JAN VYTISKA, THE RITUAL OF CURSED HEARTS

JAN VYTISKA, THE RITUAL OF CURSED HEARTS

EN DIRECT / Exposition The Ritual of Cursed Hearts de Jan Vytiska jusqu’au 10 septembre 2023, centre culturel DOX, Prague 

Par Anna Remuzon

Formé à l’Université des beaux-arts et de musique d’Ostrava, l’artiste tchèque Jan Vytiska vit et travaille à Prague où il expose actuellement au centre culturel DOX une sélection d’œuvres réalisées ces trois dernières années. Né en 1985, peintre mais aussi membre du groupe de musique Body of Pain, il fait partie de cette génération insolemment audacieuse qui mêle tradition et révolution (des formes et des idées).

L’exposition intitulée “The Ritual of Cursed Hearts” (ou le rituel des cœurs maudits), sous le commissariat d’Otto R. Urban, opère un véritable cycle narratif… une forme d’épopée fantastique. On retrouve d’ailleurs un lien sensible entre la peinture, la littérature et la musique dans la manière dont les œuvres et la succession des salles rythment l’expérience du spectateur… comme un flot ininterrompu et symphonique. On se sent porté par la cohérence et une certaine dramaturgie. 

Vue exposition The Ritual of Cursed Hearts de Jan Vytiska, centre culturel DOX, Prague
Vue exposition The Ritual of Cursed Hearts de Jan Vytiska, centre culturel DOX, Prague

Le récit se veut à la fois chronologique et immersif. L’exposition est d’ailleurs ponctuée de citations d’auteurs tels que Baudelaire, Poe… autant d’influences pour l’artiste qui accompagne souvent son processus créatif de podcasts littéraires. Entre rupture et continuité, chaque salle place le visiteur dans une ambiance différente et ascensionnelle puisque l’espace s’ouvre de plus en plus…de l’intérieur vers l’extérieur… porté par le souffle du vent jusqu’au sommet. Il y a quelque chose de vital et de philosophique dans ce développement… cet envol lyrique. Toute la justesse de l’exposition repose justement sur la fluidité du mouvement et la capacité de donner un sens collectif à des œuvres individuelles… une plus grande histoire à vivre et raconter. 

Jan Vytiska, Diables nostalgiques, 200 x 195 cm, Huile sur toile, 2020
Jan Vytiska, Diables nostalgiques, 200 x 195 cm, Huile sur toile, 2020

Folklore, occultisme, ésotérisme, mythes et réalités se confondent dans l’œuvre de Jan Vytiska… tout comme la vie et la mort entretiennent un dialogue permanent mais sans rivalité… une vanité à plusieurs voix. L’artiste s’appuie sur de nombreux symboles qu’il recontextualise et réenchante comme pour lever la malédiction. 

Il propose également une vision originale et universelle du folklore puisqu’il relie les cultures comme un trait d’union esthétique et humain… de l’Europe centrale au Mexique en passant par la mythologie nordique. Il joue sur les croyances, les mythes, les rituels et la science, pour souligner les rapports de force qu’entretient l’homme avec son environnement… et finalement avec lui-même. Sur les vestiges du passé et de l’histoire, il réinvente un paganisme… un culte contemporain. 

Jan Vytiska, Message incertain sur la fin du monde, 150 * 195 cm, Huile sur toile, 2020
Jan Vytiska, Message incertain sur la fin du monde, 150 * 195 cm, Huile sur toile, 2020

La figure féminine occupe également une place de choix dans son œuvre puisqu’elle y incarne un paradoxe. Sa présence est récurrente… comme une protagoniste de conte à la blondeur angélique. Elle apparaît parfois innocente et sacrificielle (surtout en présence d’agneaux) face au monstre (aux visages multiples) ; mais c’est aussi souvent elle qui s’impose comme une figure héroïque et combattante… victorieuse du mal. Elle agit avec détermination comme une lumière face aux ténèbres.

Jan Vytiska, La fille qui a volé les ténèbres
Jan Vytiska, La fille qui a volé les ténèbres

Lorsque Jan Vytiska évoque la mort, par la présence de squelettes ou de démembrements, il n’en résulte jamais une impression glauque ou morbide. Elle est toujours le territoire d’une renaissance… qu’il s’agisse d’une végétation florale ou luxuriante, d’asticots frémissants ou de papillons virevoltants. C’est une nature morte.. vivante… un jardin d’Eden ou le serpent n’est jamais loin mais où s’exprime une forme de réconciliation. La mère-nature est souffrante et menaçante, tandis que le paysage s’ouvre comme le regard de l’homme sur la beauté du monde. Au-delà de toutes croyances, c’est une prise de conscience… un nouvel horizon plein de promesses.

Jan Vytiska, Mort mais plein de vie, 120 * 180 cm, Huile sur toile, 2021
Jan Vytiska, Mort mais plein de vie, 120 * 180 cm, Huile sur toile, 2021

Plus d’infos : 
https://www.dox.cz/en/whats-on/the-ritual-of-cursed-hearts
https://www.instagram.com/jan_vytiska/?hl=fr
https://janvytiska.art