier à l’hilarité d’aujourd’hui

Plonk et Replonk-Bébert est connu pour son amour des cartes postales anciennes et sa capacité à les revisiter avec une note surannée toute personnelle. Son œuvre recèle un mélange de drôlerie, d’absurdité et de nostalgie qui lui confère un style unique et captivant. Avec une maîtrise parfaite du langage, il assortit ses créations de légendes pleines d’humour et de dérision, ajoutant ainsi une dimension narrative à ses images. Ses trouvailles, souvent mâtinées de vieux dictons, rappellent les expressions populaires d’une autre époque, détournées ici de manière créative et inattendue.

L’autodérision ou l’art de rire de soi-même et avancer sans se prendre trop au sérieux !

Avec son humour singulier, ce maître de la satire sait comment mettre en lumière nos travers, nos incohérences, nos mesquineries et notre bêtise avec une légèreté déconcertante. Maniant l’ironie et la dérision avec brio, il fait de nos défauts matière à rire sans jamais perdre son esprit bon enfant.

Ainsi, l’artiste raille avec malice les paradoxes de la société et pointe du doigt nos comportements contradictoires, nous faisant rire de nos propres absurdités. Il nous rappelle que nous en sommes souvent les artisans, lorsqu’il tourne en dérision nos choix et nos actions parfois insensés. Sans porter de jugement sur nos attitudes, il nous invite à en rire avec lui, à prendre du recul sur nous-mêmes, et nous montre que l’autodérision est une « arme » puissante pour dédramatiser nos erreurs et avancer avec plus d’insouciance et de bienveillance.

Julia Hountou3, Docteure en Histoire de l’Art et curatrice de l’exposition

1 www.bebert-plonkreplonk.com
2 Il puise son inspiration dans une variété de sources hétéroclites, notamment des artistes, des humoristes, des écrivains et des musiciens tels qu’Erik Satie, Alphonse Allais, Glen Baxter, Gary Larson, Charlie Hebdo, Gotlib, Pierre Dac, Pierre Desproges, Tex Avery ou les Monty Python.
3 www.juliahountou.com

© Plonk & Replonk-Bébert
© Plonk & Replonk-Bébert
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© Plonk & Replonk-Bébert
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