JEAN-DAVID MALAT, ENTRETIEN
EN DIRECT / Exposition Georg Óskar, Good Night Moon, jusqu’au 02 mars 2024, à JD Malat Gallery, Londres
C’est au cœur du Mayfair de Londres que Anna Remuzon retrouve Jean-David Malat pour un entretien à l’occasion de la nouvelle exposition de l’artiste islandais Georg Óskar.
Comprendre un lieu, une exposition… c’est aussi s’intéresser à son contexte…à la rencontre entre l’artiste et la galerie. Dans ce domaine, Jean-David Malat fait figure d’aventurier tant dans son parcours que dans sa programmation. De Paris à Londres en passant par Los Angeles… du théâtre à la mode en passant par la porcelaine de Limoges version American Dream… Il s’invente et se réinvente avec un sens aigu de la découverte… une quête de nouveaux challenges et de nouveaux horizons. Plusieurs vies en une ? C’est plutôt une vie aux visages multiples puisque chaque expérience s’est nourrie des précédentes et a contribué à forger l’identité de la galerie que l’on connaît aujourd’hui. Un français à l’étranger suscite toujours une forme d’imaginaire… d’exotisme singulier dans une Londres cosmopolite et en mouvement perpétuel… tout devient possible et stimulant… surtout lorsqu’il est question d’art. En 2018, après avoir goûté plusieurs années au monde de l’art, Jean-David Malat ouvre les portes de la galerie éponyme sur la Davies Street… un espace d’expression sur deux niveaux… une forme de théâtre… entre scène et coulisses. Pour autant, il ne s’agit pas d’un lieu unique de “représentations” puisque la galerie est présente à l’international que ce soit via des pop-ups, des foires ou des expositions institutionnelles. Cette diversité se traduit aussi dans la sélection des artistes présentés… une ouverture sur le monde et un dialogue entre le figuratif et l’abstrait… une sélection à la fois puissante et hors des sentiers battus. Le visiteur est à la fois en terrain connu et inconnu… une forme de voyage fait d’heureux hasards et de belles rencontres. Henrik Uldalen, Santiago Parra, Natalia Ocerin, Kojo Marfo, Conrad Jon Godly, Georgia Dymock… pour ne citer qu’eux… font partie de ce spectacle artistique… de cette aventure en grands formats !
Actuellement, la galerie présente une exposition de Georg Óskar Giannakoudakis intitulée “Good Night Moon”. Derrière ce titre qui sonne comme une douce invitation au sommeil et au rêve, on retrouve l’expression de la parentalité et d’une forme de rituel du soir et de la nuit… du réveil inopiné. Cette thématique nouvelle fait suite à la naissance de sa fille… avec un regain de couleurs et un parfum d’enfance. L’artiste n’adopte pas pourtant une vision idéaliste, naïve ou attendue. Il explore la part de lumière et d’ombre… en faisant cohabiter la joie et l’insomnie, le calme et la tempête, l’humour et l’ironie… jusque dans les titres ou dans le lettrage à la surface de la toile (“Pajamas All Day”, “Surviving Fatherhood”, “Morning coffee”…). Alors que le TADH introduit désormais l’abcdaire… la paternité prend les traits d’un nouveau super héros. On croise aussi des figures de cartoon familières comme Mickey ou Donald dont la physionomie est altérée… questionnant la frontière du rêve et du cauchemar. C’est d’autant plus marquant que leur innocence colorée entre en contradiction avec les phrases virulentes qui s’invitent au premier plan à la manière d’un graffiti…. comme une crise de nerfs pop acidulée.
Les grands formats se succèdent comme des vignettes de bandes dessinées… jouant parfois sur le diptyque pour prolonger, étendre, le propos, la narration. Le geste est vif et les larges compositions à l’huile apparaissent très dessinées dans un mélange d’introspection et d’autodérision. On retrouve ici la théâtralité de l’exposition. En faisant le choix d’accrocher une œuvre au fond de la galerie, au bout de la perspective, sur un mur tapissé de reproductions de croquis et d’esquisses, l’artiste a joué le jeu de l’immersion dans cet espace. Le spectateur découvre les coulisses de l’œuvre et le travail préparatoire mais aussi la continuité entre l’atelier et la galerie… Une intimité se crée avec le spectateur, d’autant plus que l’artiste se met directement, ou indirectement, en scène dans son œuvre. Il se livre à travers des portraits et des autoportraits. Il se met à nu dans son corps, sa vie et ses sentiments…. de la joie à la fatigue, de la naissance à la peur… un condensé d’existence paradoxale et universelle !
Plus d’informations :
https://www.instagram.com/jdmalatgallery/
https://www.instagram.com/georg_oskar/
https://georgoskar.com/